Deux
frères,
deux idéologies, un trône. La guerre
civile portugaise, qui opposa les troupes de Pierre à celles de Michel
entre 1828 et 1834, fut l'un des épisodes politico-militaires les plus
importants de l'histoire du Portugal.

La guerre entre Pierre IV de Bragance, ancien empereur du Brésil, roi du Portugal
et libéral modéré, partisan du constitutionnalisme,
défendait le droit à la vie, à la liberté et au bonheur, et son frère Miguel Ier, un
absolutiste déterminé, qui considérait que le monarque devait être le centre du
pouvoir dans une société organique et
stratifiée (noblesse, clergé, bourgeoisie et peuple),
se doublait à son catholicisme
intransigeant, et son rejet du libéralisme
comme un produit de l’étranger, porteur de guerre civile, était à la fois un
conflit civil et un conflit militaire pour la succession, divisant un pays en
deux parties. Au début du XIXe siècle, le Portugal était une monarchie absolue. En novembre 1807,
eut lieu la première invasion napoléonienne. Jean VI, alors prince
régent, s'enfuit avec la cour au
Brésil. Le Royaume-Uni vient à la rescousse, bat les Français en 1813 et prend le contrôle du pays. En 1820, la
Révolution libérale expulse les Britanniques.
Le régime constitutionnel fut créé
en 1822 et, peu de temps après, Pierre IV
proclama l'indépendance du Brésil, où il fut reconnu comme empereur. La mort de
son père en 1826 allait déclencher deux décennies de troubles nationaux.
L'héritier premier-né du titre, désormais Pierre
IV, revient à Lisbonne. Avec un État profondément divisé – son frère Michel avait tenté à deux reprises des coups
d’État contre le parlementarisme
– et, conscient que le pays n’accepterait pas un double monarque, il accorda
une nouvelle Charte constitutionnelle,
plus conservatrice que celle de 1820. Dans le sens modérateur, Pierre IV abdique en faveur de sa fille
de 7 ans, Marie, et accepte son
futur mariage avec Michel 1er,
exilé en Autriche, qui jure sur la Constitution
conciliante. Michel 1er
revint d'exil pour honorer l'accord. Dès son arrivée à Lisbonne, il prit pour
acquis ce qu'il avait dit. Succédant à sa sœur Isabelle dans la régence de Marie
II en 1828, arrivée dans le pays et étant accueillie avec enthousiasme par
la population, Michel dissout le système
parlementaire, rétablit l'absolutisme
et se fait proclamer roi, manquant ainsi à ce qu'il avait promis à l'empereur brésilien. Naturellement, les
libéraux ont essayé de réagir au
Portugal et ont rapidement promu un coup d'État militaire à Porto : la Belfastada.
Le coup d'État fut rapidement contrôlé par les Miguelistes, les libéraux
s'enfuirent en Espagne, atteignirent la côte galicienne et partirent en exil à
bord du vapeur Belfast. Les libéraux furent persécutés et
emprisonnés par milliers, beaucoup furent tués et un grand nombre furent
contraints à l'exil. Marie II finit
par débarquer à Londres où elle rencontre Victoria,
l'héritière de la couronne d'Angleterre,
à qui elle sera à jamais liée par une étroite amitié, tout en promouvant la cause libérale portugaise, avec l'élite libérale portugaise en poste
là-bas. Le coup d’État de Michel
a renversé un régime constitutionnel
établi par un souverain légitime et
reconnu par toutes les puissances,
le corps diplomatique portugais
coupe en 1828 tout contact avec Lisbonne et grossit les rangs de l’émigration.
