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vendredi 18 avril 2025

Le Vendredi saint : la mort de Jésus et les processions portugaises du vendredi saint

Le Vendredi saint fait partie de la Semaine sainte. C’est le vendredi qui précède Pâques. Il commémore la Passion du Christ, c’est-à-dire les événements liés à sa mort : son arrestation, sa flagellation, sa montée au calvaire puis sa crucifixion.

 

Durant la journée du 7 avril 30, Jésus se fait emmener devant Pilate par les autorités juives. Ce procès a sans doute lieu au petit matin, durant lequel plusieurs délinquants attendent le verdict du préfet. Il est reçu en audience auprès du préfet de Judée car l’ampleur de son crime justifiait une attention particulière. Pilate a sans doute mené une enquête informelle pour la cognitio extra ordinem. Jésus a le droit au procès capitaux des pérégrins sans jury et directement devant Pilate, le préfet de Judée, il laisse d’abord la parole aux délateurs, les chefs juifs qui ne peuvent pas entrer dans le palais à cause des boucliers en l’honneur de l’empereur et accusent Jésus de menace à l’ordre public ou de prétentions messianiques, puis il donne la parole à Jésus qui ne cherche pas à l’émouvoir. Le procès de Jésus n’a probablement duré que quelques minutes puisque Pilate demanda à Jésus s’il se faisait appeler roi des Juifs et Jésus confirme avec  un «C’est toi-même qui le dis.», sans doute en ajoutant après que Pilate pousse l’interrogatoire plus loin que sa royauté viendra bientôt et qu’elle s’engagera dans le présent sur le monde sans utiliser la violence, puis se tait et ne cherche pas à se défendre, ce qui fut sans doute vu comme une confirmation de sa culpabilité par le préfet de Judée vu que Jésus a confirmé sa royauté. Jésus ne se défend pas et l’ordre de mise à mort a été exécuté immédiatement, car toute figure prophétique qui parlait d’un Royaume alternatif et amenait des disciples dans la ville sainte à la Pâque était susceptible d’être sur la liste de surveillance de Pilate. Le fait que Pilate n’ait exécuté que Jésus et n’ait fait aucun effort pour rassembler et condamner ses disciples montre plutôt une certaine retenue. Il est condamné avec deux extrémistes, appelés lêstai, c'est-à-dire brigands, noms donnés aux partisans de Judas de galiléen chez Flavius Josèphe, il libère Barabbas, capturé sans doute avec ces deux derniers qui passa en prison suite à une émeute à laquelle il n’avait pas participé, mais il fut innocenté, les disciples de Jésus prirent cela pour une injustice et les auteurs des évangélistes le transformèrent en un zélote violent.

 

Après avoir subit les coups de fouet (qui pouvaient aller jusqu’à ce que ses os soient visibles) et la moquerie, avec les deux autres hommes, il est exhibé, enchaîné avec eux par les pieds et le cou, chacun portant la poutre transversale dans un sinistre spectacle public comme moyen de dissuasion supplémentaire pour quiconque envisageait de commettre le même crime, allant du palais d'Hérode et sortait très vite de la vieille ville, sans la traverser, pour aboutir au Golgotha, trop affaibli après les coups qui l’ont laissé mortellement faible, déformé, enflé avec des marques vicieuses sur les épaules et la poitrine, on réquisitionne un homme passant sur le chemin, Simon de Cyrène, puis il se fait crucifier avec les deux brigands, un à sa gauche et l’autre à sa droite, en dehors des murs de Jérusalem fixé à un arbre avec un clou dans chaque talon sur chaque côté pour "l'empêcher de se tortiller" et ses bras attachés ou cloués (dans les avant-bras) à la barre transversale avec l’inscription de son crime pendue au cou ou au-dessus de sa tête (‘Le roi des Juifs’), luttant pour rendre son dernier souffle, dans l’agonie, moqué par les soldats alors que les passants regardent, le jour où on immole l’agneau au Temple par la fête de la Pâque qui allait commencer après le coucher du soleil. Il est déjà mort par asphyxie, suite à l'épuisement des muscles de la poitrine, sans compter les hémorragies et la déshydratation, quand vient le soir. Il avait environ 37 ans. Et les deux autres condamnés, se virent de hâter la mort, avec le crurifragium, ou la fracture des jambes. Il ne reste que les femmes disciples le voyant au loin, parmi elles étaient Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques et de Joses (la mère de Jésus), et Salomé. Les délégués du Sanhédrin juif l'ont enterré (avec la permission de Rome) par l’intermédiaire de Joseph d’Arimathie et Nicomède, puisque le lendemain c'était Pâques et qu'il ne pouvait y avoir de corps pendu dans la rue avant le sabbat imminent. Jésus et les deux hommes crucifiés avec lui eurent sans doute un enterrement digne comme le signale l’évangile de Jean, leurs dépouilles déposées dans des tombeaux creusés dans le roc. 

 

Le Vendredi Saint, où de nombreuses villes et villages portugaises organisent des processions religieuses dans les rues. Dans ces processions, il est courant de voir des personnes vêtues de vêtement sombre et tenant des bougies ou d'autres symboles religieux. C'est aussi une tradition au Portugal de visiter les tombes des proches pendant la Semaine Sainte, notamment le Vendredi Saint. Les gens prennent des fleurs et prient pour le défunt, dans un acte de respect et de souvenir. Dans certains villages, les processions sont accompagnées d'hommes cagoulés, qui portent avec eux des croix, dans une représentation dramatique de la Passion du Christ. Lors de la procession de l'Enterrement du Seigneur, qui a lieu dans tout le centre du Portugal, il est de tradition de décorer les rues avec des fleurs et des tapis de pétales, créant une atmosphère véritablement solennelle et émotionnelle. Dans la région de Lisbonne et de la Vallée du Tage, Pâques a lieu aussi la Procession de l'Enterrement du Seigneur. Dans certains villages de la Serra da Estrela, il est courant de préparer un «Queimado» : une boisson chaude à base d'eau-de-vie, de sucre, de citron et de cannelle, et servie dans de grandes carafes.

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : François Bovon, Les derniers jours de Jésus : textes et événements, Labor et Fides, 1974, Steven H. Rutledge, Imperial Inquisitions: Prosecutors and Informants from Tiberius to Domitian, Routledge,  2002, John P. Meier, Un certain juif, Jésus. Les données de l'histoire, v.1, ch. 11 : La quinzième année... Une chronologie de la vie de Jésus, Cerf, 2004, pp. 372-433, Raymond Brown, La mort du Messie, Bayard, 2005, José Antonio Pagola, Jesús. Approche historique, Cerf, 2007, Jean Zumstein, L'évangile selon saint Jean (13-21), Volumes 13 à 21, Labor et Fides, 2007, Armand Puig i Tàrrech, Jésus, une biographie historique, Desclée de Brouwer, 2016, Robert J. Hutchinson, Enquête sur le Jésus historique, Salvator, 2017,  https://africame.factsanddetails.com/article/entry-813.html, https://hisstories.info/jesus-christ-death-crucifixion-archaeology/, https://soprasi.com/a-pascoa-em-portugal/, https://www.bartehrman.com/historical-jesus/, https://www.forbes.com/sites/kristinakillgrove/2019/12/23/heel-bone-from-italy-is-only-second-example-of-crucifixion-ever-found/, https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/archeologie-voici-visage-seul-homme-connu-crucifie-angleterre-il-y-2-000-ans-110967/, https://www.geo.fr/histoire/angleterre-decouverte-du-squelette-dun-esclave-crucifie-vieux-de-1-900-ans-207425, https://www.geo.fr/histoire/que-commemore-t-on-lors-du-jeudi-saint-et-du-vendredi-saint-219495, https://www.lefigaro.fr/culture/le-squelette-d-un-homme-crucifie-decouvert-en-angleterre-dans-l-ancienne-bretagne-romaine-20211210, https://www.livingtours.com/pt/blog/pascoa-portugal.html, et https://www.quora.com/Only-one-case-of-crucifixion-death-in-Roman-times-has-ever-been-discovered-Is-it-true-the-nails-proved-the-cross-was-x-shaped.

