
Aujourd’hui nous fêtons Étienne, traditionnellement considéré
comme le premier martyr chrétien (Actes 6-8). Membre des Hellénistes, des juifs de langue grec, doté d’un groupe dirigeant de sept personnes dans lesquels se trouve un prosélyte, paraissent avoir pris à
l'égard du judaïsme une attitude
tout autre que les Douze et la famille de Jésus dans la hardiesse de
la polémique contre le culte du Temple et contre toute limitation locale du
culte, et dans lesquels se dégagent Philippe
et Étienne. Étienne sans doute le
leader du groupe, est une personne
charismatique, un thaumaturge inspiré, qui tient des propos radicaux contre le Temple et la Loi amenant un conflit dans les milieux juifs hellénisés, et sa lapidation fait suite à un lynchage
populaire que n’a pu éviter le Sanhédrin
en 36 pendant la vacance du siège du préfet
de Judée. Les judéo-chrétiens ne
paraissent avoir été inquiétés par les autorités
juives de Jérusalem, car ils respectaient leurs accords pris entre l’an 33
ou 34. Cependant, la persécution d'Étienne
est à l'origine même de la mission chrétienne : les «hellénistes» ont
inauguré la mission en se rendant en Samarie (Actes 8 et Jean 4).
La figure d'Étienne comme proto ou premier martyr apparaît surtout à partir du IVe siècle :
les écrits antérieurs (par
exemple ceux de Tertullien et d'Origène) insistent plutôt sur son
caractère de prophète inspiré, et un
calendrier de Nicomédie en 360
place sa fête le 26 décembre. Son culte a été bien aidé par la découverte des
reliques d'Étienne dans le village
palestinien de Kefar Gamala en décembre 415 par un prêtre nommé Lucien, et de sa rapide diffusion en
Méditerranée orientale et occidentale en faisant venir le reliques d'Étienne à Constantinople par Pulchérie en 421, puis leur transfert à
Rome en 589.

Le 26 décembre, jour de la Saint
Étienne vient se greffer des traditions
portugaises typiquement locales. Un autre exemple presque aussi ancien
que l'histoire de Trás-os-Montes est la tradition du «Chocalheiro da Bemposta», qui combine des manifestations
païennes, chrétiennes et profanes, avec le diable
descendant dans les rues vêtu de noir, avec un masque écarlate et noir à deux
cornes, une orange coincée dans chaque corne et aussi une barbiche. Cette
tradition vient d'une légende selon laquelle le diable aurait tenté de séduire Notre-Dame
alors qu'elle «attendait» la
naissance de l'Enfant, et, en guise
de punition, il aurait été condamné à mendier l'aumône pour elle et son fils. Avec des hochets bruyants, pour mieux s'annoncer au
passage, le Chocalheiro descend dans
la rue à deux reprises: le 26 (pour demander l'aumône à Notre-Dame) et le premier janvier (pour demander l'aumône, cette
fois-ci, pour l'Enfant). Une autre
tradition qui semble à première vue inhabituelle à la période de Noël
est le «Magusto da Velha», une
«pluie» de châtaignes du haut de
l'église principale qui est célébré chaque année à Aldeia Viçosa, à quelques
kilomètres de Guarda. La légende du XVIIe siècle raconte qu'une riche dame du village fit don de ses
terres à la paroisse. En échange, il exigeait que la population se réunisse au moment de Noël pour prier le Notre Père en mémoire du
bienfaiteur et offre 150 kilos de
châtaignes qui seraient jetées du haut du clocher de l'église. C'est pourquoi
le 26 décembre, à côté du grand feu de joie (le Madeiro), il y a une grande fête. Environ 150 kg de châtaignes sont projetés
depuis le clocher de l'église principale. Autrement dit, il «pleut» des châtaignes pour la population, qui les mange avec le vin nouveau servi en souvenir de cette dame – la vieille – dont le nom
est inconnu.

