Morte en France, Claudia
Cardinale qui préférait au qualificatif de «diva» celui d’«indomptable»
était née sicilienne de Tunisie en 1938, parmi l’importante et ancienne
population de colons italiens du
pays. Parlant sicilien et français en grandissant dans le voisinage de la
langue arabe, avant d’apprendre l’italien, elle racontait l’histoire d’une
Italie multiple qui avait trouvé en elle un de ses visages les plus célèbres. Claudia Cardinale a pourtant failli ne
jamais avoir de carrière au cinéma, elle qui a débuté dans le milieu après
avoir remporté un concours de beauté en Tunisie, où elle est née de parents siciliens émigrés en Afrique du
Nord. Concours qui lui avait permis de participer à la Mostra de Venise en 1955,
où elle fut remarquée par l’industrie cinématographique italienne.

Son talent conquiert rapidement de grands réalisateurs… Même
si, au début de sa carrière elle est doublée : sa voix est jugée trop rauque.
Son ascension a été marquée par des collaborations mémorables, et une carrière
internationale éblouissante, en Italie, aux États-Unis, en France puis en
Allemagne. Son parcours fut ponctué d’épisodes personnels complexes, notamment
une grossesse cachée après un viol à Tunis et une relation complexe avec son
premier producteur Franco Cristaldi.
Il la fait accoucher en toute discrétion à Londres, l’épouse et fait passer
l’enfant pour son jeune frère, afin de ne pas nuire à sa carrière. Mais dès son
apparition dans Le Pigeon (1958)
de Mario Monicelli, au côté de Vittorio Gassman et Marcello Mastroianni, son visage
farouche et enfantin crève l’écran. La jeune femme, qui a claqué la porte de
ses cours de comédie à Rome, ne se
sent pas encore légitime, parle mal l’italien et sera doublée dans la plupart
des films de cette époque. C’est Federico
Fellini qui la fait jouer pour la première fois en italien, tandis que ses
rôles dans La Fille à la valise
de Valerio Zurlini et Le Bel Antonio de Mauro Bolognini, avec lequel elle
tournera cinq films, lui donne confiance. Cette même année 1960, le succès de Rocco et ses frères de Luchino Visconti lui assure la
notoriété. Mais c’est Le Guépard
et Huit et demi en 1963 qui la
propulse au rang de star internationale, à l’égal de Sophia Loren et Gina
Lollobrigida.

Malgré ces épreuves, elle a su imposer sa personnalité forte
et son refus de se plier aux conventions, devient un symbole de féminité
indépendante et audacieuse. L’actrice qui partage déjà son temps entre l’Italie
et la France, où elle tourne avec Abel
Gance, Henri Verneuil et Philippe de Broca, est appelée par Hollywood. Elle y joue pour Blake Edwards, Henry Hathaway ou Richard
Brooks. «Claudia, avec les
spaghettis, tu es la plus belle invention des Italiens !», lui aurait alors
lancé David Niven, son partenaire
dans La Panthère rose (1963). Claudia Cardinale déploie un talent
éclectique, après Sandra de Visconti où elle porte la robe de mariée
de la mère du réalisateur, et "Les
Professionnels" (1966) avec Burt
Lancaster, elle va du western
spaghetti avec Sergio Leone(Il était une fois dans l’Ouest,
1968) aux comédies à l’italienne,
en passant par des films de cape et
d’épée (Cartouche,
1962) et quelques autres oubliables, dont Les
Pétroleuses (1971) de Christian-Jaque
où son duo avec Brigitte Bardot
reste cependant dans nos mémoires. Sa rencontre personnelle et professionnelle
en 1975 avec le réalisateur Pasquale
Squitieri, avec lequel elle aura une fille
et tournera dix films, marque une rupture dans sa carrière. Elle tourne moins, mais
on peut signaler l’Allemagne avec Werner
Herzog et son maudit Fitzcarraldo, fuit l’Italie et ses paparazzis pour s’installer
définitivement en France en 1989. Elle y travaille notamment pour Henri Verneuil dans Mayrig et 588, rue Paradis et se tourne dans les années 2000 vers le théâtre, où elle interprète Pirandello et Tennessee Williams. L’actrice, caractérisée par son franc-parler et
sa générosité, avait noué des amitiés sincères avec certains de ses
réalisateurs et partenaires, à l’instar de Rock
Hudson qu’elle a accompagné dans sa maladie, s’engageant dans la lutte
contre le sida. Elle était depuis
2000 ambassadrice de bonne volonté de l’Unesco
pour la défense des droits des femmes dans le monde.

En 2017, le festival de Cannes avait choisi une photo
de sa jeunesse pour son affiche, rendant hommage à "une comédienne aventurière, femme indépendante, citoyenne engagée".
«Je me sens italienne, même si je suis de
culture française», avait-elle déclaré dans un long entretien introspectif
publié par le Corriere della Sera
en 2023 et paru de nouveau à sa disparition, conservant toujours la nationalité
italienne en hommage à ses ancêtres, tout en ayant fait une demande de
naturalisation tunisienne en 2019. Ses propos d’alors tranchent avec la
tendance du gouvernement de Giorgia Meloni à utiliser la culture
comme un champ de bataille identitaire et patriotique, portant une vision plus
cosmopolite du monde. Claudia Cardinale
laisse derrière elle un héritage cinématographique exceptionnel et une image
iconique gravée dans les mémoires. Son style unique, sa beauté envoûtante et
son talent inné continueront à inspirer les générations futures. Elle a
toujours refusé de se dénuder, recommandant aux jeunes actrices de ne pas tout accepter pour un rôle. Claudia
Cardinale, légende du cinéma italien qui fut la muse des plus grands
réalisateurs et l'incarnation d'une indomptable beauté, s'est éteinte mardi 23
septembre à 87 ans. Depuis l'annonce de son décès, les hommages pleuvent, en
France où elle résidait et en Italie, son pays d'origine.
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont
beaucoup aidé : https://www.la-croix.com/l-actrice-claudia-cardinale-est-decedee-a-l-age-de-87-ans-20250923,
https://www.lemonde.fr/culture/article/2025/09/24/mort-de-claudia-cardinale-muse-des-plus-grands-elle-incarna-avec-eclat-la-liberte-la-force-et-l-elegance_6642722_3246.html,
https://www.ouest-france.fr/cinema/deces-de-claudia-cardinale-sil-marrive-un-truc-pas-extra-je-me-dis-que-cetait-ecrit-e3393740-9921-11f0-bc84-9e08c570c0db,
et https://www.rtl.fr/culture/medias-people/l-actrice-claudia-cardinale-est-decedee-a-l-age-de-87-ans-7900544758.
Merci !
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