
Dans l'histoire de l'Église, Pierre est considéré comme le premier pape. Pourtant, rien ne le
disposait à prendre la place du premier
apôtre. Originaire d'une petite bourgade sans prétention située au nord de
la terre d'Israël, il exerce humblement une activité de pêcheur avec son frère André et quelques amis qui lui sont associés. Alors que la région est
dominée par l'Empire romain et que le judaïsme est en crise, le discours
messianique de Jésus le séduit si
bien qu'il décide de le suivre. D'après les évangiles,
c'est Jésus qui donne à Simon le nom de Pierre. Il reçoit aussi la charge du "troupeau" : "Tu
es Pierre, dit le Christ, et sur cette pierre je bâtirai mon Église". Pierre apparaît ainsi comme le
porte-parole des disciples, et leur
chef. Il occupe la première place. Personnage complexe, tiraillé entre son
engagement et ses doutes qui le font renier Jésus après son arrestation. La résurrection du Christ dont il serait un des premiers témoins avec Marie de Magdala et Jacques,
le frère du Seigneur achève pourtant sa conversion : il devient alors le second
de l'Église menée à Jérusalem par Jacques, le frère du Seigneur, mène une
prédication réussie lors de la Pentecôte, puis surveille les communautés hellénistes comme celle de
Samarie avec l’apôtre Jean qui n’ont
pas respecté les accords avec les autorités
religieuses et ont vu Étienne
mourir en 36, voit l’arrivé de Paul de
Tarse entre 38 et 39 dont la communauté
se méfie, mais le laisse faire, car il est secondé par Barnabé, il évite de peu la mort entre 43 et 44 lors de la
persécution d’Hérode Agrippa 1er
contre les leaders chrétiens, et ouvre
le christianisme au monde païen en
convertissant Corneille, en intervenant
lors du concile de Jérusalem (vers l’an 50) et en évangélisant une
partie de l'Orient tout
en dirigeant l’Église d’Antioche et en
surveillant les activités de Paul de
Tarse, se fâchant avec lui à propos du non respect des règles du concile
de Jérusalem à Corinthe. Pierre
achève son parcours à Rome, où la première
communauté chrétienne apparaît vraisemblablement assez tôt, dès les années
40, où, il fut sans soute un «président»
célébrant l’eucharistie (consécration et partage du pain et du vin en mémoire
du dernier repas de Jésus, la Cène) et gérant l’aide sociale selon la
tradition, et il est crucifié au moment des persécutions de Néron, après l'incendie de Rome en 64.

Le 29 juin, on fête aussi la Saint
Pierre (São Pedro), également lors de fêtes populaires organisées
dans différentes localités du pays, dans certaines villes de pêcheurs, comme c'est le cas à Sintra
ou dans d’autres villes comme Évora, deux villes inscrites au patrimoine
mondial. Des processions, des danses et des marches populaires s'organisent
dans les rues, et la musique est omniprésente. Côté gastronomie, sardines grillées, poivrons, pain de maïs, caldo verde et vin sont les principaux ingrédients de la fête. D'ailleurs, Évora a
la particularité de célébrer deux saints populaires; en effet, depuis le XVIe
siècle, elle organise la foire de la Saint Jean, l'une des plus
importantes de la région Sud du Portugal, et commémore aussi la Saint Pierre,
jour férié municipal. Dans les villes côtières comme Póvoa de Varzim, les
processions maritimes honorent Saint
Pierre, le saint patron des pêcheurs,
avec des bateaux décorés défilant le long du rivage. Pendant cette fête, c'est
aussi la tradition de sauter par-dessus un feu de bois et d'offrir à l'élu(e) de son cœur des pots de basilic
à l’odeur aromatique, ornés de petits papiers colorés sur lesquels sont écrits
quelques vers bien souvent romantiques, vu que ces fêtes sont également
associées au solstice d'été et à d’anciens rites de fertilité. Certaines villes
célèbrent la fête municipale le jour de la Saint-Pierre, comme : Póvoa
de Varzim, Sintra, Montijo, Évora, Castro Verde, São Pedro do Sul, Seixal,
Macedo de Cavaleiros, Ribeira Grande, Felgueiras et Bombarral.

