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vendredi 3 octobre 2025

La très longue histoire de la Corée (1)

Le 3 octobre commémore la fondation de la première nation coréenne, 'Gojoseon', ce qu’on appelle le Gaecheonjeol. La fête était à l’origine le troisième jour du dixième mois du calendrier lunaire et était donc à une date différente chaque année (tout comme Chuseok). Après 1949, le gouvernement du pays a transformé cette fête en une fête nationale annuelle. Des cérémonies ont lieu dans différentes régions du pays : à l’autel Chamseongdan au sommet du mont Manisan sur l'île de Ganghwa-do, au sanctuaire de Dangun à Gokseong, au mont Taebaeksan, à Jeungpyeong et à Séoul (Baekakjeon), où des offrandes sont présentées en l’honneur des anciens rois coréens. Après la cérémonie, les villes s’animent avec des défilés vibrants, de la musique traditionnelle et des spectacles de danse qui mettent en valeur le patrimoine artistique de la Corée. Comme de nombreuses fêtes dans le monde, la Journée nationale de la fondation est célébrée par d’énormes feux d’artifice dans tout le pays. Cette journée symbolise la fierté nationale, l’unité et le riche héritage culturel du peuple coréen, tout en mettant en lumière des héros de la société qui éveillent l’amour de l’humanité comme le montre l’idée de fondation nationale du royaume Gojoseon.

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : https://altselection.ouest-france.fr/3-octobre-gaecheonjeol-ou-journee-de-la-fondation-nationale-de-coree/, https://french.visitkorea.or.kr/svc/contents/contentsView.do?vcontsId=140711, https://french.korea.net/NewsFocus/Society/view?articleId=163976, et https://www.agoda.com/fr-fr/travel-guides/south-korea/seoul/discovering-gaecheonjeol-a-guide-to-celebrating-foundation-day-in-seoul/.

 

La Corée fut l'un des derniers pays d'Asie à être visité par les Occidentaux et ses frontières sont restées largement inchangées depuis son unification au VIIe siècle. Bien qu'elle soit l'un des États les plus anciens et les plus homogènes ethniquement au monde, la Corée n'est pas née de nulle part. Divers peuples tribaux de la péninsule se sont unis pour former l'une des communautés les plus singulières au monde. Géographiquement isolée, elle a subi une forte influence de la puissante Chine et a souvent servi de passerelle vers le continent au Japon. Se qualifiant de «crevette parmi les baleines», les Coréens ont emprunté des éléments de gouvernement, de culture et de religion tout en luttant farouchement pour préserver leur indépendance face à leurs puissants voisins. 

 

