Amis

dimanche 30 novembre 2025

L’Avent en Corée, une tradition chrétienne qui a su trouver sa place festive

L’avent débute aujourd’hui. Les grandes villes coréennes comme Séoul et Busan abritent des marchés animés où vous pouvez trouver de tout, de l’artisanat artisanal aux délicieuses friandises de saison. Le marché de Noël de Séoul, qui se tient au cœur de la ville, est une visite incontournable. On peut siroter un chocolat chaud tout en parcourant les étals remplis de cadeaux uniques et de décorations festives. On ne doit pas manquer de goûter aux châtaignes grillées et aux hotteok (crêpes sucrées) en vous promenant dans le marché. Celui de Busan, offre une vue imprenable sur l’océan, ainsi que des spectacles et des divertissements qui rendent l’expérience encore plus magique. Comme en France, il y a un marché de Noël à Séoul dans le quartier français plus précisément dans les parcs de Yeouido et Ginkgo. La plupart des stands proposent des produits «made in France» comme le fameux vin chaud, saumon fumé, charcuteries, chocolats, pâtisseries…, ainsi que des idées cadeaux originales et artisanales. Il y a aussi des jeux, des tombolas et bien évidemment le Père Noël ! Un certain nombre de marchés de Noël sont déjà implantés depuis plusieurs années dans les grands centres commerciaux et dans l'espace public de Séoul parmi les plus connus comme le marché de Noël du lycée international Xavier, le The Hyundai's H village à Yeouido, un marché à l’ambiance européenne dont il faut un ticket pour y accéder, et le Square Market à Gwanghwamun à l'accès gratuit qui propose nourriture et petits stands divers et variés. 


On peut aussi profiter des nombreuses patinoires temporaires installées dans la capitale, comme celles du Seoul Plaza Ice Skating Rink. Le patinage sur glace est une activité très populaire pendant l'hiver en Corée, et les installations sont souvent décorées de guirlandes lumineuses, créant une ambiance magique. Pour les amateurs de sensations fortes, les parcs d'attractions tels que Lotte World et Everland offrent des événements spéciaux pour Noël. Ces lieux emblématiques se transforment en véritables univers de Noël, avec des spectacles en plein air, des attractions festives et des décorations magnifiques qui raviront petits et grands. Les visiteurs peuvent également profiter des parades de Noël, avec des personnages féeriques et des danseurs, ajoutant encore plus de magie à l’atmosphère. Les Sud-Coréens ont aussi l'habitude d'assister à des pièces de théâtre à l'occasion de Noël pour vivre la magie de la saison. On peut se laisser surprendre par ces productions qui, année après année, font revivre certains des contes classiques de la littérature mondiale. L'une des pièces les plus populaires que vous pourrez voir à Séoul est Casse-Noisette. Il s'agit d'une adaptation du conte de fées de l'écrivain russe Ernst Theodor Hoffmann, interprétée par le Ballet national coréen. Pour assister à ces spectacles, vous devez vous rendre dans les principaux théâtres de la ville.

 

En Corée, la coutume d'installer un sapin de Noël aurait été introduite par des missionnaires protestants américains à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Celle du calendrier de l’avent est plutôt récente. À l'approche de l'hiver, le mot «calendrier de l'Avent» enflamme les réseaux sociaux en Corée. Il s'agit d'un produit qui consiste à perforer 24 cases dans une boîte en carton et à en ouvrir une par jour, du 1er décembre à la veille de Noël. Ces boîtes renferment une grande variété de produits, allant des parfums de luxe aux chocolats, en passant par les puzzles et même les Legos. Autrefois consommés uniquement à l'étranger, notamment en Europe, les calendriers de l'Avent sont récemment devenus une nouvelle tradition de Noël en Corée. Les jeunes sont particulièrement curieux de savoir quelles marques proposent des calendriers de l'Avent, quels thèmes ils abordent et avec qui ils collaborent. C'est pourquoi les grandes marques de luxe internationales comme Hermès, Chanel et Dior, ainsi que les enseignes physiques telles que Daiso et les supérettes, rivalisent d'ingéniosité pour proposer leurs propres calendriers de l'Avent. Quant à la tradition de la couronne de l'Avent qui est profondément ancrée dans la culture chrétienne depuis que le pasteur protestant allemand Johann Hinrich Wichern a allumé la première bougie à Lauehaus (un orphelinat), elle est peu connue en Corée. C’est l’Église méthodiste en Corée qui a réactivée cette tradition en 2008 pour dans le but de promouvoir le partage, la modération, la joie et la paix.

 

Les églises coréennes, tout comme les autres lieux de culte, se parent de décorations lumineuses et de crèches, l'autel est aussi orné d'une couronne et de bougies, créant une atmosphère chaleureuse et spirituelle pendant la période des fêtes. Chez les catholiques coréens, durant l'Avent, afin de souligner l'importance du repentir, les ornements fastueux autour de l'autel sont évités, et le Gloria n'est pas chanté. Les instruments, y compris l'orgue, sont réservés à l'accompagnement des hymnes et ne sont pas utilisés en soliste. Les prêtres portent des vêtements liturgiques violets, symbole de repentir et d'expiation. Les bougies de l'Avent sont disposées sur un sapin d'avril, quatre bougies étant ajoutées chaque semaine pour annoncer la naissance imminente du Sauveur. Le sapin symbolise la vie nouvelle qui sera offerte à l'humanité, et les quatre bougies représentent les quatre mille ans de l'Ancien Testament. Le temps de l'Avent met particulièrement en lumière le lien entre la Vierge Marie et le mystère du salut. Marie est le modèle pour tous les chrétiens qui se préparent à recevoir le Sauveur. C'est pourquoi l'Église reconnaît la fête de l'Immaculée Conception, célébrée pendant l'Avent, comme une fête qui incarne une partie du mystère du salut. En Corée du Sud, durant les célébrations de Noël, les paroisses locales insistent souvent sur les questions sociales et environnementales. Ainsi, en 2022, l’archidiocèse de Séoul a installé un sapin de Noël en utilisant des branches et des bûches calcinées après un incendie de forêt survenu à Gangwon-do, une province autonome spéciale de Corée du Sud. L’objectif était d’alerter sur la crise climatique, alors que plusieurs régions d’Asie sont particulièrement exposées. En 2023, plusieurs paroisses catholiques de Séoul, la capitale sud-coréenne, ont imaginé des crèches de Noël uniques, sur fond de scènes de guerre ou de manuscrits bibliques rédigés à la main, afin de sensibiliser sur des thèmes comme la souffrance et la charité durant les temps de l’Avent et de Noël.

