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vendredi 18 avril 2025

Le Vendredi saint : la mort de Jésus et les processions portugaises du vendredi saint

Le Vendredi saint fait partie de la Semaine sainte. C’est le vendredi qui précède Pâques. Il commémore la Passion du Christ, c’est-à-dire les événements liés à sa mort : son arrestation, sa flagellation, sa montée au calvaire puis sa crucifixion.

 

Durant la journée du 7 avril 30, Jésus se fait emmener devant Pilate par les autorités juives. Ce procès a sans doute lieu au petit matin, durant lequel plusieurs délinquants attendent le verdict du préfet. Il est reçu en audience auprès du préfet de Judée car l’ampleur de son crime justifiait une attention particulière. Pilate a sans doute mené une enquête informelle pour la cognitio extra ordinem. Jésus a le droit au procès capitaux des pérégrins sans jury et directement devant Pilate, le préfet de Judée, il laisse d’abord la parole aux délateurs, les chefs juifs qui ne peuvent pas entrer dans le palais à cause des boucliers en l’honneur de l’empereur et accusent Jésus de menace à l’ordre public ou de prétentions messianiques, puis il donne la parole à Jésus qui ne cherche pas à l’émouvoir. Le procès de Jésus n’a probablement duré que quelques minutes puisque Pilate demanda à Jésus s’il se faisait appeler roi des Juifs et Jésus confirme avec  un «C’est toi-même qui le dis.», sans doute en ajoutant après que Pilate pousse l’interrogatoire plus loin que sa royauté viendra bientôt et qu’elle s’engagera dans le présent sur le monde sans utiliser la violence, puis se tait et ne cherche pas à se défendre, ce qui fut sans doute vu comme une confirmation de sa culpabilité par le préfet de Judée vu que Jésus a confirmé sa royauté. Jésus ne se défend pas et l’ordre de mise à mort a été exécuté immédiatement, car toute figure prophétique qui parlait d’un Royaume alternatif et amenait des disciples dans la ville sainte à la Pâque était susceptible d’être sur la liste de surveillance de Pilate. Le fait que Pilate n’ait exécuté que Jésus et n’ait fait aucun effort pour rassembler et condamner ses disciples montre plutôt une certaine retenue. Il est condamné avec deux extrémistes, appelés lêstai, c'est-à-dire brigands, noms donnés aux partisans de Judas de galiléen chez Flavius Josèphe, il libère Barabbas, capturé sans doute avec ces deux derniers qui passa en prison suite à une émeute à laquelle il n’avait pas participé, mais il fut innocenté, les disciples de Jésus prirent cela pour une injustice et les auteurs des évangélistes le transformèrent en un zélote violent.

 

Après avoir subit les coups de fouet (qui pouvaient aller jusqu’à ce que ses os soient visibles) et la moquerie, avec les deux autres hommes, il est exhibé, enchaîné avec eux par les pieds et le cou, chacun portant la poutre transversale dans un sinistre spectacle public comme moyen de dissuasion supplémentaire pour quiconque envisageait de commettre le même crime, allant du palais d'Hérode et sortait très vite de la vieille ville, sans la traverser, pour aboutir au Golgotha, trop affaibli après les coups qui l’ont laissé mortellement faible, déformé, enflé avec des marques vicieuses sur les épaules et la poitrine, on réquisitionne un homme passant sur le chemin, Simon de Cyrène, puis il se fait crucifier avec les deux brigands, un à sa gauche et l’autre à sa droite, en dehors des murs de Jérusalem fixé à un arbre avec un clou dans chaque talon sur chaque côté pour "l'empêcher de se tortiller" et ses bras attachés ou cloués (dans les avant-bras) à la barre transversale avec l’inscription de son crime pendue au cou ou au-dessus de sa tête (‘Le roi des Juifs’), luttant pour rendre son dernier souffle, dans l’agonie, moqué par les soldats alors que les passants regardent, le jour où on immole l’agneau au Temple par la fête de la Pâque qui allait commencer après le coucher du soleil. Il est déjà mort par asphyxie, suite à l'épuisement des muscles de la poitrine, sans compter les hémorragies et la déshydratation, quand vient le soir. Il avait environ 37 ans. Et les deux autres condamnés, se virent de hâter la mort, avec le crurifragium, ou la fracture des jambes. Il ne reste que les femmes disciples le voyant au loin, parmi elles étaient Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et de Joses (la mère de Jésus), et Salomé. Les délégués du Sanhédrin juif l'ont enterré (avec la permission de Rome) par l’intermédiaire de Joseph d’Arimathie et Nicomède, puisque le lendemain c'était Pâques et qu'il ne pouvait y avoir de corps pendu dans la rue avant le sabbat imminent. Jésus et les deux hommes crucifiés avec lui eurent sans doute un enterrement digne comme le signale l’évangile de Jean, leurs dépouilles déposées dans des tombeaux creusés dans le roc. 