Les mythes et le folklore coréens puisent leurs racines dans l'histoire ancienne d'une terre habitée depuis le Néolithique. Les premières années sont sujettes à des mythes, certaines mentions du royaume de Gojoseon ayant été découvertes dans le nord de la Corée et dans la province méridionale de la Chine vers 2333 av. J.-C. et il fait les beaux jours du roman alternatif Make Gojoseon great again (2021) et dy mythique Arthdal Chronicles (2019) et sa suite Arthdal Chronicles: The Sword of Aramoon (2023). Gojoseon, qui se trouvait dans une période de transition entre l'âge du bronze et l'âge du fer, a connu de fréquentes guerres. Entre 1000 et 300 av. J.-C., émergent des dirigeants assez puissants pour établir leur contrôle sur des populations, différentes tribus nomades se réunirent alors pour fonder Gojoseon, ou des proto-royaumes, centrés sur des fermes communautaires du fait que l’armoise et l’ail sont prédominants, et cette période voit aussi quelques similarités avec les dagues de bronzes que l’on retouve dans la culture de la dague de bronze de Liaoning. Cette période est marquée par l’âge du bronze, la métallurgie et l’édification de très nombreux dolmens plus nombreux qu’en France. Dès le VIIIe siècle avant J.-C. au moins, les Coréens subissaient l'influence culturelle de leur puissant voisin, la Chine. La riziculture, les outils en bronze et les armes empruntés aux Chinois les poussèrent vers l'urbanisation et la création d'un État. Au IVe siècle avant J.-C., de petites entités apparurent dans toute la péninsule coréenne, chacune fondée sur une ville fortifiée. Guerres et alliances entre les villes donnèrent naissance à des confédérations lâches sous la direction des dirigeants des villes dominantes. Entre le IIIe et le IIe siècle va. J.-C., l'âge du fer avait atteint sa maturité et Gojoseon était devenu une nation développée. Les habitants de Gojoseon vivaient principalement dans des villages défensifs clôturés et pratiquaient l'agriculture avec des souverains aussi puissant que Gija et Wiman (194-161 avant J.-C.), qui arrivèrent à défier l’empire Han au IIe siècle avant J.-C. Gojoseon a existé jusqu'en 108 avant J.-C., date à laquelle il a été vaincu lors d'une guerre contre la dynastie Han et a péri, et fut remplacé par l’empire Han avec des commanderies Han qui ont dirigé le pays après Gojoseon entre 108/7 avant J.-C et 313. Les Chinois considéraient ces confédérations comme une menace et, de 109 à 106 avant J.-C., la dynastie Han, puissante, conquit la majeure partie du nord et du centre de la Corée. Cependant, il restait encore quelques régions de Corée non conquises. Les documents deviennent plus fiables à partir du milieu du premier millénaire av. J.-C. : une phase turbulente, entre affrontements tribaux et invasions, qui donnent naissance à trois États : Mahan, Pyonhan et Chinhan qui devinrent les royaumes de Silla, Kaya et Paekche issus du peuple Han dont les habitants de Samhan célébraient des rites de sacrifice au ciel en mai et en octobre, et à ces occasions, ils se réunissaient pour déguster de l'alcool, manger, chanter et danser, et Goguryeo, en revanche, est probablement issu de la confédération Buyeo dont le premier fondateur légendaire vers 37 avant J.-C., Jumong, le «grand archer», en hommage à la dextérité de son peuple au tir à l’arc, mais aussi Okjeo, et Dongye, qui ont émergé durant cette période en Mandchourie et dans la péninsule coréenne avant et après la fondation de Gojoseon, suite à la propagation de la culture de l'âge du fer et au développement des compétences agricoles, avant une période de 700 ans appelée «période des Trois Royaumes»

 