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : https://adextra-mission.com/a-seoul-une-paroisse-coreenne-realise-une-creche-de-noel-sur-le-theme-guerre-et-paix-vie-et-mort/, https://www.hankyung.com/article/2022122370357, https://jejuskin.fr/blogs/infos/decorations-et-traditions-de-noel-en-coree-plongez-dans-lesprit-festif, https://lepetitjournal.com/seoul/seoul-les-marches-de-noel-visiter-pour-profiter-des-fetes-de-fin-dannee-373463, https://magazine.hankyung.com/business/article/202511120387b, https://routedelacoree.com/2023/08/31/noel-en-coree/, https://france3-regions.franceinfo.fr/grand-est/bas-rhin/strasbourg-0/marche-noel-strasbourg-s-exporte-seoul-1379705.html, https://www.agoda.com/fr-fr/travel-guides/south-korea/discover-christmas-in-south-korea-tradition-meets-trend/, https://www.catholictimes.org/article/201208140250423, https://www.hellotickets.fr/coree-du-sud/seoul/seoul-a-noel/sc-177-4806, et https://www.igoodnews.net/news/articleView.html?idxno=36854

 

Aujourd’hui on célèbre aussi la Saint André, c’est une Mémoire «obligatoire» en Corée. Elle n’est pas un jour férié comme en Écosse, et elle n’a pas de traditions comme en Europe centrale et orientale, notamment en Roumanie, en Russie, en Autriche, en Allemagne et en Pologne, où c'est le jour où les jeunes femmes célibataires consultent l'astrologie pour connaître leur avenir matrimonial. Comme l'Église commence la nouvelle année avec l'Avent, la fête de saint André l'Apôtre est aussi la première des fêtes des saints de l'année. Elle vise peut-être à nous rappeler que la mission de l'Église, son service et son accueil doivent être au cœur de sa vie. Ce jour là lors des messes, on félicite et bénit tous ceux qui portent le nom de baptême André, on demande également aux fidèles de suivre avec joie le chemin de l'apôtre André, qui a répondu à l'appel du Seigneur. Les messes pour les défunts, à l'exception des messes de funérailles, sont interdites. On met en avant la liturgie des Heures de la fête.

 

L'ancien martyrologe romain, pour le 30 novembre, reprend la légende selon laquelle que saint André, l'apôtre qui prêcha l'Évangile en Thrace (région du sud-est de la péninsule balkanique) et en Scythie, sur les rives occidentales de la mer Noire, fut martyrisé à Patras, en Achaïe, suite à l’arrestation par le gouverneur Égée, où il fut emprisonné, sévèrement flagellé et crucifié. Elles proviennent de récits tardifs de deux ou quatre siècles après sa mort comme celui d’Eusèbe de Césarée, qui dans son Histoire ecclésiastique 3.1 (IVe siècle), cite Origène (185 –253) qui rapporte qu'André prêcha en Scythie, et selon Hippolyte de Rome au IIIe siècle, André prêcha en Thrace, et sa présence à Byzance est mentionnée dans les Actes apocryphes d'André du IVe siècle, mais ces récits servaient à obtenir un patron glorieux pour les Église de tradition grecque en Occident et ne sont pas à prendre pour argent comptant. Le Martyrologe romain, révisé et publié en 2001 puis complété en 2004, mentionne saint André, pêcheur de Bethsaïde et frère de Simon Pierre, comme le premier disciple de saint Jean-Baptiste à répondre à l'appel de Jésus sur les rives du Jourdain, à y demeurer et à amener son frère Pierre à Jésus. Avec Philippe, il contribue à la multiplication des pains et présente «quelques Grecs» à Jésus. Il est toujours présent dans les listes d’apôtres. Il est proche de Jean et de Philippe. Son portrait est celui d’un familier de Jésus, du frère de Pierre, un adhérent vibrant au mystère du messianisme de Jésus. Dans l'évangile selon Marc, on entend André demander à Jésus, avec Pierre, Jacques et Jean quand arrivera la destruction du Temple. Il abandonna Jésus à son sort pendant son arrestation, et de retour en Galilée vit Jésus ressuscité. Avec les 12, il gérait la communauté naissante et participa à la Pentecôte, où la celle-ci connut son premier succès dans la prédication. Après la stabilisation de la communauté chrétienne entre 33 et 39, il se rendit selon les récits hagiographiques qui s’amplifièrent au Moyen-âge en Achaïe, en Grèce, pour y prêcher l'Évangile et fut crucifié à Patras vers 60, où il subit le martyre. Il est également reconnu comme le saint patron suprême de l'Église de Constantinople. En réalité, la dispersion des apôtres commença à partir des années 36 pour contrer les Hellénistes, puis à partir de 45-49 Paul de Tarse, ce qui peut expliquer sa présence en Asie mineure, mais il est peu probable qu’il soit allé en Grèce et il fut sans doute présent au concile de Jérusalem entre 49 et 51. Sa mort, il la trouva sans doute soit en Galilée ou en Judée lors de la guerre judéo-romaine (66-70), soit tué par les zélotes, soit crucifié par les Romains. Le culte de cet apôtre connut son apogée au XVe siècle.