 

Merci et bon vendredi saint !

jeudi 17 avril 2025

Le jeudi saint : un dernier repas et l’interrogatoire de Jésus

Dans le christianisme, le Jeudi saint célèbre l’institution de l’Eucharistie par Jésus-Christ. Le Jeudi saint est celui qui précède Pâques, marquant le début du Triduum pascal.

 

Le jeudi 6 avril 30, Jésus commença à préparer la Pâque. Il envoya deux de ses disciples dans la ville pour préparer une grande salle d’invités au deuxième étage où il pourrait se réunir en secret et en toute sécurité avec son groupe intime. Il connaissait quelqu’un qui disposait d’une telle salle et il avait pris des dispositions pour qu’elle soit utilisée. Aujourd’hui, les pèlerins chrétiens peuvent voir un site des Croisés connu sous le nom de Cénacle ou «Chambre Haute» sur la colline occidentale de Jérusalem que les Croisés ont appelé à tort «Mont Sion». Jésus dit à ses deux disciples de «suivre un homme portant une cruche d’eau», qui entrera dans la ville, puis entrera dans une certaine maison. Cet homme mystérieux aurait remonté la pente du mont Sion et serait entré dans la ville, probablement par la porte des Esséniens. La maison est suffisamment grande pour avoir un étage supérieur et appartenait probablement à un riche sympathisant de Jésus

 

Au soir, à Jérusalem pour la fête de la Pâque juive et sentant l’hostilité croissante des autorités du temple, Jésus précipite les choses et célèbre un repas de fête le jeudi soir avec ses disciples, au moment où les juifs commençaient les préparatifs de la Pâque. En tant que chef de famille, Jésus se serait réuni avec sa mère, ses sœurs, ses frères, les femmes qui étaient venues avec lui de Galilée, peut-être certains de ses proches partisans à Jérusalem et son Conseil des Douze. Pour ce repas, ils sont assis par terre sur des coussins, le repas était servi sur des tables basses et les invités mangeaient assis par terre sur des coussins et des tapis inclinés. La place de Jésus et de ses apôtres obéissait elle aussi à une règle précise selon laquelle les convives les plus importants s'asseyaient à la droite et à la gauche de l’invité principal. Les versets de l'Évangile de Jean indiquent que Judas était tout près de Jésus, probablement à sa gauche, et le disciple que Jésus aimait à sa droite, sans doute le frère de Jésus, Jacques. Jésus dit à ses disciples lors de ce dernier repas : «Je désirais ardemment manger cette Pâque avec vous avant de souffrir, mais je ne la mangerai pas jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu» (Luc 22,14-16). Il pense que la libération d’Israël viendra bientôt. Pendant le repas, il dit ouvertement : «L’un de vous qui mange avec moi me livrera» (Marc 14,18), et pousse Judas à le livrer en trempant le pain dans le plat et le lui donnant, suivant l’usage de partager en commun vins et nourriture, répondant à la demande du disciple que Jésus aimait

 

Lors de la Cène, auraient été servis, en plus du pain sans levain et du vin, du tzir – une variante du garum, sorte de sauce romaine à base de restes de poisson –, de l’agneau, du tcholent – un plat de ragoût de haricots au four cuits à petit feu –, des olives, de l’hysope – espèce d’herbe à saveur de menthe –, des herbes amères avec des pistaches et un harosset de dattes ainsi qu'une pâte de noix. Les herbes amères et le harosset sont typiques de la Pâque juive, ou le tcholent servi pendant les fêtes, tandis que l'hysope se consommait aussi au quotidien. Le pain rompu n'est pas la comparaison du corps mort et déchiré de Jésus, ni le vin une image de son sang (la couleur rouge n'est jamais mentionnée); ils sont plutôt une image du banquet et de la célébration du royaume de Dieu. C’est le geste de Jésus donnant un morceau de pain à chacun et faisant boire chacun à sa coupe qui signifie son dévouement à sa mission. Par ce biais, Jésus donne une alternative neuve et radicale au système du Temple. Le message de la Dernière Cène est condensé dans l’action du lavement des pieds des disciples. Celui qui va mourir comme esclave accomplit la tâche réservée aux esclaves, faisant comprendre que le royaume de Dieu consiste à servir les autres

 

Dans la nuit du 6 au 7 avril  Jésus est arrêté au jardin de Gethsémani, dans le mont des Oliviers, qui est le présage dans Zacharie 14,4 du lieu où le Messie lancerait sa mission au moment où Yahvé y combattra les nations païennes, il s’y est rendu car il abritait ceux qui ne savaient pas où se loger, ce lieu était aussi vu comme le regroupement de conjurés, et où il s’est rendu sans opposer de résistance militaire, livré par un disciple (Judas qui ne suicide pas après avoir livré Jésus) à la demande de Jésus lors du repas, et abandonné par d'autres, bien qu'un de ses disciples ait tenté d’ arrêter la garde du Temple avec une épée et ait coupé l'oreille de l'un des officiers qui l'arrêtaient.

 

Puis, Jésus est amené par les gardes pour subir un premier examen de la part de certaines autorités juives mené par le Grand-prêtre Caïphe dans sa demeure, il interroge Jésus pour savoir ce qu’il va en faire ou le convaincre de renoncer à ses prétentions, mais en se proclamant Messie, il ne peut plus rien faire pour lui, et il déchire ses vêtements en signe de déception, et après l’interrogatoire, en donnant des coups à Jésus, les autorités juives espéraient que le préfet de Judée aurait pitié de lui, puis le livrèrent le lendemain à Pilate, sans que Jésus soit accusé par le Sanhédrin. Pierre qui a réussit à se faufiler grâce à un disciple connu du grand prêtre qui pourrait être Jacques, le frère du Seigneur, dans la demeure du Grand prêtre est reconnu par un servante à cause de son accent galiléen et nie connaître Jésus, et les Douze qui se sont enfuis lors de l’arrestation de Jésus

 

Les processions des pas, représentant les différentes étapes de la Passion du Christ. Ces processions sont accompagnées de musique sacrée et de troupes de théâtre, créant un environnement de grande implication émotionnelle. Au cœur animé du nord du Portugal, des villes comme Porto, Braga et Guimarães prennent vie avec la tradition vénérée de la «Procissão dos Passos» à Pâques. Ce rituel très apprécié voit les communautés descendre dans les rues anciennes, portant des images sacrées du Christ et s'arrêtant pour des prières et des hymnes dans diverses églises, tissant une riche mosaïque de foi et de tradition. À Braga, la grande fête a lieu le Jeudi Saint, avec la procession funéraire du seigneur, dont les protagonistes sont les farricocos — des hommes pieds nus, la tête couverte, avec des tuniques violettes serrées à la taille et qui défilent, brandissant des torches, évoquant les pratiques de repentance des pénitents publics, un rituel courant jusqu'au XVIe siècle. Dans l'Alentejo, Pâques est célébrée avec des traditions qui incluent la Procession des Passos, comme dans le nord du Portugal. À Madère, en plus de la Procession du Senhor dos Passos — qui a lieu le Jeudi Saint — et du Folar pascal, on célèbre la préparation d'un pain sucré connu sous le nom de Bolo de Mel. Ce gâteau est composé de miel, de sucre, de farine et d'épices. Dans la Beira Alta, le Jeudi Saint et le Vendredi Saint, les traditions de Pâques recommandent aux femmes de ne pas se coiffer ni laver leurs vêtements.

 

Pour aller plus loin, je vous recommande ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : John P. Meier, Un certain juif, Jésus. Les données de l'histoire, v.1, ch. 11 : La quinzième année... Une chronologie de la vie de Jésus, Cerf, 2004, pp 372-433, José Antonio Pagola, Jesús. Approche historique, Cerf, 2007, Salomon Malka, Jésus rendu aux siens: Enquête en Terre sainte sur une énigme de vingt siècles, Albin Michel, 2012, Marta Berogno, et Generoso Urciuoli, Gerusalemme: ultima cena, Ananke, 2015, et https://fr.aleteia.org/2016/04/25/de-nouvelles-revelations-sur-le-menu-du-dernier-repas-du-christ, Armand Puig i Tàrrech, Jésus, une biographie historique, Desclée de Brouwer, 2016, https://talkpal.ai/pt-pt/culture/tradicoes-da-pascoa-em-portugal-aprenda-portugues-europeu/, https://www.biblicalarchaeology.org/daily/people-cultures-in-the-bible/jesus-historical-jesus/the-last-days-of-jesus-a-final-messianic-meal/, https://www.geo.fr/histoire/que-commemore-t-on-lors-du-jeudi-saint-et-du-vendredi-saint-219495, et https://www.livingtours.com/pt/blog/pascoa-portugal.html.

