Amis

lundi 30 décembre 2024

Les imposteurs Romanov, une longue liste, et Anna Anderson sort du lot


Figure mythique de la culture russe, la princesse Anastasia fascine toujours autant. Une héroïne incarnée par Ingrid Bergman dans le film Anastasia diffusé le vendredi 27 décembre et le dimanche 29 décembre 2024 sur Arte, sorti bien avant le dessin animé culte des années 90, et s’inspirant de l’histoire d’Anna Anderson

 

Le 17 juillet 1918, les membres de la dernière famille impériale de Russie disparaissaient, assassinés. La fin des Romanov a été un traumatisme. D’ailleurs, nous n’avons pas disposé de toutes les informations tout de suite. Par exemple, on a su très tardivement que Lénine, premier président de l’URSS (fondée en décembre 1922), avait confirmé l’ordre d’exécution à Moscou de la famille impériale par un télégramme. À l’époque, la fin de la Première Guerre mondiale représentait un bouleversement gigantesque et sans précédent. La mort de certain d’entre eux est à l’origine de nombreuses légendes, procès et autres complots. Le défilé des imposteurs commença avec un faux Alexis à Oms en juin1919, un adolescent audacieux qui croisa malheureusement la route de Pierre Gilliard, l’ancien précepteur du tsarévitch, lequel dénonça la supercherie, et  la même année, on signala une femme qui se faisait passer pour la tsarine – à laquelle, elle ressemblait étrangement – réfugiée dans un couvent au cœur de la Russie, mais confondue, elle se fit jeter en prison. On signalera aussi divers Nicolas II, en Crimée, à Vladivostok et jusqu’au Japon. Quelques autres «Alexis» apparaitront,  qui ne seront pas crus, dont le plus fameux est Eugène Ivanoff, né en Pologne, qui, au milieu des années 1920, à peu près au même moment qu' Anna Anderson, a annoncé qu'il était le tsarévitch Alexis disparu, il a suscité une attention considérable, et d’autres grandes-duchesses sans plus de succès qui ont également affirmé être les filles du tsar, Maria, Tatiana ou Olga. Une femme répondant au nom de Marga Boodts, installée en Italie, prétendit longtemps être la fille aînée du tsar, Olga, sans convaincre les historiens qui a tout fait pour ruiner la crédibilité d’Anderson, écrivant un livre qui raconte l’histoire de sa famille, mais il n’a jamais été publié, elle mourut en 1976 dans une profonde solitude, refusant de recevoir les journalistes, ou encore Ceclava Czapska, prétendument la Grande Duchesse Maria de Russie, prise sous la protection de la Reine Marie de Roumanie en 1919, elle a reconnu officiellement l’authenticité des prétendantes susmentionnées Anna Anderson et Marga Boodts (elle connaissait cette dernière en personne), elle est décédée en 1970 à Rome, et Maddess Aiort (décédée en 1982) qui était une femme qui prétendait être la grande-duchesse Tatiana Nikolaïevna de Russie à partir de 1937 qui ne fut jamais prise au sérieux, cependant, une exception concerna la grande-duchesse Anastasia, même si Eleonora Krueger (1901-1954), a prétendue être la Grande-Duchesse dans un village bulgare, où elle vivait avec George Zhudin (?–1930), qui prétendait être Alexis, ou encore Nadezhda Vasilyeva (? -1971), une femme souffrant de troubles mentaux qui a passé des années dans des établissements psychiatriques et des prisons en URSS et s'est finalement affamée à mort dans une prison hôpital psychiatrique de l'île de Sviyazhsk, aujourd'hui Tatarstan, en Russie, la benjamine des quatre filles du tsar, incarnée par Anna Anderson et qui divisa les spécialistes

 