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Charlotte Denoël, Saint André : culte et iconographie en France, Ve-XVe siècles, Ecole des chartes, 2004, Marc Agostino, Saint-André, une cathédrale et son apôtre, dans la Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde 25, 2019, pp. 21-27, https://www.boston-catholic-journal.com/roman-martrylogy-in-english/roman-martyrology-november-in-english.htm#November_30th, https://www.boston-catholic-journal.com/2004-roman-martyrology-complete-in-english/roman-martyrology-2004-in-english-complete-november.htm#D30, https://home.catholic.or.kr/pdsm/bbs_view.asp?num=871&id=194436&Page=44&menu=4828, https://home.catholic.or.kr/pdsm/bbs_view.asp?num=392&id=199882&Page=20&menu=4828, https://maria.catholic.or.kr/mobile/sa_ho/board/board_view.asp?intLINEPERPAGE=5&menugubun=saint&ctxtOrgNum=&ctxtOtherMenu=&ctxtOtherID=&ctxtSubMenu=pds&infogubun=info&orggubun=101&bbsgubun=pds&infoid=1583&bbscount=10&maingroup=&gubun=&seq=&group_id=&sub_id=&page=1&id=45652&table=gnattboard&user_auth=&RecHostcle=&getID=&getSeq=&Mode=&keyfield=&key=&ctxtHigh=&ctxtLow=, https://maria.catholic.or.kr/mobile/sa_ho/list/view.asp?menugubun=saint&ctxtSaintId=1583, https://maria.catholic.or.kr/sungga/bbs/bbs_view.asp?id=166430&ref=460&menu=4828, et http://viamedia.or.kr/2014/12/01/2179

 

Merci et bon début de l’Avent !

samedi 29 novembre 2025

La 34e semaine de la Sainte Vierge Marie et la Saint Saturnin, l’Église coréenne qui se dirige vers l’Avent

Le Samedi 29 novembre est le samedi de la 34e semaine du Temps Ordinaire, ou de la Sainte Vierge Marie, durant lequel a lieu le matin, une messe du samedi ou messe commémorative, pendant laquelle a lieu la liturgie des Heures du samedi. Le Temps Ordinaire se termine juste avant les Vêpres du dimanche. À la messe du soir : Toutes les autres messes, y compris les messes de funérailles, sont interdites. Les samedis du temps ordinaire où il n'y a pas de mémoire obligatoire, une mémoire facultative de la Bienheureuse Vierge Marie est autorisée comme c’est le cas en Corée. Cette commémoration remonte à l'époque carolingienne (IXe siècle), mais les raisons du choix du samedi pour sa célébration demeurent inconnues. Cette commémoration met aujourd'hui à juste titre l'accent sur certaines valeurs auxquelles la spiritualité contemporaine est plus sensible. Elle commémore l'exemple maternel et le dévouement de la Vierge Marie qui, fortifiée par la foi et l'espérance, en ce «grand samedi» où le Seigneur reposait dans le tombeau, fut la seule parmi les disciples à veiller dans l'attente de sa résurrection. Elle préfigure et introduit la célébration du dimanche, mémorial hebdomadaire de la Résurrection du Christ. Elle témoigne de la présence et de l'action constante de la Vierge Marie dans la vie de l'Église.

 

Ce jour on fête aussi la saint Saturnin. C’est une mémoire «officielle» en Corée. Mais, il n’y a pas comme à Toulouse, les 28 et 29 novembre un temps fort de mémoire et de tradition, autour de la figure de Saint Saturnin, le premier évêque de Toulouse, et où les célébrations sont marquées par la musique grégorienne, les processions et l’ouverture du Tombeau, offrant à chacun un moment de recueillement et de contemplation. Le Martyrologe romain antique rapporte que, sous le règne de l'empereur Dèce, dont l'édit imposait à tous les habitants de l'Empire de sacrifier selon la tradition, Saturnin fut emprisonné vers 250 par des païens dans le plus haut édifice de la ville, puis précipité dans le rez-de-chaussée. Sa tête fut fracassée, son corps mutilé, et il offrit son âme au Seigneur. Au milieu du IIIe siècle, le christianisme est suffisamment implanté à Toulouse pour que la communauté chrétienne ait à sa tête un évêque. Le nom de celui-ci, quoique fort courant à l’époque, peut indiquer une origine africaine. Selon la Passio Sancti Saturnini, rédigée au début du Ve siècle, le saint n’est pas mort suite à une décision des autorités mais est victime d’un mouvement de foule. Il se rendait vers le lieu de culte des chrétiens, peut-être situé dans la zone de la rue Sainte-Anne, en bordure du rempart romain, dans le secteur de l’actuelle cathédrale Saint-Étienne. Il a été mis à mort sur les marches du temple de la triade capitoline traîné par le taureau prévu pour le sacrifice. Le Martyrologe romain, révisé et publié en 2001, puis complété en 2004, relate également ce récit. Son culte est organisé officiellement depuis le Ve siècle à Toulouse. Du Ve au VIIIe siècle, à la suite de la translation du corps saint à l’emplacement définitif de sa sépulture, le culte de Saturnin va connaître une large diffusion.