La «période des Trois Royaumes» nous est connue en Occident par grâce à des dramas historiques captivants tels que Ballad of Seodong (2005), Dae Jo Young (2006), Yeon Gaesomun (2006), Jumong (2006-2007), The legend (2007), The Kingdom of the Winds (2008), Kim So Roo (2010), Gye Baek (2011), Gwanggaeto, The Great Conqueror (2011), Faith (2012), The King's Daughter, Soo Baek-hyang (2013), The Blade and the Petal (2013), Hwarang : The Poet Warrior Youth (2016-2017), My Only Love Song (2017), The King in Love (2017), River Where the Moon Rises (2021), et Queen Woo: A Tale of Power (2024), et des films tels que Once Upon a Time in a Battlefield (2003), et Battlefield heroes (2011), durant laquelle d'anciens royaumes se disputèrent la suprématie au cours du premier millénaire de notre ère, et les nobles des États ennemis de cette période adoptèrent et adaptèrent le bouddhisme et le confucianisme au gré de leurs interactions avec les dynasties chinoises du haut Moyen Âge et firent briller la Corée au point d'exercer une forte influence culturelle jusqu'au Japon car beaucoup d’aspects de cette culture migrèrent avec de nombreux artistes et intellectuels coréens au Japon et eurent une incidence notable sur la formation de la culture du Soleil Levant. Les peintures murales retrouvées dans les principaux centres de pouvoir japonais reflètent par exemple une tradition largement consolidée sous Goguryeo; de la même manière, de nombreux témoignages de grande valeur de l’art japonais reflètent cet art de «virtuosité non excessive» généralement attribué au Royaume de Baekje. Au milieu du VIIe siècle, avec l'aide du puissant empire chinois des Tang, l'État aristocratique hautement stratifié socialement (traditionnellement daté de 57 av. J.-C. à 935) de Silla que le roi Naemul (356-402) a établie en tant que monarchie héréditaire au sud-est, dont Saroguk changea le nom de son royaume en Silla au début du VIe siècle, réforma son système politique et réorganisa les zones administratives, y compris la capitale, et le roi Beopheung stabilisa le système dirigeant en un État centralisé en promulguant un code de loi, en établissant des règles sur les tenues officielles et en adoptant le bouddhisme comme religion d'État officielle, il incorpora également 532 dans le but d'étendre son territoire la confédération de Gaya, qui avec Geumgwan Gaya comme principale cité-état fondée par le roi Suro en 42 avant J.-C. qui  se maria avec Heo Hwang-ok, une princesse du pays indien d’Ayuta en 48 avant J.-C., et cette confédération a développé une culture de l'âge du fer et exercé une influence considérable sur les régions riveraines du Nakdonggang, qui a commencé très tôt à cultiver le riz, contribuant ainsi à l'essor de leur culture agricole, commerçant également activement avec Wa (Japon) et Lelang, profitant de l'abondance de fer et de voies maritimes pratiques, tandis que le roi Jinheung (540-576), l'un des plus puissants rois de Silla, fut à l'origine de l'expansion considérable du territoire de Silla, s'emparant des terres le long du fleuve Hangang à Baekje, conquit Daegaya à Goryeong, s'empara de zones le long du fleuve Nakdonggang et étendit le territoire jusqu'à Hamheung, le long de la côte est, incorporant Usanguk (composé des îles actuelles d'Ulleungdo et de Dokdo) au territoire de Silla en 512, et réorganisa le Hwarangdo en une organisation nationale (les Hwarang, des soldats d’élite connus entre autres pour leur beauté, sont aujourd’hui analysés via des poèmes/récits comme ayant eu des relations homosexuelles/homoérotiques) et agrandit considérablement