En 1920, une jeune femme est repêchée dans un canal berlinois après avoir tenté de mettre fin à ses jours, on l’interne dans un hôpital psychiatrique, après s’être longtemps tue dit s’appeler Anna Anderson, et finit par révéler en 1922 qu’elle est la grande–duchesse Anastasia, mais la plupart des proches et des parents d’Anastasia (notamment les quatre tantes d’Anastasia) n’hésitent pas à crier à l’imposture en 1928, d’ailleurs elle ne parle pas le russe, qui devrait être sa langue maternelle, seul la princesse Xénia de Russie et le grand-duc André soutienne qu’elle est Anastasia avec ses premiers et principaux soutiens que sont Tatiana et Gleb Botkin, les enfants du médecin personnel de la famille impériale, assassiné par les communistes aux côtés de la famille du tsar en 1918, les familiers sont partagés, mais quelques uns doutent et s’interrogent, et se demandent si elle n’est pas Anastasia, d’autant plus qu’elle persiste dans sa version des faits, car certains devaient savoir qu’il y avait de l’argent sur un compte en banque ouvert par le tsar en 1914 pour Anastasia Romanov, et bien que le frère de la tsarine, le grand-duc de Hesse a fait établir par des détectives qu’elle se nomme Franziska Schanzkowska, une ouvrière  polonaise aux lourds antécédents psychiatrique suite à la mort de son fiancé au front lors de la première guerre mondiale et à un accident dans l’usine de munitions pour laquelle elle travaillait à l’époque, évitant une explosion et perdant la mémoire, et qui s’est échappé d’un asile. Il organise même une rencontre avec son frère Félix, qui la reconnaît mais il avait choisi de la laisser à sa nouvelle vie, qui était bien plus confortable que toute autre alternative. Devenue Anna Anderson après son exil aux États-Unis entre 1928 et 1932, où elle a de nombreux soutiens et visite plusieurs sanatoriums et au moins un hôpital psychiatrique, du fait qu’elle a fait des crises de colère violentes en public à plusieurs reprises, a tué sa propre perruche et a couru nue sur les toits, elle reviendra après guerre en Europe, cela ne l’empêche pas de faire un procès en Allemagne pour qu’on la reconnaisse comme Anastasia en 1938 face à ceux qui l’accusent d’être une ouvrière polonaise mythomane douée pour la comédie, elle finit déboutée, elle fait appel, mais la guerre ne permet que ce second procès qu’en 1957 à Hambourg, où elle ne réussit pas à faire mieux. Les années 1940, voient aussi le prince Michael Romanoff, restaurateur à succès de l’âge d’or d’Hollywood transformer ses affirmations manifestement fausses en une «glorieuse fraude fastueuse», surnommé «le plus merveilleux menteur des États-Unis du 20e siècle» par le magazine Life, mais a assez de succès pour que dans les années 1950 et 1960, son restaurant le «Romanoff’s» devienne le lieu à la mode. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, un prince allemand aida Anna Anderson à s’échapper de la zone d’occupation soviétique et à traverser sans encombre la France occupée, où elle séjourna dans une caserne militaire et devint une sorte d’attraction touristique. Les amis des tsars continuèrent à lui rendre visite, certains la reconnaissant comme Anastasia, d’autres la dénonçant, notamment le précepteur anglais des enfants impériaux  qui déclara qu’elle ne ressemble en rien à la véritable grande-duchesse Anastasia.

 

Au début des années 50, la légende était vivace et troublante. En France, Marcelle Maurette, auteur dramatique spécialiste des héroïnes historiques et mythiques (Manon Lescaut, Marie Stuart, Mme Capet, la reine Christine), écrivit une "pièce-féérie", Anastasia, en fait un drame piradellien inspiré de l'histoire d'Anna Anderson. Jouée d'abord à New York et à Londres, cette pièce fut créée à Paris, au Théâtre Antoine, le 8 novembre 1955, avec Juillette Greco dans le rôle-titre et Lucienne Bogaert dans celui de l'impératrice douairière. Berlin, en 1937, trois exilés russes, dont un certain Bounine (Jean Le Poulain), avaient créé une société pour exploiter la crédulité des partisans des Romanov et mettre la main sur l'héritage. Une inconnue amnésique, façonnée par eux, jouait le rôle d'Anastasia, se prenait au jeu, convainquait de sa survie la vieille impératrice, sa grand-mère. Mais, réclamée comme sa compagne par un ouvrier venu d'URSS, elle partait avec celui-ci, qui l'avait "reconnue sans hésiter." Pour autant, on ne savait pas qui elle était. Anastasia connut un succès triomphal dans le monde entier. Si les corps des époux impériaux et de leurs cinq enfants ont été depuis formellement identifiés, en 1956, le mystère Anastasia demeure Sorti en salles, le long métrage Anastasia d’Anatole Litvak, est une œuvre  hollywoodienne de grande classe, riche de décors somptueux, Anastasia se distingue par l'excellence de son interprétation puisqu’ aux côtés d'un Yul Brynner ténébreux et magnétique, la Suédoise Ingrid Bergman touche au cœur en incarnant une jeune femme tourmentée dans une prestation forte qui lui a valu de décrocher l'Oscar de la Meilleure actrice, alors qu'Alfred Newman, pour sa superbe partition, était quant à lui nommé dans la catégorie Meilleure musique. En 1956, en Allemagne, Falke Harnack avait tourné une Anastasia, la dernière fille du tsar avec Lilli Palmer et... Ivan Desny. Ce film n'a pas été distribué en France.  Dans les années 1950, Anna Anderson s'installe dans un petit village de  la  Forêt-Noire en Allemagne et devient recluse et accapareuse, vivant dans une maison délabrée avec 60 chats.