Le plus important d’entre ces diplomates, le marquis de Palmela, ambassadeur à Londres, en prend la tête et crée
dans la capitale britannique une régence
provisoire au nom de la charte
constitutionnelle de 1826, qui s’établit en 1830 sur la petite île de
Terceira aux Açores, reprise aux partisans
de Michel l’année précédente. Ce gouvernement
en exil s’applique à organiser l’expédition militaire qui, en 1832, pourra
finalement appareiller pour le Portugal. L’exil des libéraux participe à l’émergence d’une opposition plus idéologique,
tendanciellement démocratique, qui commence de s’exprimer à partir de 1830, car
le panorama changea considérablement. En France, cette année-là, eut lieu la
Révolution de Juillet qui renversa Charles
X du trône et le remplaça par Louis
Philippe d'Orléans, un libéral qui soutint progressivement la cause libérale portugaise. Les libéraux portugais ont également mis de
côté leurs différences et ont trouvé un dénominateur commun : vaincre le Miguelisme. Les libéraux portugais se tournèrent également vers Pierre Ier, qui était en
difficulté au Brésil parce qu'il n'arrivait pas à apaiser la famille libérale brésilienne. Celle-ci
n’empêche cependant pas ses promoteurs
d’obéir aux ordres de la régence,
qui, à partir de la fin de 1831, enjoint tous les exilés mâles à se préparer à partir en guerre contre le régime de Michel. L’exil favorise
ainsi, en l’absence de parlement et
de législation portugaise sur la presse
et les associations, en dehors du
territoire national, l’apprentissage du débat public et l’affirmation du rôle
de censure du gouvernement exercée
dans un régime libéral par l’opinion publique, à laquelle se
réfèrent de très nombreux pamphlets et articles de l’exil.

Les puissances
européennes observaient la guerre civile avec intérêt, car elles
craignaient que les idées libérales
ne se propagent à leurs propres systèmes.
Pierre ne tolère pas l’usurpation.
En 1831, il céda l'empire à son fils, qui devint Pierre II du Brésil. Cherchant du soutien pour expulser son frère du pouvoir et donner le trône au propriétaire légitime, il revient en
Europe travaillée par la propagande
libérale, forme une armée,
trouve de l’aide sur l'île libérale de Terceira, aux Açores, et occupe les
Açores. De là, il lance l'attaque sur le continent en 1832. Là, la lutte entre frères allait dégénérer en guerre
civile. La guerre civile portugaise a commencé avec le débarquement de
l'armée libérale de Pierre IV sur la plage de Pampelido
le 8 juillet 1832. Ses 8300 hommes comprenaient des centaines de mercenaires anglais et français, des volontaires
belges, allemands et italiens, des réfugiés polonais et des soldats
portugais prêts à risquer leur vie contre l'armée de Michel Ier,
qui comptait 80 000 hommes. Une
guerre qui paraissait inégale pour l’armée de Pierre, après que l’objectif des libéraux était de conquérir rapidement Porto réussirent à briser le
blocus en débarquant en Algarve avec le soutien
anglais puisqu’ils engagèrent un officier de marine anglais, Charles Napier, pour commander leurs forces navales, et marchèrent sur
Lisbonne, qui fut libérée le 24 juillet 1833, ce qui permit aussi la fin du
siège de Porto en août, cependant après plusieurs batailles au cours desquels
les troupes miguelistes révélèrent
leurs faiblesses, après s’être dirigées vers le sud pour rencontrer les libéraux, où les opérations militaires
eurent un impact particulier sur l'Estrémadure, où Leiria resta fidèle à Michel 1er, et sur le
Ribatejo, où ce dernier avait installé son quartier
général à Santarém, les troupes
miguelistes se font finalement battre par les libéraux à Asseiceira, à Tomar. La guerre ne prit fin
qu'après l'intervention de la quadruple
alliance (traité conjoint entre Marie
Christine, régente d'Espagne, Pierre,
régent du Portugal, la France et l'Angleterre qui détermina le soutien aux libéraux ibériques). Michel se rendit et signa la Convention d'Evoramonte. Michel fut expulsé d'abord à Rome, puis
à Londres et, enfin, en Allemagne, après son mariage avec la princesse Adélaïde de Lowenstein, et ne
revint jamais au pays, mourant en Allemagne en 1866.

À l'âge de 15 ans, après la fin de la
guerre civile, Marie II a posé le
pied sur le sol de son pays pour la première fois. Enfin sur le trône, elle se
promit qu'elle serait une bonne reine, et plus heureuse que sa très chère mère
ne l'avait été. Son mariage avec Ferdinand
de Saxe-Cobourg-Gotha, père de ses onze
enfants, fut véritablement heureux, comme elle le confie dans ses lettres à
sa «chère cousine Victoria» -
désormais reine elle-même et mariée au cousin germain de Ferdinand, Albert.