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Anne-Véronique Gilles, Recherche sur l'origine et la diffusion du culte de saint Saturnin de Toulouse (des origines au Concile de Trente), Thèse diplôme d'archiviste-paléographe : Sciences historiques : Paris, ENC : 1981, Jean-Marie Pailler, 250. Saturnin, évêque, martyr et saint, Éditions midi-pyrénéennes, 2018, https://basilique-saint-sernin.fr/wp-content/uploads/2023/04/FR_Saint-Saturnin_WEB.pdf, https://universalis.com/20240727/today.htm, https://www.gaepo.org/event/%EC%97%B0%EC%A4%91-%EC%A0%9C34%EC%A3%BC%EA%B0%84-%ED%86%A0%EC%9A%94%EC%9D%BC/, https://www.instagram.com/p/DRkq6dHiPt9/, et https://www.mariasarang.net/saint/bbs_view.asp?index=bbs_saint&no=1210&month=11&day=29

 

Merci et bonne Saint Saturnin !

jeudi 27 novembre 2025

Thanksgiving se fête aussi en Corée

Ce 4e jeudi de novembre, les Américains se réunissent en famille pour Thanksgiving, célébrant les Pères pèlerins et le repas qu'ils auraient partagé en 1621 avec les Wampanoags. Et c’est ce jeudi 27 novembre qu’elle a lieu  cette année. Cette fête a été fixée le 4e jeudi de novembre par le Président Franklin Delano Roosevelt en 1941. Le repas traditionnel de Thanksgiving comprend généralement de la dinde farcie, des pommes de terre, du pain à la farine de maïs, des canneberges et une tarte à la citrouille. Cette célèbre fête, aujourd'hui laïque, a pourtant un profond ancrage religieux. Elle a dessiné la mentalité américaine. Et le lendemain, c’est l’occasion pour les marques de faire plaisir à leurs clients en leur offrant de nombreuses remises en cette journée baptisée «Black Friday», qu’on peut considérer comme une journée de soldes exceptionnelles. Mais l’histoire est moins belle, lorsque les pèlerins débarquèrent à Plymouth en 1620, le sachem (chef) Ousamequin leur proposa une entente en mars 1621, alors que la survie de Plymouth était menacée, principalement pour protéger les Wampanoags de leurs rivaux, les Narragansetts. Plus tard cet automne-là, les Anglais récoltèrent leurs premières récoltes abondantes, dissipant ainsi la menace de famine. Ousamequin et 90 de ses hommes se rendirent alors à Plymouth pour le «Premier Thanksgiving». Pendant cinquante ans, cette alliance fut mise à l'épreuve par l'expansion territoriale des colonies, la propagation des maladies et l'exploitation des ressources des terres wampanoags. Finalement, les tensions dégénérèrent en guerre. Connue sous le nom de guerre du roi Philip (ou grande guerre des Narragansett) en 1675, cette guerre a dévasté les Wampanoags et a bouleversé à jamais l'équilibre des forces en faveur des Européens. Aujourd'hui encore, les Wampanoags commémorent l'arrivée des Pèlerins sur leurs terres comme un jour de deuil profond, et non comme un moment de gratitude. Chez les pèlerins du XVIIe siècle, «Thanksgiving» était en fait une période de jeûne et de prière, pas de bombance.

 

Concernant l'introduction de Thanksgiving dans l'Église coréenne, on trouve un discours prononcé par frère Seo Gyeong-jo lors de la 4e réunion tenue au Gurigae Jejungwon de Séoul le 13 septembre 1904. Il y déclarait : «Si l'Église de notre pays prospère aujourd'hui, c'est grâce à la grâce de Dieu le Père. Il est donc juste de consacrer un jour par an à l'action de grâce.» Les archives de l'Église presbytérienne de Corée indiquent : «Le pasteur Moore suggéra de l'appliquer dès cette année (1904), mais le pasteur Hunt proposa de fixer la même date après en avoir discuté pendant un an avec d'autres missions au sein d'un comité de cinq membres, ce qui fut adopté. Les cinq membres étaient Hunt, Underwood, Bang Gi-chang, Sim Chu-myeong et Yang Jeon-baek. Après discussion, le président, le pasteur Hunt, fit rapport. Il fut d'abord décidé que «le jour de Thanksgiving  de cette année serait le 11 novembre du calendrier solaire; l'ancien Jeong Ik-no approuva et décida de l'adopter.» En Corée, le 2e presbytère de l'Église presbytérienne de Corée a désigné le dernier jeudi de novembre comme «jour de Thanksgiving» en 1908, et la 1re assemblée générale de l'Église presbytérienne de Corée l'a désigné comme le 4e jour du 10e mois lunaire en 1912. Par la suite, le troisième mercredi de novembre 1914 fut choisi par la 3e Assemblée générale de 1914, comme compromis entre le quatrième jeudi de novembre observé aux États-Unis et l'anniversaire de l'arrivée du premier missionnaire, le Dr Allen, en Corée (26 octobre), et en 1921, le Conseil mixte presbytérien et méthodiste a décidé de la commémorer le mercredi suivant le deuxième dimanche de novembre de chaque année.

 

Ainsi, le jour de Thanksgiving de l'Église coréenne adopta celui des États-Unis, mais il ne s'agissait pas d'une mesure unilatérale. Cette journée commémorait fortement les débuts et le renouveau du protestantisme coréen. Le pasteur Seo Kyung-jo, qui avait proposé cette célébration pour honorer les missionnaires ayant apporté l'Évangile à l'Église coréenne primitive et exprimer sa gratitude pour sa prospérité, et le pasteur Han Seok-jin, connu pour sa fermeté envers les missionnaires, ne s'opposèrent pas à ce que Thanksgiving soit célébré en novembre. Cependant, certains estiment que Thanksgiving devrait être célébré aux alentours de Chuseok, la fête coréenne. Actuellement, certaines assemblées générales de l'Église presbytérienne de Corée (PCK) organisent des services de Thanksgiving le dernier dimanche d'octobre, tandis que la plupart des autres célèbrent Thanksgiving le troisième dimanche de novembre. Le jour de Thanksgiving que l'Église coréenne observe chaque année ne se limite pas à rendre grâce pour les récoltes. Il ne faut pas oublier que cet événement a débuté comme un temps de gratitude et de célébration pour la diffusion de l'Évangile et le renouveau spirituel qui s'en est suivi au sein de l'Église coréenne.

 

Je vous mets les lectures qui m’ont beaucoup aidé : David Silverman, This Land Is Their Land : The Wampanoag Indians, Plymouth Colony, and the Troubled History of Thanksgiving, Bloomsbury Publishing 2019, https://www.christiantoday.co.kr/news/358064, https://www.goodnews1.com/news/articleView.html?idxno=84184, https://www.elle.fr/index/Thanksgiving, https://www.lefigaro.fr/international/quelle-est-l-origine-de-thanksgiving-cette-fete-celebree-le-quatrieme-jeudi-de-novembre-aux-etats-unis-20241126, et https://www.nationalgeographic.fr/histoire/culture-generale-comment-les-moines-ont-contribue-a-invention-de-la-langue-des-signes.   

 

Merci et bonne Thanksgiving !

mardi 25 novembre 2025

Catherine d’Alexandre, une martyre inventée à partir de personnes réelles et à prendre comme exemple en Corée

En Corée, la Sainte Catherine d’Alexandrie est une mémoire «facultative». L’Église catholique insiste sur son modèle, dans sa préparation à accueillir Jésus, permettant aux prêtres d’insister sur sa virginité, plus particulièrement sur le célibat, et son don à Dieu afin de mettre son service et son sacrifice pour l’Église. On ne célèbre pas les jeunes femmes célibataires comme dans l'Est et le Nord de la France. Les jeunes femmes de plus de 25 ans portaient chaque année le 25 novembre, un chapeau vert et jaune. Étant ainsi identifiées comme plus «bonnes à marier» et considérées comme des «vieilles filles», elles étaient affublées du surnom de «catherinettes». Heureusement, les féministes ont mis fin à cette tradition. Si ces festivités sont peu à peu tombées dans l'oubli, une règle étonnante concernant les chèques-cadeaux ou bons d'achat perdure au sein des entreprises pour les jeunes femmes qui ne sont pas mariées.

 

La date du 25 novembre est donnée dans le Martyrologue romain comme l'anniversaire de Catherine, qui serait vraisemblablement née dans une famille noble, en Égypte, est une vierge et martyre, qui sous le règne de l'empereur Maximin 1er le Thrace (235-238). Pour avoir confessé la foi chrétienne, elle fut emprisonnée à Alexandrie, puis subit de longs supplices, notamment des flagellations avec des fouets garnis de métal, et finalement, elle mourut martyre par décapitation. Son corps fut miraculeusement transporté par des anges au mont Sinaï, où il est vénéré par une grande foule de chrétiens. Il convient de souligner la persécution Maximin 1er le Thrace n’a pas visé l'ensemble de la population chrétienne, mais les chefs religieux, notamment les évêques, donc il est peu possible qu’une vierge d’Alexandrie ait prise pour cible. Dans ses révisions en 2001 et 2004, on nous dit que Sainte Catherine, que l'on dit (ce qui montre un doute des autorités religieuses actuelles) avoir été une vierge d'Alexandrie et une martyre, était dotée d'une intelligence et d'une sagesse remarquables pour son âge et son sexe, ainsi que d'une grande force d'âme. Son corps est vénéré avec une pieuse dévotion dans le célèbre monastère du mont Sinaï. Les martyrologues évitent de donner la raison de son martyr, le refus de se donner à l'empereur Maximin 1er le Thrace en arguant s'être déjà donnée au Christ, tout en évitant de parler de la légende que son corps fut miraculeusement transporté par des anges au mont Sinaï.

 

L’histoire de Catherine s’inspire d’Eusèbe, qui en son Histoire ecclésiastique (VIII,14), fait mention d'une dame d'Alexandrie dont Maximin Daïa aurait voulu abuser et qu'il aurait exilée, parce qu'elle résistait à sa passion. On transforma ce récit, en changeant la peine d'exil en peine de mort et le refus de se livrer en refus d'abjurer; et l'identité du corps fut ainsi établie sur le témoignage fort métamorphosé d'Eusèbe. Cet historien n'avait pas indiqué le nom de la femme qui avait eu à souffrir de Maximin. On l'appela Kathariné, c’est-à-dire la pure. Pour former Sainte Catherine, on s’inspira d’Hypathie, fille du philosophe païen Théon, qui par son talent dépassait les philosophes de son époque, admise à l’école de Platon, philosophe, savante, elle est la seule femme à avoir l'oreille du préfet d'Alexandrie, elle tenta d’apaiser les tensions religieuses qui régnaient alors dans sa cité, mais elle fut accusée de sorcellerie par l’évêque Cyrille d’Alexandrie, et massacrée par les chrétiens d'Alexandrie en 415 lors d’un conflit politique, puis on mit Catherine d’Alexandrie en lien avec la période où le monastère du Sinaï était en plein prestige à partir des années 630 qui avait besoin d’une sainte prestigieuse pour le patronner, et le fit postérieurement à cette période à partir du IXe siècle. 