 

Le Vendredi Saint, où de nombreuses villes et villages portugaises organisent des processions religieuses dans les rues. Dans ces processions, il est courant de voir des personnes vêtues de vêtement sombre et tenant des bougies ou d'autres symboles religieux. C'est aussi une tradition au Portugal de visiter les tombes des proches pendant la Semaine Sainte, notamment le Vendredi Saint. Les gens prennent des fleurs et prient pour le défunt, dans un acte de respect et de souvenir. Dans certains villages, les processions sont accompagnées d'hommes cagoulés, qui portent avec eux des croix, dans une représentation dramatique de la Passion du Christ. Lors de la procession de l'Enterrement du Seigneur, qui a lieu dans tout le centre du Portugal, il est de tradition de décorer les rues avec des fleurs et des tapis de pétales, créant une atmosphère véritablement solennelle et émotionnelle. Dans la région de Lisbonne et de la Vallée du Tage, Pâques a lieu aussi la Procession de l'Enterrement du Seigneur. Dans certains villages de la Serra da Estrela, il est courant de préparer un «Queimado» : une boisson chaude à base d'eau-de-vie, de sucre, de citron et de cannelle, et servie dans de grandes carafes.

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : François Bovon, Les derniers jours de Jésus : textes et événements, Labor et Fides, 1974, Steven H. Rutledge, Imperial Inquisitions: Prosecutors and Informants from Tiberius to Domitian, Routledge,  2002, John P. Meier, Un certain juif, Jésus. Les données de l'histoire, v.1, ch. 11 : La quinzième année... Une chronologie de la vie de Jésus, Cerf, 2004, pp. 372-433, Raymond Brown, La mort du Messie, Bayard, 2005, José Antonio Pagola, Jesús. Approche historique, Cerf, 2007, Jean Zumstein, L'évangile selon saint Jean (13-21), Volumes 13 à 21, Labor et Fides, 2007, Armand Puig i Tàrrech, Jésus, une biographie historique, Desclée de Brouwer, 2016, Robert J. Hutchinson, Enquête sur le Jésus historique, Salvator, 2017,  https://africame.factsanddetails.com/article/entry-813.html, https://hisstories.info/jesus-christ-death-crucifixion-archaeology/, https://soprasi.com/a-pascoa-em-portugal/, https://www.bartehrman.com/historical-jesus/, https://www.forbes.com/sites/kristinakillgrove/2019/12/23/heel-bone-from-italy-is-only-second-example-of-crucifixion-ever-found/, https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/archeologie-voici-visage-seul-homme-connu-crucifie-angleterre-il-y-2-000-ans-110967/, https://www.geo.fr/histoire/angleterre-decouverte-du-squelette-dun-esclave-crucifie-vieux-de-1-900-ans-207425, https://www.geo.fr/histoire/que-commemore-t-on-lors-du-jeudi-saint-et-du-vendredi-saint-219495, https://www.lefigaro.fr/culture/le-squelette-d-un-homme-crucifie-decouvert-en-angleterre-dans-l-ancienne-bretagne-romaine-20211210, https://www.livingtours.com/pt/blog/pascoa-portugal.html, et https://www.quora.com/Only-one-case-of-crucifixion-death-in-Roman-times-has-ever-been-discovered-Is-it-true-the-nails-proved-the-cross-was-x-shaped.

 

Merci et bon vendredi saint !

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