Cependant, son règne fut marqué par des transformations sociales et économiques
et une forte instabilité politique, avec des changements constants de ministres, une intense activité
parlementaire pour ou contre la Charte
constitutionnelle ou telle ou telle Constitution
et des révoltes populaires constantes qui affectèrent la figure de la
reine elle-même. Ce qui explique que la victoire militaire de 1834, qui
provoque l’exil de plusieurs milliers de
partisans de la monarchie absolue, ne met pas un terme à l’émigration libérale. Des conflits de
faible et moyenne intensité, mélange de guérilla et de banditisme,
se poursuivirent après la guerre jusqu'au déclenchement des révoltes de Maria da Fonte et de Patuleia dans la seconde moitié des
années 1840. À cela il faut ajouter l’instabilité politique du camp libéral lui-même, qui a conduit
l’historienne M. Fátima Bonifácio à
définir la période 1834-1851 comme une guerre de tous contre tous.
La Régénération
de 1851 mit fin à cette longue période d'affrontements, de révoltes et de
conflits civils au Portugal. Jusqu’à la stabilisation du régime constitutionnel en 1851, l’opposition entre les différentes tendances du libéralisme
suscite plusieurs crises révolutionnaires et courtes guerres civiles,
qui poussent vers l’étranger les vaincus
du moment, tantôt les libéraux
conservateurs, tantôt les démocrates.
Comme leurs prédécesseurs, ces exilés participent, par leurs publications et leur engagement,
à la vie politique et intellectuelle de leur pays d’accueil. À cet égard, l’émigration démocratique portugaise en
France, qui adhère avec enthousiasme à la révolution de 1848, est
déterminante pour l’émergence du socialisme
lusitanien. Pour Marie II, la
première reine constitutionnelle qui, malgré son inexpérience, a affronté des
revers politiques, laissant son empreinte dans l'histoire du pays, notamment en
créant l'éducation primaire gratuite, en développant les voies de
transport terrestres et fluviales et en fondant l'Académie des Beaux-Arts et le théâtre
qui porte son nom à Lisbonne. Le 15 novembre 1853, après avoir donné
naissance à son onzième enfant, elle
décède, sans même avoir eu le temps de dire au revoir à ses enfants et à son mari. Elle laisse derrière elle une famille et un peuple
désemparés, ainsi qu’une stabilité politique qu’elle avait réussi à atteindre
grâce à un travail acharné.
Pour aller plus loin, je vous conseille
ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Jordi Canal, Guerra civil y contrarrevolución en España y en la
Europa del Sur en el siglo XIX dans Dossier: Guerras Civis, dans Ler Historia, 51, 2006, Isabel Stilwell, D. Maria II - Tudo Por Um Reino, A Esfera dos Livros, 2012, Luísa V. de Paiva Boléo, D. Maria II : A Rainha Insubmissa,
A Esfera dos Livros, 2014, Grégoire Bron,
L’exil libéral portugais du début du XIXe siècle (1808-1834) dans
Actualité de la recherche : Débats. Terres d’exil, terres d’asile (Europe
méridionale, XIXe-XXIe siècle), dans Les métaux précieux
: de l’extraction à la frappe monétaire (Antiquité - Moyen Âge), 48-1, dans Mélanges de la Casa de Velázquez,
2018, p. 315-321, https://www.nationalgeographic.pt/historia/era-bandoleiros-jose-do-telhado-joao-brandao-remexido-jose-joaquim-sousa_6011, Fernando Rita, A Guerra Civil Portuguesa, Guerra e Paz Editores, 2020, Sérgio Veludo Coelho, The War of the two Brothers. The
Portuguese Civil War, 1828-1834, HELION & Company, 2021, https://ataijadecima.blogspot.com/2018/03/a-guerra-civil-1832-1834-na-nossa-regiao.html, https://ensina.rtp.pt/explicador/a-guerra-civil-entre-liberais-e-absolutistas-h65/, https://www.infopedia.pt/artigos/$guerra-civil-em-portugal-(1832-1834), et https://www.publico.pt/2023/01/06/impar/noticia/principes-guerra-d-pedro-d-miguel-dar-licoes-william-harry-2034036.
Merci !
COUCOU ... BONJOUR chers ALEXANDRE & RAPHAËL,
RépondreSupprimerje VOUS souhaite une belle SOLENNITÉ de l'ASCENSION,
une agréable FÊTE de la VISITATION le 31 Mai,
une bonne fin du mois de mai, le plus beau de l'année,
non par la météo mais des nombreux jours fériés ... MDR
Bon Jeudi de l'ASCENSION ... CIAO @ + ... KISS ... AMITIÉS !
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