 

Beaucoup plus tard, en 1957 après le film d’Arnold Litvak,  elle raconte son histoire dans un ouvrage au titre sans ambigüité : Moi, Anastasia… Il faut dire que d’autres candidates sont sur les rangs. Dans le récit Son Altesse Impériale Anastasia Nikolaïevna de Russie, paru en 1963, son auteure, Eugenia Smith, l'assure à son tour. Elle raconte avoir été secourue après avoir perdu connaissance la nuit des exécutions, avant de s'être réveillée dans la cave de la villa Ipatiev. D'autres femmes, nommées Natalya Bilikohdze, Eleonora Kruger, ou Nadezhda Vasilyev, ont aussi prétendu, au cours du XXe siècle être la fille Romanov, et cela, dans l'espoir d'approcher la fortune de la famille impériale. D’autres imposteurs Romanov viennent aussi comme Michael Goleniewski qui était un officier polonais et un agent du contrespionnage qui a coopéré avec le KGB à la fin des années 1950 et a fait défection pour la CIA en 1961, a déclaré un peu plus tard être le tsarévitch Alexis, il a rencontré l’impostrice Eugenia Smith, prétendant qu’elle était sa sœur. Celle-ci lui a rendu la pareille, reconnaissant Goleniewski comme son petit frère. Cependant, les papiers de Goleniewski prouvent qu’il est né en Pologne 18 ans après la naissance du tsarévitch Alexis. Goleniewski s’est battu jusqu’au bout pour recouvrer sont soit disant «vrai» nom. Il est décédé en 1993 sans y être parvenu. En 1965, la comédie musicale Anya, qui s'appuie sur la pièce de théâtre de Maurette est lancée. En 1967, Kenneth MacMillan fait jouer le ballet Anastasia, utilisant l'autobiographie d'Anderson comme base d'inspiration. Cette dernière fait un troisième procès toujours à Hambourg en 1967 qui se solde aussi par un résultat négatif, et un dernier procès se déroule à Karlsruhe en 1970 qui confirme qu’elle n’est pas Anastasia. En 1968, Suzanna Catharina De Graaff déclare au Daily Telegraph qu'elle est la fille secrète de Nicolas II et d'Alexandra. Ses affirmations sont soutenues à la fois par Anna Anderson et Marga Boodts. Émigrée aux États-Unis en 1968 grâce à son premier et fidèle soutien, Gleb Botkin, qui lui vient en aide, Anna Anderson s’est remariée avec le professeur d’histoire Jack Manahan, de vingt ans plus jeune, qui l’appelle «l’excentrique la plus appréciée de Charlottesville», et y demeure jusqu’à sa mort le 12 février 1984 d’une suite d’une pneumonie, et malgré la richesse de Jack Manahan, ils vivent ensemble dans la misère, tandis qu’en 1977, Heino Tammet décède en Colombie-Britannique, au Canada et le nom d'Alexei Tammet-Romanov est inscrit sur sa tombe, et en 1978, Royce Ryton écrit I Am Who I Am sur Anna Anderson, la présentant comme une personne digne mais victimisée par l'avarice et les peurs de son entourage.   et elle est de nouveau internée en 1983, ce dernier l'a fait sortir de l'asile et a conduit à travers la pendant des jours jusqu'à ce qu'une alarme de la police de 13 États la ramène à l'établissement. Peu importe son identité, elle se fait tout de même enterrer sous le titre de "Son Altesse Impériale Anastasia de Russie". En 1986, Marvin J. Chomsky a réalisé pour la télévision Anastasia, the Mystery of Anna, avec Amy Irving, Olivia de Havilland, et Omar Sharif. En 1988, un nouveau candidat pour Alexis voit le jour en Vasily Filatov, dont la revendication est venue d'Astrakhan, en Russie, peu de temps avant sa mort la même année. Larissa Tudor n'a jamais prétendu être Tatiana, la deuxième fille de la famille Romanov, mais des rumeurs sont apparues après sa mort, quand elle mourut en 1927, elle laissa son mari Owen qu’elle épousa en 1923 avec un grand héritage; ses origines étaient inconnues, c’est Michael Occleshaw dans un livre en 1993 où il avança qu’elle était Tatiana qui aurait échappé et comment elle aurait pu être connue sous le nom de Larissa, bien que sa théorie ait été plus tard réfutée.