le territoire, dans lequel l'utilisation intensive de l'or par les premiers rois, et l'importance qu'ils accordaient aux attributs liés à la guerre (par exemple, l'équitation), sont progressivement remplacés par l'utilisation de l'or dans la création artistique bouddhique et par la redéfinition de la royauté «par des chefs laïcs et religieux [qui soutenaient] des activités bouddhistes, comme la construction de temples», et la structure des tombes de Silla des Ve et VIe siècles «se rattache en définitive aux traditions des steppes», et ce lien entre le royaume coréen et l'Asie centrale est également évident dans l'esthétique de Silla, qui devait faire face à de redoutables adversaires comme le royaume militariste de Goguryeo (traditionnellement daté de 37 avant J.-C. à 668), au nord, qui vit la reine Woo devenir la reine du roi Gogukcheon en 180 mais en 191 en raison d’un conflit avec sa famille son royal époux l’éloigna du pouvoir, à la mort de ce dernier en 197, elle a placé le roi Sansang sur le trône qui l'a fait à nouveau reine, défiant les traditions dans un monde où la succession se faisit par les hommes, elle n’avait pas peur de faire des choix audacieux ce qui la fit devenir la reine douairière en 227, et au IIIe siècle voit le système monarchique changée en un système de sucession allant de père en fils, au début du IVe siècle, le roi Micheon chassa les factions fidèles à la dynastie Han de la péninsule coréenne, et Goguryeo absorba le royaume de Buyeo au Ve siècle et et à l'époque du 19e roi, Gwanggaeto le Grand (391 à 413), son règne est connu grâce à la stèle commémorative que lui a élevée son fils, mise à jour en 1875, il était devenu une véritable puissance en Asie de l'Est chassant les Khitan, les Sushen et les Dongbuyeo et étendant son territoire jusqu'en Mandchourie, il s'empara également de nombreuses forteresses de Baekje dans le sud et aida Silla à surmonter une crise en repoussant les envahisseurs Wako, puis, le roi Jangsu, fils du roi Gwanggaeto, transféra la capitale à Pyongyang en 427. Il occupa Hanseong (aujourd'hui Séoul), capitale de Baekje, et les régions bordant le fleuve Hangang, étendant son territoire jusqu'aux actuels cols de Jungnyeong (Danyang et Yeongju) et Namyang-myeon, dans le Gyeonggi-do, et grâce à cette expansion territoriale, Goguryeo établit un empire colossal en Mandchourie et dans la péninsule coréenne, dominant ainsi l'Asie du Nord-Est, et l'État culturellement sophistiqué de Baekje (traditionnellement daté de 18 av. J.-C. à 660 apr. J.-C.), qui au milieu du IIIe siècle, sous le règne du roi Goi, avait pris le contrôle total des régions riveraines du fleuve Hangang et établi un système de gouvernance politique solide, puis Baekje transféra sa capitale à Ungjin (aujourd'hui Gongju) en 475, et s'efforça de reconstruire sa puissance pour reconquérir le territoire perdu, ensuite le roi Dongseong affronta Goguryeo en renforçant son alliance avec Silla, le roi Muryeong renforça son contrôle local afin de poser les bases solides de sa prospérité, et le roi Seong, fils du roi Muryeong, transféra la capitale de Baekje à Sabi (aujourd'hui Buyeo) s'efforça de réformer le système de gouvernement et reprit le contrôle des régions bordant le fleuve Hangang grâce à une alliance avec Silla, et dont la zone d'activité s'étendait de la mer de l'Ouest à la mer du Sud et jusqu'au Japon, ce qui en faisait une puissance maritime avec une puissance non inférieure à celle de Goguryeo, dont le roi le plus connu est le roi Geunchogo, à peu près à l'époque de l'ère viking en Europe et en Scandinavie. 

