Aujourd’hui nous fêtons Sainte Isabelle de Portugal (1271-1336).
Elle constitue l'une des figures péninsulaires les plus importantes et les
moins connues du grand XIIIe siècle au cours duquel des universités sont apparues; de nouveaux ordres religieux ont été créé
; on a commencé à construire les cathédrales d'Amiens, de Burgos, de Tolède et
de León; Thomas d’Aquin, Gonzalo de Berceo et Alphonse X le Sage ont écrit leurs œuvres;
la reconquête de la Castille s'est pratiquement conclue avec la
bataille de Las Navas de Tolosa en 1212, et en 1249, au Portugal, etc.

Née en 1271 à Saragosse du mariage de Pierre III d’Aragon et de Constance de Hohenstaufen, fille de Manfred de Sicile, elle passa son
enfance à la Cour de Barcelone. En
1282, elle se maria avec Denis, roi
du Portugal, choisi parmi d’autres
prétendants illustres. À côté de son mari,
la reine mena d’intenses activités
diplomatiques, en effectuant des voyages et en assumant en diverses
circonstances un rôle politique de premier plan, grâce à sa position de «trait d’union» entre les trois grands royaumes de la péninsule
Ibérique : l’Aragon dont elle était
princesse, le Portugal où elle était
souveraine et enfin, la Castille et le
León, où son influence repose sur les mariages
de ses enfants Alphonse et Constance avec
la princesse Béatrice et le roi Ferdinand IV. Sa légende
est ponctuée de miracles, de guérisons et d'exploits. Mais «la plus belle rose d'Aragon», qui hérita du nom de sainte Élisabeth de Hongrie, «était assez bonne pour être roi», comme
le disait son mari. Cependant, son
apparence physique, blonde, grande et forte, ne semble pas correspondre à la
fragilité qu'on lui attribue. En réalité, tout au long de sa vie, elle révèle
une solidité et une force de caractère absolues.

Aux côtés de Denis, Isabelle possède
une présence remarquable, apparaissant principalement dans des contextes
religieux et sociaux, reflétant le visage d'une reine consort qui valorise et prend soin de son peuple. Avec le roi Denis, Isabelle
promut diverses initiatives pieuses, inspirées par la tradition familiale, mais aussi par les suggestions de son mari et le contexte local. Parallèlement,
en période de conflit, Isabelle
utilise les canaux institutionnels à
sa disposition dans le tissu politique
de son époque, soutenant parfois son mari,
parfois non. Avec ses ambassadeurs
et ses espions, et l'aide de sa
fidèle Vataça, elle joua habilement
sur l'échiquier du pouvoir. Elle
planifia et intrigua. Ainsi, lorsque Denis
affronte le prince Alphonse, Isabelle est du côté de son fils, contre ses demi-frères bâtards, subissant ainsi les conséquences de ses actes.
En 1325, après la mort du roi Denis,
la reine se rendit en pèlerinage à
Saint-Jacques-de-Compostelle, puis se retira dans un palais construit auprès du
monastère de Santa Clara e Santa Isabel
de Coimbra, où, vouée à la prière et à l’assistance des nécessiteux, elle demeura jusqu’à son
décès en 1336 à
l'âge de 66 ans, après un pénible voyage de plusieurs dizaines de lieues, de Coimbra
à Estremoz, à dos de mule, pour éviter un nouveau conflit entre le Portugal et la Castille. Bien
qu’Isabelle soit traditionnellement
associée à la famille franciscaine,
en particulier à l’ordre de
Sainte-Claire et au monastère des
Clarisses de Coimbra, héritier de son patrimoine et dépositaire de sa
mémoire, elle ne devint en réalité jamais membre d’un ordre religieux et ne suivit aucune règle monastique.

Isabelle fut béatifiée en
1516 par le pape Léon X et canonisée
par le pape Urbain VIII en 1625.
Elle est la sainte patronne de la ville de Coimbra, le 4 juillet étant un jour
férié municipal dans cette ville. En 2025, l'image de sainte Isabelle défilera à nouveau dans les rues de la ville,
renouant avec une tradition habituellement célébrée les années paires. Du 17
juin au 2 juillet auront lieu les Festas da Rainha Santa Isabel,
organisées par la Confrérie de Rainha
Santa Isabel, au monastère de Santa
Clara-a-Nova, à Coimbra. La procession de la Pénitence aura lieu le
10 juillet, tandis que la procession du Retour est prévue le 13 juillet,
invitant les fidèles et les visiteurs à participer à ces moments de
profonde spiritualité et de dévotion. En plus des célébrations, il sera
également possible de vénérer la main de la reine Sainte Isabelle, qui sera exposée au monastère de Santa Clara-a-Nova, entre le 17 juin et le 2 juillet.
Pour aller plus loin, je vous conseille
ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : José Miguel Pedro-Sanz, Santa
Isabel Reina De Portugal, éditions Arcadaz et Palabra, 2011, Giulia Rossi Vairo, Isabelle d’Aragon,
reine du Portugal, «constructrice de paix» durant la guerre civile (1317-1322)
?, dans Étude critique des sources portugaises et des Regesta Vaticana, Actes des congrès nationaux des sociétés
historiques et scientifiques, 136-3, 2012, pp. 97-107, Maria
Filomena Andrade, Isabel de Aragão
- Rainha Santa, Mãe Exemplar, Temas e Debates, 2014, Isabel Stilwell, Isabel de Aragão: Entre o Céu e o Inferno, Livros Horizonte,
2021, https://www.calendarr.com/portugal/dia-de-santa-isabel/, et https://turismodocentro.pt/evento/festas-rainha-santa-isabel/.
Merci et bonne Sainte Isabelle !
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