 

En 1969, le pape Paul VI procède à une réforme de son calendrier général romain et retire plus de 40 saints, dont Catherine d’Alexandrie, car «on ne pouvait établir avec certitude les fondements historiques de leur culte». Cependant, Catherine et les autres saints bannis du calendrier avaient conservé le «statut» de saint. Ils étaient toujours inscrits dans le recueil des noms des martyrs – le Martyrologe romain –, et des messes pouvaient être célébrées en leur honneur. En 2002, elle est restaurée au calendrier des saints, mais en tant que mémorial facultatif, c’est-à-dire que les catholiques peuvent la célébrer, mais n’y sont pas tenus. La désignation au mémorial facultatif est le rang le plus bas pour un jour saint. Le 3 octobre, l'Église orthodoxe coréenne commémore avec une Divine Liturgie et une communion de la majorité des paroisses de Corée et au monastère, les 24 saints patrons de Corée, "Protecteurs de la Corée", parmi eux se trouvent Sainte Catherine d'Alexandrie.

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome, Numéro 83, École française d'Athènes, École française de Rome, 1988, https://cosmovisions.com/SainteCatherine.htm, https://gcatholic.org/calendar/2025/KR-en, https://l-express.ca/la-tire-sainte-catherine-un-periple-dalexandrie-a-ville-marie/, https://maria.catholic.or.kr/mi_pr/sungmu/sungmu.asp?menu=sungmu&sunseo=1&gomonth=2016-04-29&stype=re, https://missa.cbck.or.kr/DailyMissa/20221121, https://thepocketscroll.wordpress.com/tag/maximinus-thrax/, https://www.boston-catholic-journal.com/roman-martrylogy-in-english/roman-martyrology-november-in-english.htm#November_25th, https://www.boston-catholic-journal.com/2004-roman-martyrology-complete-in-english/roman-martyrology-2004-in-english-complete-november.htm#D25, https://www.capital.fr/votre-argent/cest-quoi-ce-cheque-sainte-catherine-pour-les-femmes-de-plus-de-25-ans-non-mariees-1506101, et https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/actu-des-mots/2016/11/25/37002-20161125ARTFIG00107-savez-vous-ce-qu-est-une-catherinette.php

 

Merci et bonne Sainte Catherine !

dimanche 23 novembre 2025

La fête du Christ-Roi, une fête contre les totalitarismes et la Semaine de la Bible en Corée

Aujourd'hui, c'est la fête du Christ-Roi qui est aussi célébrée en Corée. Cette fête a été instituée par le pape Pie XI le 11 décembre 1925. D’un point de vue théologique, le pape Pie XI entend remettre la dévotion au Christ au cœur de la vie des chrétiens en instituant cette fête, comme une arme spirituelle contre les forces de destruction à l’œuvre dans le monde, qu'il identifiait avec la montée de l'athéisme et de la sécularisation. C’est une christologie politique à la montée des nationalismes et au développement des totalitarismes dans cette période. La figure du Christ, roi humilié dans sa passion et dans sa mort, interpelle l’usage du pouvoir par les puissants de son temps. Un Christ affirmant sa royauté dans l’humiliation, homme pour les autres, solidaire des petits et des pauvres, livrant sa vie pour eux, pardonnant à ses bourreaux, traçant le chemin de la vérité : telle est la figure du Christ Roi qui devient une référence dans la lutte contre le fascisme, le nazisme et le communisme après 1937 et dans la période postérieure à la mort du pape Pie XI, une fois la guerre déclarée.

 

La fête fut d'abord célébrée le dernier dimanche d'octobre. Plus récemment, elle fut déplacée au dernier dimanche de l'année liturgique. L'année 1925 était aussi le seizième centenaire du premier concile œcuménique de Nicée, qui avait proclamé l'égalité et l'unité du Père et du Fils, et par là même la souveraineté du Christ. Elle ne célèbre pas un événement particulier de la vie de Jésus-Christ, comme Noël ou la Résurrection. Elle a plutôt été instaurée comme un enseignement spirituel visant à affirmer la souveraineté du Christ sur l'humanité et les institutions, dans un contexte d'athéisme et de sécularisation généralisés. La fête du Christ-Roi n'est pas, liturgiquement, un jour commémorant un événement particulier de la vie de Jésus-Christ, comme Noël ou Pâques. Le Christ est le Sauveur qui dévoile concrètement le Royaume de Dieu dans le monde humain, et le Roi qui appelle toute l'humanité à lui pour le salut. Le but de la fête du Christ-Roi est de réaffirmer que Jésus appelle toute l'humanité au salut. En célébrant la fête du Christ-Roi, les croyants se réjouissent de participer au règne du Christ et prient pour le renouveau du monde humain par son règne. Depuis 1985, l'Église catholique en Corée désigne la dernière semaine du Temps Ordinaire (cette année, du 1er au 29 novembre) comme la «Semaine de la Bible», encourageant les fidèles à approfondir leur relation avec la Bible, à la lire fréquemment et à la méditer au quotidien. Car la Parole de Dieu est la lumière de la vie chrétienne.