 

Merci et bon jeudi saint !

mercredi 16 avril 2025

Mercredi Saint : Judas, un disciple plus complexe qu’on pourrait le croire et une tradition originale portugaise, la procession de Nossa Senhora da Burrinha

Le mercredi de la Semaine Sainte commémore la trahison royale de Judas, qui se rendit chez les prêtres pour vendre Jésus. «Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit; mais malheureux celui par qui il est livré !» (Matthieu 26, 14-25). En réalité, Judas, originaire de Carioth, une localité du sud de la Judée, appartenant sans doute à la petite bourgeoisie, qui a ses entrées avec l’élite sacerdotale et soutient le prolétariat, ne fut pas un traitre, puisqu’il avait une complicité privilégiée avec Jésus. Il a suivi son Maître depuis le début de sa vie publique, il l'a aimé, et ce dernier lui a confié la caisse commune, s’occupant de l’approvisionnement et de l’entraide mutuelle. Il pense comme beaucoup de Juifs qui attendent un chef capable de restaurer leur grandeur passée que Jésus est celui-ci, enthousiasmé par son enseignement et ses actes qui favorisent les petites gens. Il "livra" son maître à l'Institution afin qu'il soit reconnu en tant que Messie, mais celle-ci le voit comme un dangereux démagogue issu de milieux populaires. Il ne l’a pas «trahi»

 

Parmi les habitants de Braga, la Procession biblique «Vous serez mon peuple» (mercredi) est connue sous le nom de procession de la Burrinha ou la procession de Nossa Senhora da Burrinha. Une tradition qui a été suspendue pendant 25 ans, jusqu'à ce qu'elle soit relancée par la paroisse et le conseil paroissial, à la fin des années 90. Le défilé représente 24 scènes de l'Ancien Testament, classées par ordre chronologique : de l'alliance avec Noé à l'époque des Patriarches, de l'esclavage en Egypte à la libération, de l'enfance de Jésus, à sa fuite avec ses parents, à cheval sur un âne (le le nom est expliqué). En bref, cette procession, à forte implication communautaire, rappelle l'alliance de Dieu avec le peuple élu et symbolise l'alliance future avec l'Humanité, scellée du sang du Christ.

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Armand Abécassis, Judas et Jésus, une liaison dangereuse, Calman-Lévy, 2001, Marie-Françoise Baslez, Jésus : dictionnaire historique des évangiles, Tallandier, 2017, Anne Soupa, Judas, le coupable idéal, Albin Michel, 2018, https://bercodomundo.com/2023/02/semana-santa-de-braga.html, https://www.biblicalarchaeology.org/daily/people-cultures-in-the-bible/jesus-historical-jesus/the-last-days-of-jesus-a-final-messianic-meal/, et https://www.holyart.pt/blog/liturgia/os-ritos-da-semana-santa/.

 

Merci !

mardi 15 avril 2025

Mardi saint : Jésus et son coup de poker, et la catastrophe du Titanic, un naufrage devenu mythique

Mardi, la conscience qu’il soit à livré à l'Institution religieuse afin qu'il soit reconnu en tant que Messie a commencé à poindre dans l'esprit de Jésus. Il va tenter son dernier coup de poker.

Jésus se rendit enfin une dernière fois à Jérusalem à l’approche de Pâques, il évite la Samarie, et sur la route les deux fils de Zébédée demandent à être assis à ses côtés quand il sera «dans sa gloire», ils suscitent la colère des autres disciples et il les recadre, puis il traverse à nouveau Jéricho où il guérit un aveugle nommé Barthimée, et entre à Jérusalem tout en faisant la navette avec Béthanie, où il s'est finalement présenté comme un prétendant messianique après que Marie verse sur sa tête un parfum très précieux pour une onction royale, ce qui irrite les disciples car Jésus leur avait demandé de cacher son identité messianique. La conversion du peuple au Royaume supposait celle des grands prêtres et des membres de la Sanhédrin, car ils étaient investis de l’autorité suprême dans l’interprétation de la loi mosaïque et dans la conduite religieuse du peuple. Jésus voulait un retour à la constitution «traditionnelle» du pays, avant l’usurpation des monarques hasmonéens, dans une logique dynastique davidique associant ses quatre frères à celle-ci. Jésus ne pouvait plus reculer. Au vu de cet événement, après délibération, les autorités juives décident l’arrestation de Jésus à Jérusalem.  

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Senen Vidal, Jesús el Galileo, Sal Terrae, 2006, Armand Puig i Tàrrech, Jésus, une biographie historique, Desclée de Brouwer, 2016, https://www.aelf.org/2025-04-15/romain/messe, et https://www.holyart.pt/blog/liturgia/os-ritos-da-semana-santa/.

 

Aujourd’hui, je vais vous parler aussi du Titanic coulé par un iceberg dans la nuit du 15 avril 1912, il y a 113 ans jour pour jour. Le 14 avril 1912, à 23 h 40, le Titanic heurtait un iceberg dans l'Atlantique nord et coulait moins de deux heures et demie plus tard, emportant près de 1500 passagers et hommes d'équipage. Si le destin du fleuron de la White Star Line est toujours aussi captivant, c'est que "son histoire ressemble à un grand roman devenu vrai ", selon la formule de James Cameron, réalisateur du film Titanic. Et que l'on se pose toujours des questions entêtantes sur ce drame.

 

Le RMS Titanic a été conçu pour être le plus sûr, le plus rapide et le plus luxueux des paquebots transatlantiques. La White Star Line, compagnie anglaise, a construit un navire, gigantesque lui aussi (269 m) : le… Titanic. Sa hauteur : 53 m, soit un immeuble de 11 étages. Ce paquebot à des canots de sauvetage insuffisants, ils a trois hélices, file à 24-25 nœuds, et peut accueillir 3000 personnes. Cependant, dès le départ, le Titanic a rencontré des déboires : un feu de soute, dû à une mauvaise qualité de charbon, qui n'a pu être éteint que peu après le départ en mer. Une grève des mineurs n'a pu approvisionner le bateau en charbon de qualité et un coup de grisou a été inévitable. Lorsque le RMS Titanic quitte le port irlandais de Queenstown (aujourd'hui Cobh) le jeudi 11 avril 1912, il emmène avec lui 2228 hommes, femmes et enfants de toutes conditions sociales (1316 passagers et 889 membres d'équipage). Avant de quitter l'Irlande, le Titanic va manquer d'entrer en collision avec un autre navire. Son voyage inaugural entre Southampton et New York promettait d'être une expérience inoubliable pour les passagers, qui avaient hâte de découvrir les splendeurs de ce géant des mers. Au fond du navire se trouvait la troisième classe, remplie de migrants économiques et de réfugiés politiques et religieux espérant une vie meilleure dans le Nouveau Monde. Sur le Titanic, on comptait de nombreux Scandinaves pauvres, ainsi que des réfugiés juifs et arméniens en quête de prospérité et de sécurité dans le Nouveau Monde. Certains n'avaient aucune idée de leur destination. Rares étaient ceux qui avaient bénéficié des commodités, telles que les douches et les salons, que le plus grand navire du monde offrait même à la troisième classe. Au-dessus d'eux se trouvaient des centaines de passagers de deuxième classe, encouragés par leur respectabilité prospère. Ils bénéficiaient d'un hébergement qui n'était pas tant celui d'un grand hôtel. De l'élégant au presque miteux, il s'agissait généralement d'ecclésiastiques, de commis, d'instituteurs, de commerçants, d'ingénieurs et de chauffeurs. Sur d'autres navires, des groupes de squatteurs de première classe auraient pu descendre inspecter ces créatures extravagantes. Mais l'apartheid social régnait sur le Titanic, où des affiches interdisaient la fraternisation. Sur les ponts supérieurs dans leurs cabines luxueusement aménagées se trouvaient les riches héréditaires et ceux d'une richesse inconcevable, des titans américains de l'industrie parmi eux Astor, Ismay, les Duff Gordon et Guggenheim. Le navire était un Ritz flottant pour eux (et leurs parasites amateurs de cartes). Les salles communes étaient somptueuses. Les suites avaient des cheminées ouvertes, des fenêtres panoramiques, des lits plutôt que des couchettes et une décoration dans des styles allant de la Régence à la Renaissance italienne. Tout le luxe était fourni, d'une piscine (la première sur un navire) à des quartiers pour les chiens de première classe, dont trois se sont échappés dans les canots de sauvetage – deux Pomeraniens et un Pékinois. Pourtant, certains millionnaires n'étaient pas satisfaits : l'un d'eux a dit au maître d'hôtel qu'il ne voulait pas s'asseoir «près des Juifs» ou d'une «foule d'apparence seconde classe». Les pauvres étant interdits d'accès aux salons et aux bibliothèques du paquebot réservés aux plus riches. Les passagers fortunés payaient jusqu’à 870 livres sterling pour avoir le privilège d’occuper les cabines de première classe les plus chères et les plus spacieuses du Titanic. Il était d’usage de traverser avec certains capitaines plutôt qu’à bord de navires particuliers, et le capitaine Smith avait des adeptes personnels qui le rendaient inestimable pour la White Star Line. Le capitaine leur rendait la pareille aux premières classes en leur accordant de petites faveurs et des privilèges qui les faisaient venir. La dernière nuit, John Jacob Astor apprit la mauvaise nouvelle directement du capitaine Smith avant l’alarme générale, et d’autres l’apprirent aussi. Cette classe avait l’oreille du capitaine et le cœur des employés embauchés. Le Titanic est limité à une vitesse de 21 à 22 nœuds et mise sur une traversée en cinq jours et demi. Son arrivée est prévue le mercredi 17 avril à 5 h du matin, avec réception, discours et conférence de presse. Il n’y a donc aucune raison de bousculer ce protocole… La vitesse maintenue peut sembler être une erreur et ça l’est rétrospectivement, mais du point de vue des capitaines de l’époque, la pratique consiste à maintenir la vitesse tant que la visibilité est bonne, pour sortir de la zone de glace le plus vite possible. Le choix de la route vers New York était tout à fait justifié, on a énormément d’autres navires qui l’empruntent. 