 

Le royaume de Silla finit par unifier les Trois Royaumes en profitant que des divisions entre Goguryeo que la dynastie Sui qui attaqua en 612, et vit le général Eulji Mundeok de Goguryeo noyer la plupart des envahisseurs chinois dans la rivière Salsu (aujourd'hui Cheongcheongang), dans ce qui fut appelé la bataille de Salsu, et la dynastie Sui subit d'énormes dommages suite à l'échec de la campagne et tomba aux mains de la dynastie Tang en 618, puis la Chine Tang attaqua également Goguryeo à plusieurs reprises, mais échoua à chaque tentative, et Baekje qui attaquait fréquemment Silla qui sollicita sans succès l'aide de Goguryeo, puis envahit le pays en alliance avec la Chine des Tang, et les troupes de Silla, dirigées par Kim Yu-sin, vainquirent une force d'élite de Baekje commandée par Gyebaek à Hwangsanbeol et marchèrent sur Sabi, la capitale de Baekje, et les troupes de la Chine des Tang envahirent Baekje par l'estuaire du fleuve Geumgang, finalement, Baekje se rendit aux forces Silla-Tang en 660, et Goguryeo qui avait épuisé ses ressources lors de deux guerres de grande envergure contre les deux dynasties chinoises et s’était affaibli par une lutte interne pour le trône, tomba en 668 suite à la prise de Pyongyang qui résista un an aux forces da la dynastie Tang après qu’elles furent contraintes de se retirer en 661. Après la conquête de Baekje et de Goguryeo grâce à son alliance avec Silla, la Chine de la dynastie Tang tenta d'exercer un contrôle sur l'ensemble de la péninsule coréenne, y compris Silla. Ce dernier mena une guerre contre les Tang et écrasa leurs forces navales à Gibeolpo près de l'estuaire du fleuve Geum. Le général Kim aida alors le fils de son beau-frère, le 30e monarque le roi Munmu, en concluant l'unification en 676 en expulsant les forces des Tang. Cette dynastie a inspiré des dramas comme Emperor of the Sea (2004), Hae-sin (2004), Queen Seondeok (2009), The King of Legend (2010), et Dream of the Emperor (2012), et des films tels que Legend of the Evil Lake (2003). Le bouddhisme a été le véhicule par lequel les aspects raffinés de la culture et de la technologie chinoises, et de l’art de gouverner confucéen sont entrés et ont transformé l’Asie du Nord-Est. Les caractéristiques de cette période sont multiples commençant sous Sinmun de Silla (681–692) : le pays est découpé en neuf provinces et la capitale est à Kyongju, les relations politiques avec la Chine sont bonnes sous couvert d’une vassalité théorique, un commerce maritime très actif se développe avec la Chine et des rapports s’établissent avec des négociants arabes dont les écrits mentionnent au Xe siècle leurs relations avec un pays du nom de Al Sila, la société est très hiérarchisée, comprenant : la caste royale, les nobles, les moines, les chefs de village, le peuple et les parias, en 632 est fondé l’observatoire astronomique de Ch’omsong Dae, et une université confucéenne est ouverte dans la capitale en 682, grâce aux transferts de technologie chinoise. La capitale, construite sur le modèle de la capitale chinoise Chang'an, fut installée à Gyeongju au sud-est de la Corée, et devint le centre d'une culture cosmopolite, inspirée par la Chine des Tang et par des cultures sibériennes. Les belles couronnes d'or et de jade découvertes dans les tombes en témoignent, car les techniciens coréens font des prouesses, ainsi la cloche du temple de Pongdok, fondue en 770, pèse 20 tonnes et mesure 3 mètres de haut, et ce sont également des Coréens qui fondent le grand Bouddha du Todai-ji à Nara au Japon (14,84 mètres de haut), et les architectes coréens, en particulier ceux originaires du Baekje, couvrent leur pays et le Japon de pagodes et de temples en bois (par exemple le Horyu-ji à Nara). Enfin, les Coréens introduisent le bouddhisme au Japon en 538, et il se produit alors une importante immigration de Coréens cultivés vers ce pays où, en 815, un tiers de la noblesse était d’origine coréenne. Silla a eu aussi trois dirigeantes : Seondeok (632–647) qui avait établit des bonnes relations avec la dynastie Tang, Jindeok (647–654) qui œuvra activement pour promouvoir les relations avec la Chine des Tang et, par l'intermédiaire du grand général Kim Yu-sin, consolida la puissance nationale, et Jinseong (887–897) qui vit son pays touché par des catastrophes naturelles, amenant pauvreté et famines, et le prolifération de bandits, bine qu’elle tenta des réformes ce fut trop tard, car on ternit sa réputation comme une reine perverse et elle démissionna, les seules de toute l’histoire de la Corée. Mais, à partir de 784, une lente dégradation se produit à cause d’un affaiblissement du pouvoir royal, de la montée des puissances locales et de nombreuses révoltes paysannes qu contribuèrent à la fin de cet âge d'or, alors que s’établit Balhae (698-926) et sa culture au nord, affirmant être le successeur culturel de l'ancien royaume de Goguryeo, qui entretenait des relations, plus ou moins pacifiques, avec ses voisins, le royaume unifié de Silla en Corée et la Chine des Tang, grâce à la situation chaotique à la fin de Silla, avant de disparaître à son tour, dépecé par les invasions mandchoues et, dit-on, étouffé par une éruption particulièrement violente du Paektu, cette période voit le général Jang Bo-go dominer la mer Jaune au IXe siècle et les rois militaires sont morts ainsi que leurs proches dans une tentative de contrôler la péninsule au IXe et au début du Xe siècle, beaucoup d’entre eux ne cherchaient que du plaisir au détriment de la vie de la population, même lorsque la durabilité du pays était remise en question en raison de troubles politiques