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Marie-Thérèse Desouche, Pie XI, le Christ Roi et les totalitarismes, Nouvelle Revue Théologique 130-4, 2008, p. 740-758, https://missa.cbck.or.kr/DailyMissa/20251123, https://www.catholictimes.org/195349, https://www.catholictimes.org/article/202011170258811, https://www.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Christ-Roi/Histoire-de-la-fete-du-Christ-Roi, et https://www.la-croix.com/Religion/pie-xi#category-text

 

Merci et bonne fête du Christ-Roi !

samedi 22 novembre 2025

Cécile de Rome, de la martyre inventée devenue musicienne à un chef d’orchestre coréen

La Sainte Cécile est une mémoire «obligatoire» en Corée le 22 novembre. Le martyrologue romain nous donne la légende de Cécile, vierge et martyre, qui à Rome convertit à la foi du Christ son époux Valérien et son frère Tiburce, et les encouragea au martyre. Après leur mort, arrêtée sur l'ordre d'Almachius, préfet de la ville, et exposée au feu, dont elle sortit indemne, elle acheva ses glorieuses souffrances par le glaive, sous le règne de l'empereur Sévère Alexandre. Le martyrologue Romain révisé de 2001, et celui de 2004 nous donne simplement Cécile, comme une vierge et martyre, qui aurait reçu la double palme à Rome, au cimetière de Callixte sur la voie Appienne, pour son amour du Christ, et dont le nom a été donné depuis l'Antiquité à l'église du Trastevere. Bien qu'elle soit l'une des martyres romaines les plus célèbres, aucun culte ne lui est dédié dans les premiers temps. Elle n'est mentionnée ni par le chronographe de 354, ni par Ambroise, Damase, Jérôme ou Prudence; elle n'est pas non plus représentée sur les premiers vitraux d'or décorés des chrétiens. Une inscription fragmentaire, datée par GB de rossi entre 379 et 464, fait référence à une église (titulus) portant son nom. Le 22 novembre 545, sa fête fut célébrée dans la basilique Sainte-Cécile du Trastevere. Selon une légende du Ve ou VIe siècle, Cécile était une jeune chrétienne de haut rang, fiancée au noble Valérien, qu'elle convertit au christianisme et qui fut exécuté, avec son frère Tiburce, par le préfet romain Turcius Almachius.

 

Si sa biographie est rapportée par des traditions dépourvues de garantie historique, il est possible qu'une pieuse chrétienne de l'ancienne famille des Caecilii, et non une martyre, ait obtenu cet emplacement pour la sépulture de Cécile, et une église lui devait sans doute sa création au IIIe siècle, ce qui peut expliquer son adoration comme sainte à partir du Ve siècle. Riche et généreuse bienfaitrice, elle aida le pape Calixte (217-222) à organiser les paroisses de la ville de Rome, ce dernier fut tué lors d’une émeute. Puis un auteur, la fit devenir martyre au Ve siècle. En avril 821, son corps fut exhumé de la crypte par le pape Pascal Ier et placé sous l'autel de la basilique Sainte-Cécile, bien que le Liber pontificalis indique que le corps fut découvert dans les catacombes de Praetextatus. En 1599, ce tombeau fut rouvert et Maderna sculpta la statue de la sainte que l'on peut voir aujourd'hui sous l'autel. 

 

Depuis la Renaissance, sainte Cécile est généralement représentée avec un petit orgue ou une alto. Elle est la protectrice des musiciens. Elle le devint au XVIe siècle, et l'École de musique de Rome, fondée en 1584, la choisit comme sainte patronne. L'orchestre romain dirigé par Myung-whun Chung s'appelle Santa Cecilia, et aujourd'hui encore, le nom de Chœur Cécile est courant parmi les chorales d'église. Ce dernier impressionné par le Congrès eucharistique de Paris, a demandé à l'Église coréenne en 2012 de faire des efforts pour développer la musique classique, notamment en fournissant des recommandations aux musiciens.

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures : New Catholic Encyclopedia : Volume 3: Cam–Col, Gale Publishing, 2003, https://www.catholictimes.org/article/201202200203451, https://gcatholic.org/calendar/2025/KR-en, https://maria.catholic.or.kr/sungga/bbs/bbs_view.asp?num=370&id=188129&ref=3073&menu=4807, https://www.boston-catholic-journal.com/roman-martrylogy-in-english/roman-martyrology-november-in-english.htm#November_22nd, et https://www.boston-catholic-journal.com/2004-roman-martyrology-complete-in-english/roman-martyrology-2004-in-english-complete-november.htm#D22.  

 

Merci et bonne Sainte Cécile !

vendredi 21 novembre 2025

La présentation de Marie au Temple, une fête mariale en Corée

La présentation de Marie au Temple le 21 novembre est une mémoire «obligatoire» dans l’Église catholique coréenne, où la dévotion de mariale est très propagée, et les Catholiques coréens voient en Marie une figure centrale de leur foi; ils aiment la vénérer. En ce jour, avec les fidèles des Églises orientales, on commémore la consécration de la Vierge Marie à Dieu dès son enfance. Ce jour commémore le don total de la Vierge Marie à Dieu

 

Inspirée d'une légende relatée dans le Protévangile de Jacques, récit apocryphe daté du IIe siècle, la Présentation de Marie au Temple commémore le jour où, âgée de trois ans, elle se rendit au temple de Jérusalem avec ses parents pour être consacrée à Dieu. En réalité, cet évangile méconnait ou fait semblant de ne pas savoir les usages juifs, et les invraisemblances historiques, comme la présentation et l’éducation d’une jeune fille au Temple, interdisent d’accorder une valeur historique direct à ce récit qui imite le livre de Samuel, de plus la richesse de ses parents fictifs, Anne et Joachim correspond bien mal à la situation de Marie dans les évangiles qui se présente comme faisant partie du «peuple des pauvres» ou «peuple du pays» (am haaretz dans le Magnificat), des Juifs qui observent le sabbat et les interdits alimentaires communs, sans chercher à se maintenir dans l’état de pureté lévitique qui, théoriquement, n’a de sens que pour les prêtres