 

En pleine mer, la TSF va tomber en panne le samedi 13 avril au soir, 24 heures avant la collision avec l’iceberg, les opérateurs passent la nuit à le réparer, et lorsqu’il fonctionne à nouveau, les messages privés se sont accumulés. Toute la journée, les deux télégraphistes ne chôment pas pour rattraper leur retard, et ce, alors que les messages signalant des bancs de glace à proximité commencent à affluer, à cela s’joute le vol d'une paire de jumelles très puissantes. À 19h30, le Titanic a déjà reçu cinq avertissements de navires voisins. À 21 h 40, un cargo alerte de la présence d’un iceberg avec une position très précise, sur la trajectoire exacte du Titanic. Mais à cet instant, l’un des opérateurs se repose et son collègue est débordé. Le message ne sera jamais transmis à la passerelle. Même si le Titanic est prévenu, le capitaine et ses équipes partent du principe que comme il n’y a pas de brouillard, ils n’auront pas de problème pour voir les glaces. Le capitaine Edward J. Smith inspecte le navire mais refuse de mener un exercice d’évacuation pourtant à l’ordre du jour. Le dimanche 14 avril 1912, à 23 h 39, la vigie discerne soudain la masse sombre d'un iceberg sur la trajectoire du grand paquebot. Les veilleurs n’avaient pas de jumelles, ce qui, combiné à l’absence de lune et à une mer plate (aucune vague ne se brisant sur l’iceberg, sa présence était indétectable), empêcha de percevoir le danger à temps. Sur la passerelle, l'officier de quart donne l'ordre de venir sur bâbord, afin d’éviter une collision frontale... Une manœuvre qui va envoyer mille cinq cent personnes par le fond. Et à 23 h 40, l’iceberg racla la coque sous la ligne de flottaison, causant six petites déchirures dans la coque réparties sur six compartiments sur toute la longueur du navire entraînant leur inondation, du fait que l’eau de crue entre lentement mais sûrement dans tous ces trous, ce que les passagers ont décrit comme l'impact d'une grosse vague, un bruit de raclement ou le déchirement d'une longue bande de calicot, ils ont presque tous ouvert leur hublot, pour voir ce qu’il se passait, le Titanic envoie immédiatement des SOS à 0 h 15 et des fusées de détresse, les passagers se sont dirigés vers le pont du bateau à toute vitesse à 0 h 25, laissant plus d’une centaine de hublots ouverts au point que de la glace était entrée dans les cabines de certaines personnes lors de la collision, d’après des spécialistes, il suffisait que 12 hublots soient restés ouverts pour multiplier par deux la vitesse du naufrage, et alors que le pont du navire s'approchait de la ligne de flottaison glacée, les femmes supplièrent leurs maris de les rejoindre sur les canots de sauvetage. Il faut dire que les canots sont sortis sans hâte à partir de 0h45 et les passagers hésitent à y monter. Les hommes se mirent en tenue de soirée pour affronter la mort avec dignité. Le code chevaleresque prévalait généralement, les hommes accompagnant leurs familles jusqu'aux bateaux mais n'essayant pas de monter à bord. Le magnat minier juif Ben Guggenheim revêtit sa tenue de soirée et se prépara à mourir comme un gentleman, ordonnant à un steward de dire à sa femme : «J'ai joué le jeu jusqu'au bout.» Le peu d’empressement montre le sentiment que le navire et les personnes à bord n’étaient pas en danger. Et dans l'entrepont, des centaines de personnes luttèrent amèrement contre une mort certaine. L’apparente absence de gravité du choc fit que le capitaine, stupéfait et désemparé, attendit une demi-heure avant d’ordonner l’évacuation. Les mécaniciens du navire se sont sacrifiés en maintenant les lumières et l'électricité jusqu'à la fin, pour donner à l'équipage le temps de lancer les canots de sauvetage en toute sécurité avec un peu de lumière plutôt que dans l'obscurité absolue. 


Les canots de sauvetage, déjà en nombre insuffisant, ne furent qu’à moitié remplis, condamnant à la mort de nombreux passagers. Les hommes furent sévèrement refoulés des canots de sauvetage qui furent ensuite lancés à moitié vides parce que de nombreuses femmes étaient trop timides – ou courageuses – pour monter à bord. Il n’y a jamais eu de décision volontaire de sacrifier les pauvres, mais des éléments structurels pernicieux qui expliquent leur plus forte mortalité, en particulier l’éloignement des canots. Une analyse plus fine montre aussi que les familles nombreuses et les non-anglophones ont eu moins de chances de survie – on compte par exemple deux survivants sur la soixantaine de Bulgares. Les sauvetages à l’époque sont des opérations qui peuvent prendre en pleine mer, une dizaine d’heures parfois. Donc en réalité le Titanic, pour que tous ses passagers soient sauvés, il aurait fallu que les secours arrivent avant même qu’il ne heurte l’iceberg. Des centaines de nageurs désespérés se débattent et gémissent dans l'océan glacial. On a beaucoup plus loué le noble sacrifice des riches que l'héroïsme digne des pauvres. Les évadés opulents qui n'avaient fait que remplir les places vacantes dans les canots de sauvetage, comme Sir Cosmo Duff Gordon et Bruce Ismay, président de la White Star Line, ont été vilipendés de la même manière. Le second capitaine Murdoch est emporté par les eaux après avoir rempli tant bien que mal des canots de sauvetage dont le dernier fut mis en mer vers 2 h 5.  À 2 h 15 du matin, l'orchestre du navire joua «Autumn», mais aucun bateau ne lui vient en aide car le Titanic envoya plusieurs signaux de détresse jusqu’à 1h40 qui furent soit mal émis car il aurait dû en lancer de toutes les couleurs pour capter l'attention des navires qui voguaient non loin, ou soit ignorés, d’ailleurs le Californian, le bateau le plus proche du Titanic, n’interpréta pas les feux de Bengale et les signaux en code morse comme des signaux de détresse, comme les autres bateaux à proximité, il pensait que le paquebot signalait qu'il était pris dans les glaces, et l’opérateur radio de ce cargo, qui avait éteint l’appareil, ne put recevoir les télégrammes d’appel à l’aide qui durèrent jusqu’à 2 h17, et un baleinier irrégulier qui n’aurait pas révélé sa position par peur que l’on découvre ses activités illégales, sauf un, peut-être : le "Carpathia", à 58 milles de distance, et coule cinq minutes plus tard, le Titanic avait disparu, le bateau s'est brisé en deux en surface ou très près de la surface, et l'avant est parti vers le fond. 1523 personnes disparaissent dans la catastrophe. 705 d'entre elles se retrouveront, toutes barrières sociales effacées, dans de petits canots dérivant en plein Atlantique nord, et après un bref silence, se succèdent les appels à l'aide des survivants tombés à l'eau, alors que nombreuses étaient les places disponibles dans certains canots de sauvetage, aucun d'eux ne daignent leur porter secours, puis  au bout d'une demi heure, le chaos laisse alors place au silence, et le Carpathia met tout en œuvre pour augmenter sa vitesse de navigation et éviter les blocs de glace sur son chemin, il arrive à 3 h 30 du matin, et récupère les survivants entre 5 h 30 et  8h 30. Le naufrage du Titanic tient surtout à la pression exercée par les voyageurs sur l’équipage, voyageurs qui étaient à l'époque très attentifs aux performances des navires.

