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lundi 10 mars 2025

L’affaire Calas, la justice face à l’intolérance

L'affaire Calas est une affaire judiciaire qui se déroula au milieu du XVIIIe siècle à Toulouse, rendue célèbre par l'intervention de Voltaire. 

 

Le 13 octobre 1761, Marc-Antoine Calas est découvert mort à 22 heures dans le magasin de son père Jean, riche marchand drapier, rue des Filatiers à Toulouse après le souper qui réunissait le père, et la mère, les deux fils Marc-Antoine et Pierre et un invité Mr. Gaubert. Toujours est-il que les Calas, l'invité Gaubert et la servante Jeanne Viguière, bonne catholique, sont accusés du meurtre. L'attitude de la famille est en effet suspecte car celle-ci a détaché Marc-Antoine pour camoufler le suicide et éviter ainsi à ce dernier qu'il ne subisse le traitement alors infligé aux suicidés. Mais les Calas, de confession protestante, sauf l'un des fils, Louis, converti au catholicisme, continuent à pratiquer leur foi, et cela suffit pour que le capitoul David de Beaudrigue. Marc-Antoine mit-il fin à ses jours comme le soutinrent les Calas et Voltaire, ou fut-il «pendu ou étranglé» par des assassins dont la trace s’est perdue ?

 

Pour le capitoul David de Beaudrigue chargé de l’affaire, point de doute : Marc-Antoine, désireux d’embrasser le catholicisme, a été assassiné par ses propres parents, huguenots endurcis et isolés dans une ville très catholique. Bien que le curé ait affirmé que Marc-Antoine n'avait pas fait acte de catholicité, le parlement entend quatre-vingt-sept dépositions relatives à sa conversion; Marc-Antoine Calas reçoit des funérailles catholiques solennelles; une procession réunit vingt mille fidèles à Toulouse. Le capitoul David de Beaudrigue, convaincu par les rumeurs de voisinage alléguant la volonté de Marc-Antoine de choisir réellement la religion catholique, exige un complément d'enquête. L’interrogatoire, mené tambour battant par le capitoul David de Beaudrigue, qui se rend avec quarante soldats chez les Calas peu après la découverte du corps, puis les auditions orchestrées par les magistrats du parlement de Toulouse cherchent plus à confirmer qu’à prouver la version du meurtre familial. 

 

La publication d’un monitoire, qui encourage les fidèles à témoigner pour ou contre les accusés sous peine d’excommunication, incite la population à des témoignages fantaisistes qui seront pourtant jugés décisifs. En effet, les juges municipaux, puis la juridiction supérieure que constitue le parlement de Toulouse, jugent l’hypothèse du suicide, avancée par la défense, matériellement et psychologiquement invraisemblable. C’est toute une ville qui, intériorisant une imaginaire «haine implacable» des calvinistes, prononce la terrible sentence. L'affaire Sirven (Élisabeth, élève des Dames noires de Castres se jette dans un puits pour ne pas entrer au couvent) aggrave la situation. Le parlement de Toulouse le condamne à mort le 10 mars 1762, sans que le jugement ne soit motivé. Calas est condamné au supplice de la roue. Le 10 mars 1762, Jean Calas après avoir clamé son innocence sous la torture, est roué est étranglé puis brûlé deux heures plus tard sur la place Saint-Georges pour le meurtre de son fils Marc-Antoine. Le verdict a été prononcé après une instruction menée à charge par les capitouls puis le parlement et une campagne de rumeurs infamantes lancée contre ce marchand protestant vivant dans une ville très catholique. 

 

Purement locale jusqu'à l'exécution, après le comte de Maurepas, Villars (fils du vainqueur des Camisards) et Vallerangue avec son pamphlet : L'Asiatique tolérant, cette affaire prend une dimension internationale grâce à Voltaire, alerté par son ami le docteur Tronchin, il prit le parti de la victime après avoir rencontré ses fils à Genève croyant d’abord à la culpabilité de Calas, ayant mené son enquête il prend fait et cause pour Calas qu’il voit comme la victime du fanatisme catholique, avec l'aide des avocats de Calas, il en appelle au Conseil du roi, il ameute la cour, élabore son Traité sur la tolérance (1763), et mobilisant toutes ses relations notamment dans le milieu mondain des Lumières, qui accueille à Paris la veuve Calas, il attaque, puis quand l’opinion est mûre, rédigea plusieurs libellés, brochures et pamphlets, et l’arrêt du tribunal fut cassé en 1764. Elle se conclut à Versailles, en 1765, par la réhabilitation de Calas, cassant les verdicts qui l’ont condamné à être roué vif, et ordonne le versement d’un fort dédommagement à la famille, devenu le symbole du combat des Lumières pour la tolérance et contre le fanatisme

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures : David D. Bien, L'Affaire Calas, éditions Eché, 1987, Janine Garrisson, L’affaire Calas. Miroir des passions françaises, Paris, Fayard, 2004, José Cubero, Petite histoire de l'affaire Calas, Cairn éditions, 2021,  Jack Thomas, 1762. L'affaire Calas, religion et intolérance au siècle des Lumières, Éditions Midi-Pyrénées, 2022, http://php88.free.fr/bdff/image_film.php?ID=11465, et https://www.universalis.fr/encyclopedie/affaire-calas/

 

Merci !

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