
Ce conte
a en fait survécu très longtemps. Issue du folklore médiéval, elle a inspiré un
vers de Goethe, Der Rattenfänger; une légende des frères Grimm, Les Enfants
de Hamelin; et l'un des poèmes
les plus célèbres de Robert Browning,
Le Joueur de flûte de Hamelin.
Il existe peu de preuves de ce qui aurait pu se passer à Hamelin, une ville du
nord de l'Allemagne. Un vitrail, réalisé vers 1300 et conservé jusqu'au XVIIe
siècle dans l'église du Marché (Marktkirche), semble faire allusion à un
événement où des enfants étaient en
danger. Ce n'est qu'en 1384 que nous obtenons un récit plus précis, celui-ci
tiré de la chronique de la
ville. La brève mais inquiétante entrée de cette année-là indique : «Cela fait 100 ans que nos enfants sont
partis.» Une autre référence provient d'une chronique latine de la ville allemande de Lunenberg. Bien
que rédigée au XIVe siècle, cette chronique semble avoir ajouté une
page de texte supplémentaire entre 1430 et 1450 ajoutant un beau jeune homme jouant d’une flute
d’argent majestueuse flûte emmenant 130
enfants hors de la ville de Hamelin (Hameln en allemand), dans le nord de
l'Allemagne qui le suivirent à l’Est puis disparurent et on ne trouva plus
trace d’eux. Depuis les habitants
comptent les années après la disparition de leurs enfants. Compte tenu de la date, le joueur de flûte aurait pu simplement les conduire à la fête de la Saint-Jean.
Le récit fut évoqué à plusieurs reprises et copié à la fin du XVIe
siècle. Les textes anciens ne
faisaient aucune mention des rats,
mais au fil du temps, l'histoire s'est développée : le joueur de flûte (vêtu de vêtements pie – ou colorés) réussit à
débarrasser la ville d'une abondance de rats,
mais emmena les enfants pour se venger du refus des habitants de le payer. Le nom allemand du personnage, Der Rattenfänger von Hameln, fait
référence à cet aspect.

Le mystère du sort des enfants a donné lieu à de nombreuses
recherches et théories. Dans son ouvrage de 2005, The Pied Piper: A Handbook, Wolfgang Mieder résume sept théories, tandis que le site web de la
ville elle-même renvoie à une liste de dix-sept. Parmi celles-ci figurent le
fait que les enfants se sont tués en
dansant, phénomène d'hystérie collective connu sous le nom de danse de la Saint-Guy,
une mort par peste, une croisade vers Jérusalem de 130 enfants d’Hamelin en 1212 conduite par Nicolas de Cologne, et plusieurs variantes de l'idée d'une émigration
vers l'est dans le cadre d'une colonisation allemande plus vaste en
Europe de l'Est puisque les noms de
famille Hamelin commencent à apparaître avec une fréquence notable dans les
nouveaux territoires allemands hors de Berlin. Les temps étaient durs, les gens étaient pauvres et ce musicien haut en couleur offrait des
opportunités aux enfants et une
bouche de moins à nourrir aux familles.
Des documents attestent de l'utilisation de cette tactique en Allemagne à
l'époque. La Transylvanie a notamment été suggérée comme destination finale,
notamment par les frères Grimm dans
leur Deutsche Sagen de 1816,
ce qui a largement contribué à populariser l'histoire. Robert Browning fut l'auteur le plus important à avoir popularisé
l'histoire du Joueur de flûte dans
le monde anglophone avec son poème de 1842. Ce poème perpétue également l'idée
que les enfants finirent par se
retrouver en Transylvanie. Plus tard au XIXe siècle, le poème de Browning fut introduit dans le monde de l’édition commerciale dans une édition illustrée par Kate Greenaway.
Pour aller plus loin, je vous conseille
ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Michèle
Lefort,
La verdadera historia del flautista de Hamelin, recréation, de Robert Browning
et Samivel à Álvaro Mutis [article], dans América.
Cahiers du CRICCAL 23, 199, pp. 161-173, https://eu.journalstandard.com/story/news/2021/01/04/moderow-moment-real-pied-piper-hamelin/4127799001/, https://languagecollections-blog.lib.cam.ac.uk/2024/03/19/the-mystery-of-the-pied-piper/, https://www.bbc.com/travel/article/20200902-the-grim-truth-behind-the-pied-piper, et https://www.medievalists.net/2023/06/pied-piper-abduction/.
Merci !
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