 

Le 18 avril 1912 à 21 h 30, le paquebot Carpathia accoste à New York. A son bord, les 711 rescapés du Titanic. Dans la nuit, les flashes des photographes projettent une lumière blafarde sur des visages hébétés. Des dizaines de milliers de personnes sont massées sur les quais. Un homme fend la foule, c'est le sénateur Smith. Il vient d'être nommé président de la commission d'enquête sénatoriale américaine qui doit faire le jour sur les causes et les circonstances du drame. Pendant plus d'un mois, assisté de six autres sénateurs, il va recueillir le témoignage des principaux témoins du naufrage : officier, marins, responsables de la compagnie maritime propriétaire du navire, passagers de première et de troisième classes. Les récits que livrent les survivants sont bouleversants. Ils mettent en scène la lâcheté des uns, l'incroyable courage des autres, entre horreur et burlesque, tragique et incongru. Le Congrès ne se souciait pas non plus de ce qui était arrivé à la troisième classe. L’enquête du sénateur Smith sur le Titanic couvrait tout ce qui se trouvait sous le soleil, y compris la composition d’un iceberg («de la glace», a expliqué le cinquième officier Lowe), mais l’entrepont n’a reçu que peu d’attention. Seuls trois des témoins étaient des passagers de troisième classe. Deux d’entre eux ont déclaré qu’on les avait empêchés de monter sur le pont des embarcations, mais les législateurs n’ont pas donné suite. Encore une fois, le témoignage ne suggère pas une dissimulation délibérée – c’est juste que personne ne s’y intéressait. Le président de la White Star Line, qui était à bord du navire, est fortement attaqué. Ismay sera ensuite déclaré exempt de toute faute par la commission d’enquête britannique. En réalité, Ismay a aidé à l'embarquement et à la descente de plusieurs canots de sauvetage et s'est mieux comporté que beaucoup de membres de l'équipage et de passagers. Il est monté à bord d'un des bateaux alors qu'il n'y avait pas d'autres passagers à proximité qui pouvaient être sauvés. Mais ces rescapés doivent avant tout surmonter le poids de la culpabilité, affronter le regard des autres, répondre à leurs questions : pourquoi sont-ils vivants quand tant d'autres ne reviendront jamais ? Les témoignages de survivants, déçoivent, et sont enjolivés par des journalistes inventant des anecdotes, par exemple des récits de suicides spectaculaires. On observe aussi une épidémie d’imposteurs se faisant passer pour des rescapés. Un marché se met rapidement en place, notamment avec l’édition de cartes commémoratives. La disparition de gens riches et célèbres frappe les esprits. Vient ensuite le temps des réformes pour éviter la répétition d’un tel drame. Plusieurs mesures de sécurité seront effectivement adoptées les années suivantes, dont l’augmentation du nombre de canots de sauvetage et la localisation des icebergs par la Patrouille internationale des glaces, créée en 1914.

 

L'ampleur de la catastrophe est telle que tout (et n'importe quoi) est dit au sujet de la tragédie avec des histoires fantasmées, séduisantes, fantastiques, dont première poussée a lieu dès 1912, avec les premiers livres et deux films, Saved From the Titanic, joué par une rescapée à peine un mois après le drame, et In Nacht und Eis, un film allemand où tous les passagers sont sauvés à la fin, fut suivie par un film italien en 1915 dont il ne subsiste aucune trace, Atlantic en 1929 premier film parlant sur le Titanic, pour lequel la White Star Line (les propriétaires du Titanic) a menacé de poursuivre l’équipe de production, et le navire du film a donc été rebaptisé Atlantic, et c’est également devenu le titre, et de nombreux changements permettaient à la production de ne pas avoir un procès, a aussi eu le droit à la version produite par les Nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale en 1943 commandée par Joseph Goebbels qui vise à dénoncer l'impétuosité des britanniques face au courage et au sang froid des Allemands, et il est à noté également que le tournage et la représentation du naufrage est bien plus ambitieux et complet que les précédentes versions, puis à  un retour a lieu dans les années 1950, sous l’impulsion du travail de référence de l’historien Walter Lord, La Nuit du Titanic (1955), qui inspire le film Atlantique, latitude 41° en 1958 réalisé par Roy Ward Baker considéré comme l'hommage cinématographique à gros budget le plus fidèle à la catastrophe, et près de 10 ans de production basée sur les témoignages des survivants auront été nécessaires pour réaliser ce chef d'œuvre incontesté du 7e art, en 1953, Hollywood s’était aussi emparé du sujet, avec le médiocre Titanic, de Jean Negulesco bénéficiant d'un budget confortable, basé sur un scénario de pure fiction, différent de celui de James Cameron, il éblouit le public par ses effets spéciaux (impressionnante maquette de 6 mètres de long) mais le film ambitieux est assez inexact historiquement, la catastrophe a aussi le droit à un téléfilm S.O.S. Titanic en 1979 qui raconte l'histoire du paquebot Titanic et son naufrage en avril 1912, à travers les yeux de passagers de première, deuxième et troisième classe, il a tout d'abord été diffusé en version longue sur deux soirées, puis commercialisé dans une version courte, mais bien qu'inspiré de témoignages authentiques, le film n'est pas toujours fidèle à la vérité, et une nouvelle fascination émerge après la découverte de l’épave, en 1985, qui trouve son apogée douze ans plus tard dans le film de James Cameron en 1998 qui y mêle reconstitution historique du naufrage de 1912, à partir de la découverte de l'épave dans les années 1980, et histoire romanesque, dans l'esprit du Titanic (1953) de Jean Negulesco, mais qui reprend aussi beaucoup de légendes sur le Titanic. Le centenaire a également marqué un regain d’attention. Aujourd’hui, l’engouement populaire reste intact. Il s’exprime de diverses façons : Certains peuvent être passionnés par l’exploration sous-marine, d’autres, par le destin des passagers, d’autres encore par le navire et sa construction. Mais l’exploration du Titanic est dangereuse comme le montre la mort de l’explorateur Paul-Henri Nargeolet et des 5 passagers du sous-marin Titan qui a implosé alors qu’il effectuait une plongée sur l’épave du Titanic le 18 juin 2023. Autant d’aspects qui prouvent que le Titanic n’est pas encore près de tomber dans l’oubli. 

