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mercredi 18 décembre 2024

La fin de l’Empire Romain d’Occident, une chute qui frappa les esprits

Les âges sombres de la Bretagne prennent place dans la chute de l’Empire Romain d’Occident qui est vu comme une transformation et d'une mutation fécondes, quasi indolores et presque pacifiques, qui auraient heureusement accouché de la civilisation de l'Europe médiévale. Mais, il ne faut pas nier que l'effacement des structures politiques de l'Empire romain d'Occident se soit traduit par un recul saisissant des conditions de la vie matérielle, une disparition des beaux-arts, de la culture littéraire, et, finalement, de la paix, du bien-être. Mais cet effondrement ne fut pas si fulgurant qu’on pourrait le croire. Le monde romain avait subi, depuis deux siècles, de profondes transformations. De larges pans de la culture classique avaient sombré sans attendre l'événement de 476. De nombreux aspects de la vie sociale lui survécurent au contraire. La rupture se traduisit, au même moment, par la rétractation des villes, la disparition des écoles municipales, l'effacement des villages, le recul des terres cultivées et l'avancée des forêts et des landes, le retour à une économie de troc.


Rien pourtant ne prédisposait l’Empire romain à une telle chute. Au cours des IIIe et IVe siècles, dans la majeure partie de l'Orient méditerranéen et dans certaines parties de l'Occident, des fouilles et des prospections ont permis de conclure à l'existence d'une économie florissante de l'Empire tardif, accompagnée d'une prospérité rurale et urbaine réelle, fort étendue. Cependant, Les bâtiments publics du IVe siècle ont eu tendance à être beaucoup plus modestes et payés par les budgets centraux à cause de la baisse des taxes régionales. Ensuite, les propriétaires terriens ont détourné leur attention là où l'argent était... loin des politiques provinciales et locales, chez les bureaucrates impériaux. Le IIIe siècle avait été aussi secoué par de terribles crises qui avaient mis, un temps, l’existence de l’empire en péril. Les provinces frontières avaient été ravagées par la guerre et par les invasions. Les coups de force avaient succédé, pendant des décennies, aux usurpations et aux séditions militaires. Entre 235 et 284, une cinquantaine d’empereurs se succédèrent ou se disputèrent la tête du monde romain. Il faut dire que les invasions causèrent essentiellement des dommages à long terme aux bases fiscales des provinces, amoindrissant la capacité de l'Empire à payer et équiper ses soldats, avec des résultats prévisibles. Les invasions répétées encourageaient les provinces à utiliser la rébellion comme moyen d'autodéfense, en complément des ressources impériales qui s'étaient réduites. Après la mort de l’Empereur Gallien en 268, et grâce à l’action énergique des empereurs-soldats, grâce sans doute aussi à la solidité de la construction impériale, l’Empire parvint à redresser la situation. Les armées impériales rétablissaient la situation aux frontières, un empereur, Dioclétien (284-305) établit la tétrarchie, mettant en avant la bonne entente entre des co-empereurs, mais de 306 à 324, l’Empire fut secoué par une série de luttes fratricides qui se terminèrent par la victoire sans appel de Constantin qui ne néglige pas la défense en avant, mais occupé par les guerres civiles, il met aussi en place une défense en profondeur, choix entériné sur la fin de son règne. Réunifié avec Constantin, l'empire fut à nouveau divisé par ses fils, puis sous les Valentiniens qui connaissent une migration autorisée, celle des Goths Tervinges, qui a été mal contrôlée (376-378), et liée à l’arrivée des Huns, et voient le barrage choisi en Grande-Bretagne se révéler inefficace et ne peuvent empêcher la garnison romaine du mur d'Hadrien, dans le nord de la Bretagne, de se rebeller et de permettre à une confédération de tribus de pénétrer sur le territoire impérial en 367 qui fut repoussée entre 368 et 369, enfin à la mort de Théodose en 395 entre l’Occident et l’Orient, alors que ce dernier avait réussi à écraser les usurpateurs notamment en 383 le général Maximus, commandant des armées bretonnes qui passe sur le continent et s'empare du trône de l'empire d'Occident avant d'être tué par Théodose gouvernant l’Orient en 388, et à réunifier l’Empire à son profit.  