Les Caretos de Varge et d’Ousilhão continuent. Le
26 est dédié à Saint Étienne, patron
des garçons avec la messe en son
honneur. Pendant le déjeuner, a lieu l'élection des nouveaux majordomes. Dans le village d'Ousilhão, le 26 décembre, jour
de la Saint-Étienne, au matin, a lieu la Ronde de l'Aube, suivie
d'une visite des quatre jeunes gens
dans toutes les maisons, où ils chantent et dansent en l'honneur du saint et des habitants. Après la visite, suit une messe solennelle en
l'honneur du saint, en présence de tous les acteurs à l'exception des "masques". Pendant la liturgie, le célébrant procède à
la bénédiction du pain. L'après-midi a lieu le rituel de la table de Saint-Étienne,
au cours duquel les pouvoirs sont transférés des majordomes sortants à ceux qui sont sur le point de prendre leurs
fonctions. À la fin, une procession est organisée avec les acteurs principaux, transportés dans la charrette à bœufs, et tout
le monde jusqu'aux maisons des nouveaux
dirigeants, où ils mangent, boivent et dansent... La fête se termine le
soir avec la "blague",
la danse traditionnelle exclusive à ces deux jours de fête. La fête
de Santo Estêvão de Rebordelo est célébrée les 25 et 26 décembre, elle est
également connue sous le nom de fête de Caretos ou Varas. Les personnages principaux sont les caretos et les quatre majordomes qui portent le titre de «rois». Les Caretos portent des costumes aux
couleurs vives, confectionnés à la main. Ils mettent des hochets à leur
ceinture avec lesquels ils font beaucoup de bruit en dansant. Le masque est
fabriqué à partir d’une seule pièce de cuir peint en noir. Les rituels de la fête sont deux
tournées autour du village, la collecte et les Joyeuses Fêtes, la messe, les «encamisadas» et la cérémonie de transmission des
pouvoirs.

La Festa de Santo Estêvão/Festa dos
Caretos dans la ville de Torre de Dona Chama continue le 26 décembre, avec une
cavalcade est organisée avec des ânes,
des caretos et des madamas (les garçons se déguisent en filles
et les filles se déguisent en garçons) qui animent les rues, puis la messe est célébrée et
l'après-midi c’est la représentation.
Il y a un combat entre chrétiens et Maures qui consiste en des combats au
corps à corps simulés et se termine par la défaite des Maures. En 2014, la tradition traditionnelle associée à la fête
religieuse de Saint-Étienne a été réactivée dans le village de Travanca
le 27 décembre. Faisant partie des festivités hivernales des communes de
Vinhais et Terra Fria Transmontana, elles commencent par le retour au village
des majordomes et des joueurs de cornemuse accompagnés des enfants pour demander l'aumône. La
nuit, et à peu près de la même manière qu'autrefois, les plaisanteries se
déroulaient dans un corral, où avaient lieu les combats de paille, le Baile Mandado, la cérémonie
d'aumône et l'apparition des deux Caretos de Travanca. Il s'agit de
la seule fête de la région où se déroule le Baile
Mandado au cours de laquelle les deux
majordomes dictent les débats, indiquant, avec leur bâton et à chaque chant
des cornemuses, qui dansent avec qui.
Pour aller plus loin, je vous conseille
ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Maurice Goguel, XI. — Christianisme
primitif et Nouveau Testament, dans Annuaires
de l'École pratique des hautes études, 41, 1931, pp. 53-56, Oscar Cullmann, Origines du
christianisme, dans Annuaires de
l'École pratique des hautes études, 74, 1965, pp. 124-127, Jean-Marie Mayeur, Luce Pietri, André Vauchez,
Marc Venard (dir.), Histoire du Christianisme 1 : Le nouveau
peuple (des origines à 250), Desclée, 2000, Marie-Françoise Baslez, Persécutions
dans l'Antiquité: Victimes, héros, martyrs, Fayard, 2007, Damien Labadie, L’invention du protomartyr Étienne : Sainteté, pouvoir et
controverse dans l’Antiquité (Ier-VIe s.),
Brepols, 2021, Hugo Méndez, The Cult of Stephen in Jerusalem.
Inventing a Patron Martyr, Oxford University Press, 2022, https://museudamascara.cm-braganca.pt/pages/124, https://museudamascara.cm-braganca.pt/pages/129, https://novidades.cidadaniaevisto.com.br/index.php/2022/02/14/natal-em-portugal/, et https://www.rotaterrafria.com/pages/330/?geo_article_id=7953.
Merci et bonne saint Étienne !
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