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé Richard Davenport-Hines, Titanic Lives: Migrants and Millionaires, Conmen and Crew, Harper Collins UK, 2012, https://www.theguardian.com/books/2012/apr/13/titanic-lives-richard-davenport-hines-review, et https://www.independent.co.uk/arts-entertainment/books/reviews/titanic-lives-by-richard-davenporthines-6291815.html, et Voyagers of the Titanic: Passengers, Sailors, Shipbuilders, Aristocrats, and the Worlds They Came From, Morrow, 2013, et https://www.publishersweekly.com/9780061876844, Gérard Piouffre, Nous étions à bord du Titanic, First éditions, 2012, Le Titanic - Vérités et légendes, Perrin, 2018, et https://www.lapresse.ca/international/dossiers/le-titanic-il-y-a-100-ans/201204/14/01-4515360-titanic-un-paquebot-a-coule-une-legende-est-nee.php, https://www.babelio.com/livres/Piouffre-Nous-etions-a-bord-du-Titanic--Du-27-mars-au-15-a/337899#!, Antoine Resche, Le Titanic. De l’histoire au mythe, éditions La Geste, 2022, https://www.lexpress.fr/sciences-sante/sciences/sous-marin-disparu-pourquoi-le-titanic-fascine-t-il-autant-34Z5LBSTBRD67ASDHRHXJUCVZU/, https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/superfail/le-naufrage-le-plus-celebre-de-l-histoire-des-oceans-4223179, et https://www.telerama.fr/debats-reportages/il-y-a-110-ans-coulait-le-titanic-sans-son-naufrage-il-serait-reste-anonyme-7009926.php, Walter Lord, La nuit du Titanic, Libretto, 2024, http://ericlanke.blogspot.com/2016/06/a-night-to-remember-by-walter-lord.html, https://www.foliosociety.com/usa/blog/titanic-a-night-to-remember, et https://www.histoire-et-civilisations.com/livres/la-nuit-du-titanic-de-walter-lord-94883.php, https://film.fandom.com/fr/wiki/Titanic_(1953), https://tigermedianet.com/?p=78326, https://www.bbc.com/afrique/monde-56760945, https://www.geo.fr/histoire/lhistoire-completement-folle-d-john-borland-thayer-qui-a-survecu-au-naufrage-du-titanic-209266, https://www.histoire-et-civilisations.com/thematiques/epoque-contemporaine/titanic-les-raisons-dune-catastrophe-70988.php, https://www.nouvelobs.com/histoire/20220414.OBS57100/il-y-a-110-ans-le-naufrage-du-titanic-dans-la-presse-des-faux-espoirs-aux-recits-dechirants.html, https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2022-04-08/douze-histoires-etonnantes-sur-le-titanic-110-ans-apres-son-naufrage-15a0f099-2c1e-41a7-a33b-5171bb2942aa, https://www.rtbf.be/article/113-ans-apres-le-naufrage-un-officier-du-titanic-rehabilite-grace-a-la-3d-11532619, https://www.sudouest.fr/faits-divers/il-y-a-110-ans-le-titanic-sombrait-trois-choses-que-vous-ignorez-peut-etre-sur-le-naufrage-le-plus-celebre-de-l-histoire-10613594.php,https://www.senscritique.com/liste/titanic_au_cinema/2589166, https://www.universalis.fr/encyclopedie/titanic-james-cameron/, et https://www.vanityfair.fr/article/de-nouveaux-details-sur-les-dernieres-heures-du-titanic-reveles-par-une-etude

 

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lundi 14 avril 2025

Le lundi saint : Jésus à Béthanie

Pâques est une période importante pour la communauté catholique du Portugal et de nombreuses églises organisant des messes spéciales pendant la Semaine Sainte, qui est la semaine précédant le dimanche de Pâques. À Sardoal, il n'y a pas de Pâques sans fleurs : pendant la Semaine Sainte, les églises et chapelles se remplissent de tapis parfumés et fleuris. Mais la tradition la plus ancienne est de choisir, chaque année, un espace de restaurant différent pour récupérer les amandes, jusqu'à des heures tardives – surtout pour les offrir aux amoureux. Les trois jours qui suivent le dimanche des Rameaux commémorent certains événements de la vie de Jésus à Jérusalem et notamment la trahison de Judas. Chaque jour, l'un des trois premiers chants de la Servante du Seigneur tirés du livre du prophète Isaïe est lu en guise de première lecture de la messe. La lecture de l'Évangile, quant à elle, raconte les derniers jours de Jésus avant son arrestation. Le lundi est le jour de l'amitié, un sentiment important pour Jésus, qui aimait s'entourer de bons amis et passer du temps avec eux. Ce jour-là, nous nous souvenons de la façon dont il s'est rendu à Béthanie pour rendre visite à trois grands amis : Marthe, Marie et Lazare.

 

Jésus après avoir passé du temps dans la ville de Jérusalem doit la quitter après une tentative de lapidation, et se retire dans la Pérée après décembre 29, où il prépare ses disciples leur annonçant que le royaume lui a été conféré et qu’ils auront douze trônes, qu’ils ne doivent pas imiter les dirigeants de ce monde, et parlant avec le jeune homme riche dévoilant qu’il est pour la redistribution des richesses aux plus démunis, dans cet exil temporaire, il dirige sa défense, se met au premier plan de toutes les futures actions désespérées qu’il annonce, conduisant et encourageant ses disciples. Il semble certainement avoir réussi à inculquer à ses disciples un haut degré de discipline et de cohésion, ce qui lui donne un rôle éminent en tant que leader révolutionnaire. Il est considéré avec révérence, et l’estime dans laquelle il est tenu par tous ceux qui le suivent était telle que chacun était prêt à le suivre dans la mort comme le montre l’affirmation de Pierre de ne jamais le trahir lors de son dernier repas. La mort de Lazare l’appela à Béthanie, où il le ressuscite, ce qui lui amène un nombre considérable de sympathisants face à l'appauvrissement et l'oppression des masses juives méprisant non seulement les conquérants romains, mais aussi les Juifs riches qui coopéraient avec eux pour opprimer leur propre peuple, et de là, il se retire à Éphraïm, où se trouvaient sans doute des cercles baptistes, et il devient alors le chef incontesté des mouvements contestataires contre Rome ne prônant pas la violence, mais une restauration d’Israël qui provoquerait des innovations et des changements dans le gouvernement, tant dans la politique économique, sociale et politique. Alors que la tension montait dans la clandestinité, une petite étincelle pouvait déclencher une rébellion.

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Senen Vidal, Jesús el Galileo, Sal Terrae, 2006, Armand Puig i Tàrrech, Jésus, une biographie historique, Desclée de Brouwer, 2016, https://dicasdelisboa.pt/2023/04/08/tradicao-de-pascoa-em-portugal/, https://www.holyart.pt/blog/liturgia/os-ritos-da-semana-santa/, et https://theconversation.com/les-multiples-visages-de-jesus-de-nazareth-109471.

 

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dimanche 13 avril 2025

Le dimanche des rameaux, entre événement historique et traditions portugaises

La tradition du dimanche des Rameaux est profondément ancrée dans la culture portugaise. Les fidèles se préparent à la Semaine Sainte durant les quarante jours du Carême, période de pénitence et de préparation spirituelle qui commence le mercredi des Cendres. Et c’est le dimanche des Rameaux que culmine cette préparation, ouvrant officiellement les journées de réflexion qui mènent à Pâques. Tout comme le jour où Jésus a été acclamé par des personnes qui apportaient des rameaux avec eux, à cette date, les gens accompagnent la procession avec des rameaux. Lors de la cérémonie du dimanche des Rameaux, ces branches sont bénies. Par conséquent, certaines personnes choisissent de prendre une branche d’un théier, qu’elles pourront ensuite consommer.