On fête aussi Paul de Tarse. Cet originaire de Tarse, un être qui resta attaché à
ses origines juives faisant sans doute partie des élites provinciales, il vit un judaïsme
engagé, il se passionne pour les débats, très ferme dans ses convictions,
persécuteur de la communauté chrétienne
primitive, il est devenu disciple de Jésus
après la rencontre de Damas qui lui apporte une nouvelle richesse, se comportant
au Ier siècle de notre ère en véritable entrepreneur religieux et il
a sillonné l’Orient romain pour
multiplier les noyaux de croyants. C’est
un savant doué d’un sens évident de la communication, qui acquit une formidable
maîtrise de l’espace politique romain.
Pourtant, l’apôtre connut des échecs qui témoignent de l’autonomie des premières communautés chrétiennes. Les "voyages de Paul" évoluent
avec le temps et l'apôtre y affermira sa réflexion. D’abord à Chypre et en Asie
mineure comme second de Barnabé,
ensuite comme principal envoyé en mission accompagné de nouveaux disciples dans une excursion plus lointaine en Grèce
européenne (Thessalonique, Philippes, Athènes, Corinthe). À ce moment, Antioche
est encore la base arrière de l'activité missionnaire de Paul, mais il est étroitement surveillé par la communauté de Jérusalem à cause de son enseignement hétérodoxe qui
va l’encontre de celui de Jésus. À
ce moment, Antioche est encore la base arrière de l'activité missionnaire de Paul. En vrai stratège, Paul a su composer avec les pouvoirs publics et répondre aux
contestations des autres leaders ecclésiastiques,
il réconforte les chrétiens de
Thessalonique harcelés pour leur foi, il confie aux femmes en Église une
place et un rôle qu'elles perdront rapidement ensuite, milite pour la place des
pagano-chrétiens au concile à
Jérusalem mais c’est l’Église de
Jérusalem qui gagne en imposant la loi
noachique, et également à Corinthe, où il se met en colère contre Pierre qu’il a trompé en ne respectant
pas les règles du concile de Jérusalem, après l'incident et la querelle
avec Pierre, Paul quitte définitivement Antioche pour Ephèse, nouveau centre de
gravité de son activité missionnaire, et plaide chez les Galates en faveur de l'universalité du christianisme mécontent que les missionnaires de l’Église de Jérusalem rencontre du succès chez eux. Afin d’affermir ses communautés tentées par les communautés judéo-chrétiennes, sept épîtres (sur treize) attribuées réellement à Paul, toutes ont été rédigées
(probablement par un collectif de
fidèles, car écrire supposait alors un lourd travail de groupe, sans parler
de la diffusion) autour des années 50, soit vingt ans avant le premier des quatre évangiles. Revenu
à Jérusalem en 58, il est arrêté par les autorités
du Temple et enfermé à Césarée par le procurateur
Félix, puis il est envoyé à Rome vers 60 où il est en liberté surveillée,
et il est probablement mort décapité autour de 62 à Rome par l’empereur Néron qui se débarrasse d’un
chef de secte.

La Saint-Paul est célébrée durant
ce mois des saints populaires. Durant cette période, les rues se
décorent de couleurs et de basilic, avec des fêtes liturgiques et des
pèlerinages organisés par l'Église.
Pour allers plus loin, je vous conseille
ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Marie-Françoise Baslez, Saint
Paul, Fayard/Pluriel, 2012, et https://www.persee.fr/doc/dha_0755-7256_1992_num_18_1_1998, Christophe Dickès, Saint Pierre : Le mystère et l'évidence, Paris, Perrin, 2021,
et https://www.histoire-et-civilisations.com/thematiques/antiquite/saint-pierre-le-premier-pape-88032.php, Daniel Marguerat, Paul de Tarse : L'enfant terrible du christianisme, Seuil, 2023,
https://www.histoire-et-civilisations.com/thematiques/antiquite/quand-les-eveques-de-rome-netaient-pas-les-seuls-papes-68826.php, https://www.la-croix.com/Religion/saint-pierre-apotre#voirplus, https://www.portobay.com/fr/blog-in-portobay/saints-populaires-au-portugal/, https://www.tourmag.com/Juin-le-mois-des-fetes-populaires-_a122760.html, et https://www.visitportugal.com/fr/content/fetes-des-saints-populaires.
Merci et bonne Saint Pierre et Saint
Paul !
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