 

En mai 1979, les restes de la famille Romanov sont retrouvés par deux archéologues amateurs. Il faudra attendre 1989 pour que leur trouvaille soit publiquement révélée. En juillet 1991 sont exhumés les corps de Nicolas II, de son épouse et de trois de leurs filles. Pour conduire des tests, on se sert de l’ADN du prince Philippe, mari de la reine d’Angleterre, dont la grand-mère était la sœur de la tsarine. L’authenticité des corps est prouvée. En 1994, on compare les prélèvements avec un morceau d’intestin prélevé sur Anna Anderson en 1971. Le résultat est négatif. À l’inverse, ceux conduits avec le petit-fils de Gertrude Schanzkowska, la sœur de Franziska Schanzkowska, s’avèrent concluants. Anna Anderson n’était pas la fille du dernier tsar de Russie, mais bien une ouvrière polonaise. Cela n’empêcha pas en 2002, dans une vidéo diffusée de Natalya Petrovna Bilikhodze,  âgée de 101 ans, de prétendre être Anastasia et qu'elle retournerait bientôt en Russie depuis la Géorgie pour réclamer sa fortune, malheureusement, au moment où la vidéo a été diffusée, elle était morte depuis deux ans, un garçon russe, Anatoly Ionov (né en 1936) de prétendre être le fils d'Anastasia, et en 2004, Mamie Alina, mystérieusement arrivée en Afrique du Sud et qui aurait dit à sa famille là-bas qu'elle était une princesse», d’amener son petit-fils à tenter de prouver cette affirmation croyant qu’elle était Anastasia. Il manque alors des traces du corps de son frère Alexis et de sa sœur Maria. Ce qui permet en 1998, la publication de L'Évasion d'Alexi, qui tente de prouver qu'un employé de l'aéroport de Leningrad est le petit-fils du tsar, et Michael Gray (alias William Lloyd Lavery) dit dans le livre Blood Relative qu’il a été adopté lorsqu'il était enfant, il a ensuite «compris» que ses vrais parents étaient évidemment Alexis Romanov, qui avait échappé à l'exécution, et la princesse Marina, duchesse de Kent, qu'il avait épousée en secret. Leurs ossements seront finalement retrouvés lors de fouilles en juillet 2007, comme le confirmera un communiqué en janvier 2008. Les tests ADN prouveront que Ceclava Czapska n’était pas la grande duchesse Maria. On notera qu'une version animée de cette histoire a vu le jour en 1998 : produit par les studios Fox Animation et réalisé par Don Bluth et Gary Goldman, Anastasia est porté, dans la version originale, par les voix de Meg Ryan et John Cusack qui reprend à peu près la même intrigue que le film de 1956 pour ce dessin animé en Cinema-Scope produit par Dreamworks, concurrent des studios Disney mais l’histoire apparaît astucieuse et captivante. On ne peut que savourer les décors flamboyants, les scènes d’action échevelées, les séquences romantiques et la jolie présence des personnages. Cette adaptation animée va inspirer une comédie musicale Anastasia créée en 2012, jouée à Hartford en 2016 et à Broadway en 2017. Enfin, le jeu vidéo Assassin's Creed Chronicles en 2016, fait d’Anastasia dernière survivante de la famille Romanov, où après son émigration secrète en Allemagne, elle prend le nom d'Anna Anderson.

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Pierre Bellemare, et Jean-François Nahmias, La Terrible vérité, Albin Michel, 2009, Frédéric Rouvillois, Le Collectionneur d'impostures, Flammarion, 2010, Jean-Christophe Buisson, XV. Anastasia : une étrange affaire, Les énigmes de l'Histoire du monde sous la direction de Jean-Christian Petitfils, Perrin, 2021, page 277 à 294, Bernard Lecomte, Les secrets du Kremlin (édition revue et enrichie) : 1917-2022, Perrin, 2022, https://assassinscreed.fandom.com/fr/wiki/Anastasia_Nikola%C3%AFevna_de_Russie#Sauver_par_Orelov, https://fr.wikipedia.org/wiki/Anna_Anderson, https://qz.com/emails/quartz-obsession/1674908/romanov-impostors, https://telegrafi.com/en/almost-everyone-has-seen-the-movie-anastasia%2C-but-what-is-the-real-story-behind-the-deception-and-the-mysterious-disappearance-of-the-daughter-of-the-tsar-of-Russia/, https://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=1000118095.html, https://www.geo.fr/histoire/quelle-est-la-veritable-histoire-de-la-grande-duchesse-anastasia-romanov-214773, https://www.mentalfloss.com/article/66273/6-people-who-claimed-have-been-romanovs, https://www.igorcarlfaberge.com/faux-romanov-quatre-personnes-qui-se-sont-dit-de-sang-royal/, https://www.messynessychic.com/2023/06/09/the-princess-pretenders/, https://www.nouvelobs.com/la-boite-a-bouquins/20220715.OBS60968/mike-romanoff-faux-grand-duc-de-russie-devenu-restaurateur-prefere-du-tout-hollywood.html, et https://www.reelclassics.com/Articles/Films/anastasia-article.htm.

 

Merci !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Qu'allons nous voir ici ?

Ce blog s'intéressera avant tout à la question de l'historicité du roi Arthur durant les Dark Ages, une période de grands changeme...