Au Ve siècle, l’effondrement avait été retardé d’un siècle, mais les fissures n’allaient plus cesser de s’agrandir, jusqu’à la chute. Il y eut alors un déclin saisissant du niveau de vie en Occident tout au long des Ve, VIe et VIIe siècles. Tout le monde en fut frappé : des paysans aux rois. C'en est à peu près fini des circuits commerciaux d'une extrémité à l'autre du monde romain. Ils favorisaient la production à grande échelle de biens de très haute qualité et donc l'optimisation des savoir-faire. À cela s’ajoute une fiscalité dévoyée, un exode des villes et la captation de la richesse (et des hommes) par les latifundiaires, la multiplicité des menaces, et la climatologie. Le résultat fut qu'au Ve siècle, l’Empire romain d’Occident et d’Orient devinrent de plus en plus étrangers l'un à l'autre. Ils cohabitent avec des périodes de collaboration et d'autres de tension. Faits décisifs : l'Orient est beaucoup plus riche que l'Occident et Constantinople est un verrou qui interdit aux populations barbares de se répandre dans les provinces orientales, qui restent à la fois prospères et sous son contrôle. Le résultat est que les empereurs d'Orient percevront au Ve siècle des ressources fiscales huit fois supérieures à celles de l'Occident, alors même que c'est sur ce dernier que reposera l'essentiel de l'effort de guerre : exposées en première ligne aux invasions, les provinces sont ruinées par les raids de pillage des Barbares, et elles échappent souvent à l'emprise du gouvernement de Ravenne, du fait d'une succession d'invasions liée à l’arrivée des Huns, dans lesquelles on peut distinguer des migrations non autorisées, repoussées (Radagaise en Italie, 405-406) ou non (les Vandales-Alains-Suèves en Gaule et en Espagne, 407-409); des migrations internes incontrôlables (les Wisigoths de 401 à 418, qui faute  d’obtenir  les  territoires  promis  par  Honorius,  prennent  rome  en  otage  en  410 et s’y livrent pendant trois jours à un pillage en règle, les Vandales de 429 à 439); qui pousse Honorius (mort en 423) à travers un rescrit à informer les chefs locaux de Bretagne qu'ils doivent se défendre eux-mêmes, les raids d’Attila en Orient (441-447) et en Occident (451-452), et d'usurpations notamment celle de Constantin III élevé au rang d'Auguste en 407 en Bretagne qui passa rapidement en Gaule et étendit son influence en Espagne, finalement battu, il fut assassiné en 411, qui mènent à l’extension des royaumes barbares après 455 ou 468, dont les Vandales, qui après la capture de l'Afrique du Nord, bâtissent une véritable thalassocratie dont ni l'Occident ni l'Orient ne peuvent venir à bout, les Francs qui s’installent en Belgique et au nord de la France, les Alamans qui s’établissent en Alsace, les Burgondes qui fuient depuis la Rhénanie en Savoie, puis dans la vallée du Rhône et de la Saône, les Wisigoths occupent le sud-ouest de l'actuelle France, avec l'accord explicite des empereurs romains, incapables de défendre ce vaste territoire, qui s'étend de Poitiers à Narbonne et de Bordeaux à Clermont-Ferrand, et la Bretagne est définitivement abandonnée à elle-même en 446 face aux invasion saxonnes


Pourtant, quand, sous la conduite d’un empereur ou d’un général décidé, l’Empire Romain d’Occident obtenait des peuples barbares le respect des traités au nom desquels ces derniers occupaient le territoire impérial. La plupart du temps, les dirigeants réels en Occident étaient des hommes forts militaires qui prenaient les titres de magister militum, de patricien, ou les deux, comme Stilicon qui tentera d’unifier l'Empire, fit face aux révoltes en Afrique en 398 et en Asie-Mineure en 399 et aux invasions des Wisigoths entre 405 et 406, avant de se faire assassiner en 408, Constance III, général de Honorius, il battit l’usurpateur Constantin III à Arles en 411 et chassa les Wisigoths d’Italie, puis il épousa Galla Placidia, fille de Théodose 1er et sœur d’Honorius en 417, mais il mourut en 421 après être devenu co-empereur, Aetius dont son ascendance entre 433 et 454 n’empêche pas la perte de Carthage, mais est suffisamment forte pour freiner l’attaque d’Attila le Hun en Gaule en 451, ce qui mène son assassinat en 454, Ricimer dont l’influence monte en 455 en aidant Avitus à prendre le pouvoir et il contrôlera l’Empire Romain d’Occident jusqu’en 472 assassinant ses rivaux les plus dangereux (Majorien, et Anthémius) pour rester en place, et Gondebaud nommé patricien par Olybrius en 472, mais quitta cette charge pour des affaire en Gaule en 473. Mais, l'armée d'Occident s'effondre et se trouve remplacée par des fédérés barbares, tandis qu'apparaissent des milices d'autodéfense, alors que l'armée d'Orient parvient à maintenir une armée régulière moins barbarisée malgré une résurgence sous Majorien, avec une tentative de récupération de l'Afrique en 461 qui échoua et mena à son assassinat, et au contrôle de l’empire par Ricimer, et Anthémius nommé empereur en 467 avec une armée d'Orient tenta de reprendre l’Afrique et échoua lui aussi, tout en ne parvenant pas à freiner l’expansion des Wisigoths dans le Sud de la Gaule, malgré l’aide d’un chef de guerre breton Riothamus et des Burgondes en 469, qui finira assassiné par Gondebaud en 472, et malgré une tentative de reprise en main de Julius Nepos empereur entre 474 et 474 en Auvergne, ce dernier est renversé par son magister militum Oreste qui place sur le trône son fils Romulus Augustule. L'Empire romain d'Occident est détruit par l'ingérence des fédérés barbares qui prennent la place de l'armée régulière et commence, malgré des réactions anti-barbares qui au contraire sauvent pour partie l'Empire d'Orient. C’est la période, où commence aussi à se constituer des principautés romaines comme celle de Marcellinus entre 461 et 468 et de son neveu l'empereur d'Occident Julius Nepos entre 468 et 480 en Dalmatie, et d’Aegidius autour de Soissons dans le nord de la Gaule entre 461 et 464/5, qui fut remplacé par son fils Syagrius entre 464/5 et 486, ont rejeté à la fois Ricimer et ses marionnettes et ont maintenu une version de la domination romaine dans leurs régions.

