L'affaire Calas est une affaire
judiciaire qui se déroula au milieu du XVIIIe siècle à Toulouse,
rendue célèbre par l'intervention de Voltaire.
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Le 13 octobre 1761, Marc-Antoine Calas est découvert mort à 22 heures dans le magasin
de son père Jean, riche marchand
drapier, rue des Filatiers à Toulouse après le souper qui réunissait le père, et la mère, les deux fils Marc-Antoine
et Pierre et un invité Mr. Gaubert. Toujours est-il que les Calas, l'invité Gaubert et la servante Jeanne
Viguière, bonne catholique, sont accusés du meurtre. L'attitude de la famille est en effet suspecte car
celle-ci a détaché Marc-Antoine pour
camoufler le suicide et éviter ainsi à ce dernier qu'il ne subisse le traitement
alors infligé aux suicidés. Mais les Calas,
de confession protestante, sauf l'un des fils, Louis, converti au catholicisme, continuent à pratiquer leur foi,
et cela suffit pour que le capitoul
David de Beaudrigue. Marc-Antoine
mit-il fin à ses jours comme le soutinrent les Calas et Voltaire, ou
fut-il «pendu ou étranglé» par des assassins dont la trace s’est perdue ?

Pour le capitoul David de Beaudrigue chargé de l’affaire, point de doute : Marc-Antoine, désireux d’embrasser le catholicisme, a été assassiné par ses
propres parents, huguenots endurcis
et isolés dans une ville très catholique. Bien que le curé ait affirmé que Marc-Antoine
n'avait pas fait acte de catholicité, le parlement entend quatre-vingt-sept
dépositions relatives à sa conversion; Marc-Antoine
Calas reçoit des funérailles catholiques solennelles; une procession réunit
vingt mille fidèles à Toulouse. Le capitoul David de Beaudrigue, convaincu
par les rumeurs de voisinage alléguant la volonté de Marc-Antoine de choisir réellement la religion catholique, exige un
complément d'enquête. L’interrogatoire, mené tambour battant par le capitoul David de Beaudrigue, qui se
rend avec quarante soldats chez les Calas peu après la découverte du corps,
puis les auditions orchestrées par les magistrats
du parlement de Toulouse cherchent plus à confirmer qu’à prouver la version
du meurtre familial.

La publication d’un monitoire, qui encourage les fidèles à témoigner pour ou contre les accusés sous peine d’excommunication, incite la population à des témoignages
fantaisistes qui seront pourtant jugés décisifs. En effet, les juges municipaux, puis la juridiction supérieure que constitue
le parlement de Toulouse, jugent
l’hypothèse du suicide, avancée par la défense, matériellement et
psychologiquement invraisemblable. C’est toute une ville qui, intériorisant une
imaginaire «haine implacable» des calvinistes, prononce la terrible
sentence. L'affaire Sirven (Élisabeth,
élève des Dames noires de Castres se
jette dans un puits pour ne pas entrer au couvent) aggrave la situation. Le parlement de Toulouse le condamne à
mort le 10 mars 1762, sans que le jugement ne soit motivé. Calas est condamné au supplice de la roue. Le 10 mars 1762, Jean Calas après avoir clamé son
innocence sous la torture, est roué est étranglé puis brûlé deux heures plus
tard sur la place Saint-Georges pour le meurtre de son fils Marc-Antoine. Le verdict a été prononcé
après une instruction menée à charge par les capitouls puis le parlement
et une campagne de rumeurs infamantes lancée contre ce marchand protestant
vivant dans une ville très catholique.

Purement locale jusqu'à l'exécution, après
le comte de Maurepas, Villars (fils du vainqueur des Camisards) et Vallerangue avec son pamphlet : L'Asiatique
tolérant, cette affaire prend une dimension internationale grâce à Voltaire, alerté par son
ami le docteur Tronchin, il prit le
parti de la victime après avoir rencontré ses fils à Genève croyant d’abord à la culpabilité de Calas, ayant mené son enquête il prend
fait et cause pour Calas qu’il voit
comme la victime du fanatisme catholique,
avec l'aide des avocats de Calas, il en appelle au Conseil du roi, il ameute la cour, élabore son Traité sur la tolérance (1763), et mobilisant toutes ses relations notamment dans le milieu mondain des Lumières, qui accueille
à Paris la veuve Calas, il attaque,
puis quand l’opinion est mûre,
rédigea plusieurs libellés, brochures et pamphlets, et l’arrêt
du tribunal fut cassé en 1764. Elle se conclut à Versailles, en 1765,
par la réhabilitation de Calas, cassant
les verdicts qui l’ont
condamné à être roué vif, et ordonne le versement d’un fort dédommagement à la famille, devenu le symbole du combat
des Lumières pour la tolérance
et contre le fanatisme…
Pour aller plus loin, je vous conseille
ces lectures : David D. Bien, L'Affaire Calas, éditions Eché,
1987, Janine Garrisson, L’affaire Calas. Miroir des passions
françaises, Paris, Fayard, 2004, José
Cubero, Petite histoire de
l'affaire Calas, Cairn éditions, 2021, Jack Thomas, 1762. L'affaire Calas, religion et
intolérance au siècle des Lumières, Éditions Midi-Pyrénées, 2022, http://php88.free.fr/bdff/image_film.php?ID=11465, et https://www.universalis.fr/encyclopedie/affaire-calas/.
Merci !
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