 

Après l’arrestation de Jean-Baptiste par Hérode Antipas au début de l’année 28, Jésus préfère fuir avec ses disciples (André et son frère Simon, Philippe, Jacques et Jean, fils de Zébédée) et poursuit seul son ministère en Galilée durant le printemps 28 se rendant pour la noce de Cana, puis à Nazareth, où il annonce qu’il est le Messie prophétisé par Isaïe, à nouveau à Cana, où deux nouveaux disciples le suivent (Nathanaël ou Barthélemy, et Thomas) et il guérit le fils d’un fonctionnaire d’Hérode, et à Capharnaüm, où il prend pour disciple Matthieu, un publicain (percepteur des impôts), responsable peut-être du péage d'Hérode, puis la fête de Pâque l’appelle à Jérusalem où il rencontre le pharisien Nicodème, puis de Jérusalem, il parcourt le pays de Judée, va en Samarie, où il rencontre la femme samaritaine du puits de Jacob, pour la Galilée, où il mène une vie errante de prédicateur-prophète optimiste et joyeux, tout comme Jean il appelle à la repentance devant l’imminence du jugement, persuada un important groupe de personnes le suivre et des disciples sans doute venant de la petite bourgeoisie et de l’artisanat qui se groupent autour de lui appelant parmi eux les Douze (parmi les 9 disciples qu’il a déjà, il ajoute Jacques, fils d'Alphée, Jude Thaddée, Simon le Zélote (ou le Cananite), et Judas l'Iscariote, le seul judéen du groupe) pour symboliser la restauration d’Israël (c’est-à-dire la venue du Royaume) et des femmes (Marie de Magdala, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Chuza, intendant d’Hérode Antipas, Susanne, Marie, mère de Jacques et de Joses, et Salomé, mère des apôtres Jacques et Jean) sans doute aisées qui les accompagnaient et les servaient en prenant sur leurs ressources, et malgré ce que disent les évangiles ses relations avec ses frères, notamment Jacques, n’ont pas été si mauvaises même avant sa mort. Il offre aussi aux pécheurs une place dans le royaume sans exiger de repentance. Peu à peu les foules (parmi eux elle les paysans et les exclus) qui évoquaient à voix basse les grands rois et les prophètes qui avaient libéré Israël et le voient comme un «prophète à la manière d’Élie», s’enthousiasment à son message, car il croyait à l'égalité réelle de tous, sans exception, et à ses miracles (qu'il ne faut pas confondre avec la magie) qu’on peut attribuer à des causes naturelles plutôt que surnaturelles, mais il n'a pas proclamé un programme social mais le royaume de Dieu dans le sens de la venue de Dieu pour transformer les gens et régner dans les derniers temps, même s’il semble avoir essayé de réorganiser la vie de village en Palestine en un royaume de ce monde, attendant de Dieu qu'il renverse les différents dirigeants politiques romains et juifs de Palestine, et ce règne était déjà présent dans le ministère de guérison et d'exorcisme de Jésus. Il garda pour base Capharnaüm, et sa phase galiléenne se passe en grande partie dans cette ville, il traverse le lac de Galilée parcourant toutes les villes et enseignant dans les synagogues revenant toujours à Capharnaüm et sa renommé grandit entre juillet et octobre 28.  Jean-Baptiste en prison demande à ses disciples de le suivre après les avoir envoyé auprès de lui, il intensifie son action dans le pays des Gérasiens où il délivre un possédé, revenu à Capharnaüm, il guérit la fille de Jaïre, le chef de la synagogue locale, gagnant un soutien important dans la ville.

 

Après avoir parcourut tous les villages des environs pour y donner son enseignement, Jésus est satisfait du succès de l’envoi des Douze en janvier 29 au point que d’autres guérisseurs et exorcistes ont travaillé en son nom au mécontentement des Douze, mais il apprend la mise à mort de Jean le Baptiste sans doute en mars 29 par Hérode Antipas qui a pris soin de couper son mouvement à la racine afin d’éviter des troubles durant la Pâques, puis Jésus traverse le lac de Tibériade et se rend à Bethsaïde, où a lieu la multiplication des pains faisant un miracle comme un «prophète semblable à Moïse», préparant la foule sur place à la restauration d’Israël, mais celle-ci voulut le faire roi, et Jésus préféra partir, il y guérit aussi un aveugle, Jésus se retire, mais attire la méfiance d’Hérode Antipas et retourne à Jérusalem pour la Pâques de l’an 29 où il guérit un paralytique sur le lieu de la piscine de Bethzatha, sans soute demeure-t-il durant cette période chez des sympathisant judéens à Béthanie (Lazare et ses sœurs Marthe et Marie, et Simon le lépreux) faisant sans doute partie des nantis et des nouveaux riches qui montaient dans l’échelle sociale et qui voulaient que la Terre sainte soit purifiée des occupants romains, puis il se rend au bord du lac de Tibériade puis à Capharnaüm, fait quelques incursions en Galilée entre avril et mai 29, la quitte avec ses disciples, il va ensuite en entre mai et juillet 29 en Phénicie pour éviter Hérode Antipas qui veut s’emparer de lui où il guérit la fille d’une syro-phénicienne après avoir été impressionné par sa bonne réponse, puis dans la Décapole, où il guérit un homme sourd et muet, et retourne au lac de Galilée entre juillet et septembre 29, puis erre quelque temps avec ses disciples en Galilée sans trop faire parler de lui, visite encore une fois Nazareth et Capharnaüm, va à Magdala, puis il quitte la Galilée et regagne la contrée de Césarée de Philippe, où Pierre déclare que Jésus est le Messie, et la Transfiguration à laquelle assiste Pierre, Jacques et Jean serait une intronisation royale des rois juifs selon le modèle du Psaume 2, à partir de là, Jésus semble avoir ferme et inflexible dans sa mission, puis il se rend en Pérée, en Judée par la Samarie, où dans un village les fils de Zébédée sont mal reçu et Jésus doit calmer leur mécontentement, traverse Jéricho, où Jésus rencontre Zachée, un riche fonctionnaire juif qui collecte les impôts pour le compte du gouvernement romain, se trouve dans le voisinage de Jérusalem, où il va pour la fête des Tabernacles et la fête de la Dédicace. Pour Jésus, la Loi devait être pleinement observée et la justice sociale mise en œuvre, ce qui amènerait à sauver son peuple autrefois élu, et cela si les lois bibliques protégeant les pauvres et les nécessiteux étaient appliquées, si les intérêts n’étaient plus exigés sur les prêts à l’homme qui avait besoin d’aide, et si chacun traitait son prochain avec justice.

 

Avant la fête, les frères de Jésus essayent de pousser Jésus à se déclarer le Messie, mais il leur demande d’être prudents, car les Romains à travers le préfet de Judée depuis 26, Ponce Pilate qui s’est fait de nombreux ennemis comme quand il fit entrer des étendards à l’effigie de l’empereur qui entraina une réaction populaire, puise dans le Trésor du Temple pour construire un aqueduc avec l’accord du Sanhédrin, dispersa une manifestation populaire faisant plusieurs morts, et il place des boucliers en l’honneur de l’empereur dans le palais d’Hérode, mais cette fois ci les princes hérodiens soutiennent la foule, dirigeaient la Judée avec une main de fer et une sophistication digne de l'empire. Ils aimaient les couches riches de la société et les corrompaient en conséquence. Même les grands prêtres dirigés par Caïphe responsables de l'administration du Temple et de ses travaux étaient entachés d'une profonde corruption. Jésus pense que l'acceptation de sa doctrine sociale et religieuse par l'ensemble du peuple juif était la clé de la victoire, et qu'il était donc de son devoir et de son destin d'asseoir son ascendant dans la capitale, il a réagi activement et a décidé de monter directement à Jérusalem, pour y établir le Royaume de Dieu et montrer ses prétentions messianiques, avec une entrée messianique déguisée dont «la manifestation de Jésus a été assez modeste» et c’est une action symbolique pour ses initiés «qui avaient les yeux pour voir», prenant pour appui la fête des Tabernacles, fête juive de l’automne,  après la récolte des olives : les branches portées par les disciples … le chant de l’Hosanna, c’est-à dire du Psaume 117, qui est celui de la Fête et que l’on retrouve dans l’Apocalypse, la procession elle-même, la scène soit située sur le Mont des Oliviers est aussi en rapport avec les Tabernacles, car c’était là que les Juifs dressaient leurs huttes de feuillage avant la fête lui permettant de ne pas attirer l’attention des autorités romaines, mais cette «entrée royale», permet de déceler ses prétentions messianiques cachée autour d’un rite religieux, et en «purifiant» le Temple le lendemain, un geste qu’il a fait sous la colère après que le grand prête a décidé de transférer dans la cour du Temple, le Hanuth qui se trouvait auparavant au mont des Oliviers, une opération mercantile dépossédant les prêtres pauvres de ce financement, ce qui peut expliquer que la garde du Temple ne bougea pas approuvant le geste de Jésus, et en provoquant les autorités. Il avait intentionnellement accompli deux des prophéties de Zacharie – entrer dans la ville en tant que roi sur un âne et retirer symboliquement les «marchands» de la «maison de Dieu». Mais Jésus ne s’arrête pas là, car entre la fête des Tentes et de la Dédicace tout en guérissant un aveugle –né et se mettant en colère contre un figuier qui ne donne pas de fruits, ce qui n’est pas étonnant en automne, il prophétise la fin du Temple et ses adversaires essayent de le discréditer en essayant de le piéger avec l’épisode de la femme adultère et en remettant en question son autorité, en posant des questions sur l’impôt à Rome et sur la résurrection. 