 

Le démembrement rapide de sa partie occidentale a d'autant plus frappé les esprits que l'empire a remporté jusqu'au bout des succès décisifs, notamment contre Attila en 451. Disloqué, le grand corps brisé de l’Empire Romain d’Occident offrirait au siècle suivant le spectacle d’une myriade de principautés germaniques, livrées aux razzias et aux expéditions punitives. Dans les régions où les convulsions de l'Empire mourant avaient rendu légitime l'autodéfense organisée, les États croupions ont continué sous une forme de domination romaine après 476. Julius Nepos prétendait toujours être l'empereur d'Occident et contrôlait la Dalmatie jusqu'à son meurtre en 480. Syagrius, fils d'Aegidius dirigeait le domaine de Soissons jusqu'à son assassinat en 486. Les habitants indigènes de Maurétanie ont développé leurs propres royaumes, indépendants des Vandales, et avec de forts traits romains. Ils recherchèrent à nouveau la reconnaissance impériale avec les reconquêtes de Justinien 1er, et ils opposèrent plus tard une résistance efficace à la conquête musulmane du Maghreb. Les civitates de Britannia ont continué à se tourner vers leur propre défense comme Honorius l'avait autorisé; ils ont maintenu l'alphabétisation en latin et d'autres traits romains identifiables pendant un certain temps, bien qu'ils soient tombés à un niveau de développement matériel inférieur. Cependant, la désintégration de l'Empire, remplacé par une mosaïque de cours germaniques, donna paradoxalement aux Romains vivant dans les provinces une meilleure situation qu'au IVe siècle, où il n'existait qu'une seule cour impériale, souvent lointaine.

 

Pour aller plus loi, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Philippe Richardot, La fin de l'armée romaine : 284-476, Economica, 2005, Guy Halsall, Barbarian Migrations and the Roman West, 376-568, Cambridge University Press, 2007, Christophe Badel, et Hervé Inglebert, Grand Atlas de l'Antiquité romaine : Construction, apogée et fin d'un empire (IIIe siècle avant J-C-VIe siècle après J-C), éditions Autrement, 2014, Michel De Jaeghere, Les Derniers Jours. La Fin de l'Empire romain d'Occident, Les Belles Lettres, 2014, et https://www.lefigaro.fr/vox/histoire/2014/10/17/31005-20141017ARTFIG00353-ce-que-nous-enseigne-la-chute-de-l-empire-romain.php, Bryan Ward-Perkins, La chute de Rome : Fin d'une civilisation, Alma Éditeur, 2014, et https://www.herodote.net/Fin_d_une_civilisation-article-1545.php, et Peter Heather, Rome et les barbares, Histoire nouvelle de la chute de l'empire, Alma éditeur, 2017, et https://www.hervedumont.ch/L_ANTIQUITE_AU_CINEMA/index.php.  

 

 

Merci !

2 commentaires:

  1. bjr me voila pour te souhaiter un bon samedi !!!! et prendre de tes nouvelles , comment vas tu? au havre temps tres humide et le vent est annoncé, on est en vigilance jaune donc je reste bien au chaud , pour moi les courses sont faites pour noel , donc me voila tranquille , je vais continuer en te faisant de gros bisous ton amie nadine

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  2. cibeline49,

    Je vais bien, il fait froid ici, ce qui est normal dans le Nord, nous avons déjà nos cadeaux, la fête de Noël va être superbe, bisous.

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