À l'origine, ce jour commémorait la dédicace de la nouvelle basilique Notre-Dame, construite près du Temple de Jérusalem en 543, et cette fête se répandit à Constantinople vers le VIIe ou le VIIIe siècle, et deux homélies à ce sujet, écrites par Germain, alors évêque de Constantinople, nous sont parvenues, puis diverses homélies sur cette fête furent écrites dans l'Église d'Orient vers le IXe siècle, et Grégoire de Nicomédie rapporte que la fête était célébrée dans les églises, et de plus, elle était déjà célébrée dans les monastères du sud de l'Italie vers le IXe siècle, et en Angleterre vers le XIVe siècle, puis en 1373, une fête fut célébrée par le pape à Avignon, et en 1472, le pape Sixte IV l'a proclamé fête de la Présentation de la Vierge Marie. Le pape Pie V la supprime, mais son successeur Sixte V s'empresse de la rétablir dès son élection en 1585.

 

En réalité, Marie de Nazareth, dont les parents appartenaient très probablement au même clan davidique que celui de Joseph, pratiquaient sans doute des métiers tels que le filage de la laine et la menuiserie ou le travail de la pierre, elle a été élevée, non pas dans les splendeurs du Temple et des palais de Jérusalem, mais très simplement à Nazareth, son village de Galilée, vivant au-dessus du seuil de subsistance menant une vie tout ordinaire, dans la prière et le travail, nourrie de l’Écriture sainte depuis sa tendre enfance, cheminant dans la foi, et espérant de tout son être la venue du Messie dans une famille qui attachait une grande importance à la pureté rituelle, refusant d'utiliser des ustensiles de cuisine et des lampes fabriqués par des non-Juifs et se tenant à l'écart de ses voisins plus cosmopolites de Sepphoris.

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Christine Pellistrandi, et le Père Edouard Cothenet, Découvrir les Apocryphes chrétiens : Art et religion populaire, Desclée De Brouwer, 2017, https://m.cafe.daum.net/Jeongnch/2tOX/2175, https://thecatholicherald.com/article/archaeology-of-jesus-nazareth-by-ken-dark, https://www.catholictimes.org/article/201711210240080, https://www.lejourduseigneur.com/saint/presentation-de-la-vierge-marie, https://www.nrt.be/fr/articles/le-bapteme-a-t-il-ete-institue-par-le-christ-774, https://www.universalis.fr/encyclopedie/presentation-de-marie-au-temple/, et https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2020-12/naissance-de-jesus-que-dit-l-historien.html.

 

Merci et bonne fête de la présentation de Marie !

jeudi 20 novembre 2025

Arthur : quelques sources et des doutes

Le plus ancien texte «historique» qui mentionne le personnage d’Arthur, et encore de manière relativement sommaire, est l’Historia Brittonum attribuée (à tort) au moine Nennius, qui remonterait à la première moitié du IXe siècle, soit environ trois siècles après les faits qu’il prétend relater faisant d’Arthur le paladin de la résistance des Celtes de Grande-Bretagne contre les Germains venus du continent; aucune source contemporaine des événements, c’est-à-dire produite entre 400 et 600, ne fait mention d’un Arthur; et les autres sources antérieures à Geoffroy, composées entre le IXe et le début du XIIe siècle, restent pour la plupart très laconiques, parmi eux on trouve un poème, le Canu Aneirin, mais cette mention n’est pas fiable car ce texte a été copié de très nombreuses fois et le seul manuscrit disponible date du XIIIe siècle. On retrouve encore mention d’Arthur dans les Annales de Galles (Annales Cambriae) composées dans la seconde moitié du Xe siècle, mais dont nous ne disposons que de copies tardives. 

 

 

Nous arrivons au XIIe siècle, après la conquête de Guillaume de Normandie. Guillaume de Malmesbury (vers 1090–vers 1143) nous livre une Histoire des rois des Anglais (Gesta regum Anglorum). Il mentionne Arthur lors de la bataille du mont de Badon et précise que l’on n’a pas retrouvé sa tombe. La légende reste mise de côté ici au profit de faits possiblement historiques. Ce n’est pas le cas de Geoffroy de Monmouth (vers 1095 – 1155) dans son Histoire des rois de Bretagne (Historia regum Britanniae) en 1135-1136. Il prend le parti breton et développe la vie d’Arthur incarnant le conquérant du nord de l'Europe. On le dit disparu dans l'île mystérieuse d'Avalon où des fées aimantes pansent ses blessures. Le livre est un succès et peu remettent en cause son auteur. Le chroniqueur Guillaume de Newburgh fait partie des sceptiques mais ne peut rien à la diffusion des manuscrits dont près de 200 nous sont parvenus là où Bède ne parvient qu’à 160.

 

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Martin Aurell, La légende du roi Arthur, 550-1250, Perrin, 2007, Mark Adderley et Alban Gautier, Les origines de la légende arthurienne : six théories, dans Médiévales n° 59, 2010/2, Presses universitaires de Vincennes, pages 183 à 193, Alban Gautier, Le Roi Arthur, PUF, 2019, et https://clio-cr.clionautes.org/le-roi-arthur.html.

 

Merci ! 

Qu'allons nous voir ici ?

Ce blog s'intéressera avant tout à la question de l'historicité du roi Arthur durant les Dark Ages, une période de grands changeme...