 

Au Portugal, dans les églises et les rues, il est courant de trouver des croix ornées de branches de palmier, rappelant l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Il s’agit d’une pratique qui unit les communautés chrétiennes, renforçant les liens de foi et de dévotion. Dans certains endroits, ce sont les fidèles eux-mêmes qui apportent à l'église, parfois la veille, les «palmitos», des branches de romarin, d'olivier, de laurier, de palmier, parfois décorées de rubans colorés, certaines avec les feuilles enroulées formant des spirales. Il existe une autre croyance dans tout le pays, selon laquelle les branches empêchent les orages. Lors des tempêtes, vous devez brûler quelques feuilles sèches de la branche bénie pour ralentir les éléments et éviter tout danger. Une autre tradition particulière de la Semaine Sainte est l’échange de cadeaux entre parrains et filleuls. Le dimanche des Rameaux, les filleuls offrent des bouquets ou des fleurs à leurs parrains, un geste qui est rendu le dimanche suivant par le «folar», un cadeau traditionnel de Pâques qui symbolise le renouveau et le partage entre les membres de la famille et de la communauté. Les repas ou plats de cérémonie, parfois accompagnés de pratiques particulières, créent un moment de «fête» (manger en mémoire) et montrent l'importance de l'alimentation dans la formation des rites. Le plat de cérémonie du dimanche des Rameaux dans de nombreuses régions du pays, et plus particulièrement dans le Nord, est la châtaigne, sous forme de bouillon de châtaignes pilées, généralement à base de haricots blancs.

 

Le dimanche des Rameaux, des processions ont lieu du nord au sud du Portugal. Les fidèles descendent dans les rues pour suivre les images sacrées en procession, emportant avec eux les branches bénies en signe de vénération et de dévotion. À Viana do Castelo, l'ordre de la cérémonie relève de la responsabilité de l'Intendance de la Croix : ce sont les majordomes de l'année qui accompagneront le prêtre dans la Boussole pascale, qui décoreront l'église, distribueront les cœurs de palmiers bénis et offriront au prêtre son propre bouquet, plus grand et plus beau que les autres. À la fin de la cérémonie, en sortant de l'église, les filles remettent les feuilles sculptées de leur branche aux garçons, qui les portent à leur revers. À Lousada – Penafiel, en plus des branches individuelles que chacun porte, il y a aussi, au milieu de l'église, un gros rameau d'olivier, lourdement décoré de fleurs et de rubans, que le prêtre bénit en même temps que les autres. À Quintanilha – Bragança, chacun apporte son propre bouquet de romarin et de mimosa, mais le sacristain reçoit également un gros rameau d'olivier, qui est brisé en petites branches pour qu'il parvienne à tous les fidèles. Les majordomes offrent également au prêtre un troisième rameau, également olive, mais spécial, orné d'un nœud en soie. Le prêtre bénit le grand rameau et le petit rameau de chacun, et tenant dans sa main le rameau offert par les majordomes, il distribue le gros rameau à chacun. Les gens coupent une petite brindille de leur part et la feuillètent autour de l'église, en priant un Notre Père et un Je vous salue Marie avec chaque feuille. Le prêtre cependant, après avoir donné à chacun le fiel du gros rameau, déposera sur l'autel de la Dame le rameau que les majordomes lui avaient donné, et qu'il avait porté à la main en distribuant le brin à chacun. Les gens, à leur tour, gardent le reste de leur rameau béni et, à l'occasion de la visite pascale, le déposent dans la chambre. Ici, on pense également que la branche peut aider à prévenir les orages, en protégeant la maison en général contre tout «mauvais air».

 

À Braga a lieu la Procession solennelle des Pas qui offre aux spectateurs, dans des images allégoriques et une mise en scène dramatique, la même chose qui, dans la Messe des Rameaux, a été lue dans l'Évangile de la Passion et nous rappelle que Jésus «a souffert pour nous, nous laissant un exemple, alors suivons ses traces» (1 Pierre 2,21). Il fait défiler les personnages qui sont intervenus dans le procès, la condamnation et la mort de Jésus : soldats, bourreaux et ennemis; mais aussi des Cyrénéens amicaux, des Madeleines repentantes et des femmes pieuses. Jésus lui-même, le «Seigneur des pas», portant la croix sur son dos, traverse les rues de la Ville, comme il parcourait autrefois celles de Jérusalem. Les écritures des Irmandades dos Passos de l'Archiprestado de Braga font partie du devant de la procession. La procession s'arrête à côté de l'église de Santa Cruz, pour le Sermon de Rencontre. Au cours de ce sermon, les auditeurs seront témoins de la rencontre émouvante entre Jésus et sa Mère Douloureuse, la «Dame des Douleurs». Elle est organisée par la Confrérie de Santa Cruz. À Escalos – Castelo Branco, en même temps que les sarments, les gens portent aussi parfois du pain que le prêtre bénit également, et qui reste «pain béni» et avec vertu tout au long de l'année. Ici, on croit que le «pain béni» doit être mangé ou donné un peu au bétail lorsqu'il gronde, pour ralentir et conjurer le danger. À Guimarães, dans le cérémonial chrétien, les palmes et branches bénies de ce jour qui restent en possession de l'église sont conservées dans la sacristie jusqu'au mercredi des Cendres de l'année suivante. Le mercredi des Cendres, ils sont brûlés afin qu'avec leurs cendres, le signe de la croix puisse être imposé sur le front des fidèles qui assistent à la messe des Cendres. Mais à Guimarães, cet incendie a lieu le mardi gras. Les rameaux du dimanche des Rameaux sont conservés tout au long de l'année, tantôt dans la cuisine, tantôt en tête de lit, tantôt dans l'oratoire ou à côté de toute image religieuse. Enfin, à Castelo de Vide, le dimanche des Rameaux, sont célébrées la bénédiction des rameaux et la procession des pas du Seigneur

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Raymond E. Brown, Jésus dans les quatre Évangiles. Introduction à la christologie du Nouveau Testament, Cerf, 1996, Étienne Trocmé, Quatre évangiles, une seule foi, Editions Olivetan, 2001, John P. Meier, Un certain juif, Jésus. Les données de l'histoire, v.1, ch. 11 : La quinzième année... Une chronologie de la vie de Jésus, Cerf, 2004, pp 372-433, James H. Charlesworth, Jesus and Archaeology, Wm. B. Eerdmans Publishing, 2006, Senen Vidal, Jesús el Galileo, Sal Terrae, 2006, Dominique Foyer, Les récits du procès de Jésus, dans Histoire de la justice (2013/1 N° 23), Armand Puig i Tàrrech, Jésus, une biographie historique, Desclée de Brouwer, 2016, Jean-Yves Riou, Un magistrat romain dans l’imbroglio judéen dans le Dossier La Passion de Jésus, dans Codex n°3, printemps 2017, Emmanuel Durand, Jésus contemporain, Editions du Cerf, 2018, Christoph Theobald, Jésus – Christ : Bulletin de théologie systématique(1), dans Recherches de Science Religieuse, Tome 107, Facultés Loyola Paris, 2019/4, pages 687 à 738, Fernando Bermejo-Rubio, They Suffered under Pontius Pilate: Jewish Anti-Roman Resistance and the Crosses at Golgotha, Rowman & Littlefield, 2023, https://cincocantos.com.br/tradicoes-domingo-de-ramos/, https://maissemanario.pt/domingo-de-ramos-tradicao-e-devocao/, https://semanasantabraga.com/procissao-dos-passos/, https://www.bartehrman.com/historical-jesus/, https://www.biblicalarchaeology.org/daily/people-cultures-in-the-bible/jesus-historical-jesus/the-last-days-of-jesus-a-final-messianic-meal/, et https://www.cathedrale-catholique-clermont.fr/lentree-a-jerusalem/.

 

Merci et bon dimanche des rameaux !

Qu'allons nous voir ici ?

Ce blog s'intéressera avant tout à la question de l'historicité du roi Arthur durant les Dark Ages, une période de grands changeme...