
Le 25 avril est le Dia da Liberdade,
c’est un jour férié national, cette date célèbre le soulèvement des militaires portugais (les recrues et les officiers) - guère plus de 5000 au total - lassés des guerres
coloniales qui furent quatorze années d'usure et de violences qui ont retourné
une génération de soldats contre le gouvernement après le 14 mars 1974, avec
la destitution des chefs du mouvement, les généraux
Spínola et Costa Gomes provoque
la rupture définitive avec le régime, puis deux jours plus tard, le Ve régiment d’infanterie de
Caldas da Rainha décide de marcher sur Lisbonne, cependant, n’étant pas
suivi par d’autres unités de l’armée,
il est aisément mis en déroute, mais, dans l’ombre, un jeune major, Otelo Saraiva de Carvalho, coordonne le
plan d’opération d’une autre insurrection le 25 avril 1974, et ils ont réalisé
un coup d'État militaire dans le but de mettre fin à la dictature imposée par Salazar.
Le mouvement des jeunes militaires
n’avait pas, au tout début, de revendications d’ordre proprement idéologique. À
Lisbonne, le mouvement des forces armées,
composé de jeunes officiers ayant
participé à la guerre coloniale, est soutenu par la population portugaise. Celeste
Caeiro, la marchande de fleurs, qui, en fin de matinée, offre ses œillets à
brassées aux soldats de Salgueiro Maia en marche vers la place
du Carmo et, sans le savoir, baptise la révolution. L'armée qui vers midi, encercle la caserne place du Carme, parvient à
18 heures à destituer le président du Conseil portugais, Marcelo Caetano au cours de la fameuse révolution des œillets.
Les militaires assurent la réussite
de leur coup d’État en s’emparant de lieux stratégiques, notamment les
émetteurs radio, dans tout le pays. Une opération est également menée à Porto,
deuxième ville du pays. Spinola
devient chef de la Junte de Salut
national sans avoir pris part au soulèvement militaire. Il est porté au
pouvoir par le MFA qui cherche alors
une figure connue du peuple portugais, les capitaines
ne souhaitant pas à ce stade exercer eux-mêmes le pouvoir. La fin de cette dictature de près de 40 ans signera
également l’arrêt de mort d’un empire
colonial européen majeur. La pauvreté et les guerres coloniales lui
ont été fatales. Les militaires un
bien vague programme progressiste. Les leaders
politiques sont en exil. La population
profite de la liesse du 1er mai, manifestant pour communier
dans la liberté retrouvée, et les leaders
politiques sont de retour.

Victorieux, les capitaines d'avril font naître d’immenses espoirs pour
une démocratie bientôt source
d'inspiration en Grèce, en Espagne et en Amérique latine, le processus de
transition démocratique s’avère long et chaotique. Pendant deux années,
marquées par des avancées sociales avec des libertés et des droits qui ont été
obtenus, comme le droit de grève,
le divorce, le salaire minimum, etc., des tentatives d’insurrection avec un
pays qui frôle la guerre civile en 1975, ce qui déclenche un mouvement populaire incontrôlable : des
propriétés agricoles ont été occupées et gérées collectivement; des usines et
des maisons ont été investies. Après l'échec du très conservateur Spínola qui assure la présidence de la
République le 15 mai 1974 avec le gouvernement
provisoire mis en place est sous le contrôle de la Junte, puis avec un nouveau gouvernement constitué autour de Vasco Gonçalves, membre du MFA, avec les leaders des principaux
partis portugais tels que Mário Soares
et Alvaro Cunhal, évincé du pouvoir le
30 septembre 1974, il est remplacé par Francisco
da Costa Gomes devenait le nouveau président, il tente le 11 mars 1975 un
coup d’État militaire en s’appuyant sur certains secteurs de l’armée qui lui
sont restés fidèles, il doit cette fois fuir le pays et fonde alors une organisation d’extrême droite qui va —
en lien avec des courants nostalgiques du régime
de Salazar — commettre plusieurs attentats sur le sol portugais, et même si
aux élections législatives du 25 avril 1975 le PS victorieux, ce dernier est pourtant tenu à l’écart, dans un
gouvernement dominé par les militaires,
où les communistes disposent de
quatre ministères contre deux pour les socialistes,
vient ensuite l'été chaud de 1975 qui
est celui d'une dérive maximaliste, où communistes, socialistes, militants
catholiques de droite désiraient le pouvoir. Une période de transition avec des
accents de guerre civile s'installa avec les communistes occupaient les locaux du journal socialiste «Republica», par ailleurs, des catholiques de droite manifestaient
contre la gauche et les militaires, ce qui poussa en juillet
1975 à la constitution d’un triumvirat
de généraux (le président Costa
Gomes, le Premier ministre Vasco
Gonçalves, et le chef de la sécurité
militaire Otelo de Carvalho) se mettant les partis furent au second plan, mais début septembre, un nouveau gouvernement
dirigé par le modéré José Pinheiro de
Azevedo est constitué autour du PS,
après que le PCP a lâché le MFA, ce qui culmine en novembre avec un
nouveau coup de force, à gauche
cette fois par le coup d’État manqué du 25 novembre par Otelo Saraiva de Carvalho du fait des militaires modérés dirigés par le colonel Ramalho Eanes qui met un coup d’arrêt au processus révolutionnaire, car les
dissensions ne tardent pas à se faire jour, le Portugal se cherche un destin,
et le mouvement des forces armées parvient
à instaurer un régime démocratique et
la nouvelle Constitution portugaise,
le 2 avril 1976 et aux élections d’avril 1976, qui consacrent la démocratie et mènent au pouvoir Mário Soares, le «socialiste du possible». Les militaires
rentrent à la caserne après qu’en juin 1976 Ramalho Eanes est élu président de la République dès le premier
tour avec environ 62% des voix...
Pour aller plus loin, je vous conseille
ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Victor Pereira, C’est le peuple qui
commande : La Révolution des Œillets : 1974-1976, Éditions du Détour, 2023,
https://histoirebnf.hypotheses.org/26956,
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/revolution-oeillets-portugal-histoire-dictature,
https://www.lavie.fr/idees/histoire/portugal-il-y-a-50-ans-la-revolution-des-oeillets-renversait-la-dictature-de-salazar-94048.php,
https://www.lhistoire.fr/25-avril-1974-la-r%C3%A9volution-des-%C5%93illets-en-direct,
https://www.lhistoire.fr/parution/mensuel-517,
https://www.lhistoire.fr/editorial/coup-d%C3%A9tat-d%C3%A9mocratique,
https://www.luisa-paixao.com/blogs/la-vie-au-portugal/quels-sont-les-jours-feries-au-portugal,
et https://www.revue-ballast.fr/portugal-1974-1975-heriter-dune-revolution-incomplete/.
Merci
et bon 25 avril !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire