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vendredi 27 décembre 2024

La Saint Jean, un saint aux multiples identités et une célébration originale portugaise


Aujourd’hui, nous fêtons Jean l’évangéliste dont le texte est souvent tenu pour difficile. En réalité, ce saint est composite, car il mélange l’apôtre Jean, le disciple que Jésus aimait, et le ou les rédacteurs des évangiles et des épîtres selon Jean, et enfin de l’Apocalypse. C’était la période où on faisait un un feu de joie et durer la grosse buche mise durant Noël.

 

Commençons d’abord par  l’apôtre Jean, membre des Douze, fils de Zébédée et de Salomé, et frère de Jacques, un autre des douze apôtres, qui avait avec  lui et son père une grande entreprise familiale avec des employés (Marc 1,20), qui furent d’abord disciples de  Jean-Baptiste et furent appelés par le Christ parmi les disciples de Jean, avec Pierre et André, à devenir ses disciples (Jean 1,35-42), puis il suivit Jésus avec son frère Jacques et ont été qualifiés de «fils de tonnerre» par (Marc 3,17), et il fait partie de plus épisodes importants de la vie de Jésus au sein de son entourage intérieur avec Pierre et Jacques (Marc 1,19-20 ; 1,29-31; et 5,37-43, où il présent avec Pierre et Jacques à la résurrection de la fille de Jaïre; 9,2-9 où il est présent à la Transfiguration de Jésus avec Pierre et son frère, 9,38 où ils demandent avec Jacques à Jésus d’interdire à homme de chasser les esprits au nom de Jésus, un événement qui montre la radicalité des deux frères avec l’épisode où il s'est énervé face à l'hostilité d'un village samaritain (Luc 9,54); 10,35, où ils menacent sa position avec son frère sur les dix autres apôtres en cherchant une position privilégiée dans le futur royaume, 13,3-4 où il demande à Jésus sur les événements à venir; et 14,33 où il est présent jardin de Gethsémani avec Pierre et Jacques), et après la résurrection de Jésus et la Pentecôte, fut considéré comme un apôtre de premier plan secondant Pierre (Actes 3,1-3, où il est avec Pierre à la guérison de l'homme boiteux, 4,11, où il été arrêté et mis à l'épreuve avec Pierre par les autorités du Temple; 6,13 où les Douze choisissent les sept pour diriger le mouvement helléniste, 8,14- 25 où ils enquêtent sur la réception par les Samaritains de la Parole de Dieu par les Hellénistes) et un «pilier» de la congrégation messianique de Jérusalem (Galates 2,9) considéré comme l’une des trois colonne avec Jacques et Pierre, remplaçant sans doute son frère exécuté entre 43 et 44, sans doute fut-il envoyé en mission en Asie mineure, où il laissa une communauté à Éphèse pour contrer les enseignement hétérodoxe de Paul et mourut sans doute à Jérusalem lors du siège de la ville par les Romain entre 66 et 70.

 

Puis voyons ensuite, le disciple que Jésus aimait, mentionné à la dernière Cène (Jean 13,23-26), à la croix où il a reçu l'ordre d'emmener la mère de Jésus chez lui (19,26, 27), au tombeau vide (20,2-10), et au lac de Tibériade où il a été le premier à reconnaître le Jésus ressuscité (21,7), et sa proximité avec Jésus semble montrer que c’est un membre de sa famille, sans doute Jacques, le frère du seigneur, dont se référaient les communautés chrétiennes d’Asie Mineure, sans doute celle d’Éphèse où Paul séjourna trois ans (52-54), et il y a envisagé l’évangélisation des provinces romaines d’Asie, et dont les envoyés chrétiens de la communauté de Jérusalem sous l’autorité de Jacques le frère du Seigneur après le départ de Paul réussirent à reprendre en main la communauté chrétienne d’Éphèse et n’eurent pas les problèmes de Paul avec la synagogue de la ville, et enfin, le rédacteur de l’évangile qui est en réalité le fruit de plusieurs auteurs successifs dans la tradition de l’apôtre Jean qui s'adressent à des communautés chrétiennes en cours de constitution entre les années 60 et 90 en Asie, des lettres qu’on prête pour Jean 2 et 3 à un ancien nommé Jean  vers 110 sans doute originaire d’une communauté chrétienne d’Éphèse qui sont adressée à une Église, et à un certain Gaïus, et Jean 1 à un auteur anonyme postérieur entre 100 et 110 sans doute d’une communauté originaire d’Éphèse, et de l’Apocalypse écrite par un homme qui se nomme Jean à Patmos mais qui ne se qualifie jamais d'apôtre entre la mort de Néron et Domitien (68-96), dans laquelle à travers un récit imagée on voit la survie de l’Église face aux persécutions romaines.

 

Saint Jean l’évangéliste a le droit à une fête en son honneur au Portugal, celle de la Festa dos Moços, à Constantim. Elle se déroule entre le 27 et le 30 décembre, dédiée à Saint Jean l'Évangéliste, la Bielha et le Carocho comme figures rituelles, faisant leur première apparition publique lorsque le feu de joie est allumé. Le 27 décembre, après la célébration dans l’église qui ne dure qu'une heure, le temps de l'Eucharistie, se déroule tout au long de la matinée le rituel d'«invitation», c'est-à-dire la collecte et la visite officielle à tous les habitants du territoire. Le jour de la fête, deux hommes masqués, Carocho et Bielha, accompagnés de pauliteiros (des hommes masqués) et des joueurs de cornemuse, sont guidés par des majordomes à travers les rues du village pour réaliser ce rituel : offrant des lupins (légumineuse comme le soja, le pois ou la fève) et des châtaignes bouillies, ils vont de maison en maison pour collecter l'aumône, en retour avec la danse lhaço demandée par les résidents. Pour le Carocho, tous les contretemps sont permis tout au long du parcours. La ronde de collecte se termine en fin de matinée, après quoi une messe est célébrée, au cours de laquelle les pauliteiros dansent le «Señor Mio» et une fois la procession terminée, ils dansent une bonne partie de leur répertoire dans le sacré. La nuit se termine par un bal populaire et, le lendemain, le grand repas communautaire a lieu pour les habitants du pays où la viande fumée est reine, après quoi les majordomes se réunissent pour rendre les comptes et accomplir le rituel secret de la transmission du témoignage de l'année suivante.

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Marie-Françoise Baslez, Bible et histoire : Judaïsme, hellénisme, christianisme, Gallimard, 1998,  Jean-Marie Mayeur, Luce Pietri, André Vauchez, et Marc Venard, Histoire du Christianisme 1 : Le nouveau peuple (des origines à 250), Desclée,  2000, Yves-Marie Blanchard, Saint Jean, Editions de l'Atelier, 2007, Joseph Le Minh Thong, Qui est le disciple que Jésus aimait, éditions du cerf, 2019, Bernard Quilliet, Jean l'évangéliste, Tallandier, 2022, https://bibleinterp.arizona.edu/articles/2017/12/kok418025, https://lifecooler.com/artigo/atividades/festa-das-morcelas-ou-da-mocidade/420882, https://museudamascara.cm-braganca.pt/pages/121, https://www.cm-mdouro.pt/eventos/evento/em-tempos-de-solsticio-30, et https://www.universalis.fr/encyclopedie/ecrits-johanniques/

 

Merci et bonne Saint Jean d’hiver !


2 commentaires:

  1. Bonsoir
    J'espère que tu vas bien
    Je te souhaite une agréable fin d'année
    bon week-end
    Gros bisous Brigitte

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  2. PeTiTe-Fleur,

    Je vais bien, passe toi aussi une agréable journée, gros bisous.

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