 

Cependant, Silla est conquis à son tour par Goryeo (918-1392), fondée par Wang Geon, qui inspira également des dramas comme Dawn of the Empire (2002), Age of Warriors (2003), Shin Don (2005), Empress Cheonchu (2009), The God of War (2012), Empress Ki (2013), Shine or Go Crazy (2015), Moon Lovers: Scarlet Heart Rye (2016), et La guerre Corée-Khitan (2023), et des films comme A Frozen Flower (2008), et Memories of the Sword (2015). Le bouddhisme a prospéré sous Wang et la période Goryeo et a produit de grands penseurs bouddhistes tels qu’Uicheon et Jinul et de nombreux beaux temples ont été construits. Wang a exprimé son antagonisme contre les Khitan, qui ont détruit l'État nord-coréen de Balhae en 926, successeur de Goguryeo. Wang réitéra sa politique anti-Khitan dans ses Dix Injonctions, lois et recommandations spéciales adressées à ses successeurs après 938. Sous le patronage de la cour royale, de l'aristocratie et de l'élite bouddhiste – dont le goût pour le luxe et le raffinement était sans précédent dans l'histoire de la Corée –, des réalisations spectaculaires furent accomplies dans tous les domaines artistiques durant cette période. Durant ces années, le système féodal hiérarchique se centralisa nettement, «le bouddhisme, le chamanisme, la géomancie et le taoïsme façonnant la vie quotidienne et une culture». Goryeo a fusionné diverses traditions des dynasties précédentes, telles que Balhae et Silla unifiée, et a créé une culture ouverte et cosmopolite, tout en interagissant activement avec les pays voisins. Le port de Yeseong, où de nombreux étrangers visitaient le pays, a contribué à la renommée mondiale du nom de Corée. Goryeo fut ainsi le premier pays indépendant, ouvert et créatif à unifier la péninsule coréenne. La liberté de religion y était respectée : c'était la seule dynastie où le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme coexistaient. L'argent circulait également abondamment, principalement grâce au commerce dynamique avec les dynasties Song et Yuan, le Japon et la Perse. De nombreuses réformes sont promulguées à partir de 949 : abolition de l’esclavage, développement agricole avec redistribution des terres à des propriétaires privés. Des réserves de nourriture appelées «greniers équitables» sont organisées pour lutter contre les famines endémiques. Les provinces sont progressivement reprises en main et les fonctionnaires y sont recrutés par concours, ce qui commença sous sous le règne du roi Seongjong (981-997). Le commerce extérieur est favorisé par le tribut versé à la Chine ou celui reçu des Barbares. Il se développe surtout dans la capitale et porte sur les tissus, l’orfèvrerie, le papier, le soufre. Des céladons incrustés, typiquement coréens, sont exportés vers le Japon. Grâce à la xylographie, une impression florissante de livres fait entrer la connaissance dans un large public. En particulier, on note une très célèbre Tripitaka bouddhiste comprenant 5048 livres répartis en 480 «boîtes». Naturellement, la politique anti-Khitan a irrité la dynastie Liao, qui a envahi Goryeo à trois reprises à l'aube du deuxième millénaire, mais Goryeo a submergé leur ennemi, les vainquant finalement et les a amenés à se rendre. Le héros de guerre le plus remarquable de cette période est le général Gang Gam-chan qui, ordonne la destruction d'un barrage de fortune afin de balayer les Khitans qui traversaient une rivière. Cependant entre 1146 et 1392, c’est le déclin et la chute du royaume, marqué par des troubles politiques, des querelles dynastiques du fait que dans son système confucéen Goryeo favorisa ouvertement les bureaucrates civils par rapport aux responsables de l'armée dont les plaintes humiliées finissent par éclater en 1170, et au cours des 60 années suivantes, Choe et sa progéniture contrôlaient le pays sous quelques rois nominaux jusqu'en 1258, lorsque la dictature militaire a terminé après la mort du petit-petit-petit-fils de Choi, et, finalement, les invasions mongoles de la Corée à trois reprises en 1231, 1235, et 1254 qui submergent rapidement les dirigeants locaux, en retour, Goryeo a dû endurer une série de mesures humiliantes, y compris la dégradation des titres des monarques de Goryeo et le mariage forcé des princes de Goryeo avec les princesses de la dynastie mongole de Yuan à partir de 1259, en exigeant de la Corée un tribut très élevé en or, chevaux, ginseng, artisans et jeunes filles, alors qu’un influent parti de «collaborateurs» se développe à la Cour, et la plus dure épreuve durant cette période est l’exigence mongole de participer aux deux invasions du Japon en 1274 et 1281, en fournissant non seulement tous les navires, mais aussi plus de 40 000 hommes. On sait que ces expéditions ont été catastrophiques et la Corée en a beaucoup souffert, cependant Goryeo a réussi à survivre à cette période difficile et a retrouvé sa souveraineté à mi-parcours du XIVe siècle, lorsque la dynastie Yuan s'est évanoui afin de mener une série de politiques de réforme avec la tentative du roi Gongmin, mais il se trouve affaiblit, et en 1392, le général Lee Seong-gye, un héros de guerre vainqueur des pirates japonais, se révolte contre le royaume et prend le pouvoir.

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé à faire ces 4 parties : Frédéric Boulesteix, La Corée, un Orient autrement extrême, dans Penser et représenter l’Extrême-Orient, dans La Revue de littérature comparée n° 297, janvier 2001, Pages 93 à 111, et https://shs.cairn.info/revue-de-litterature-comparee-2001-1?lang=fr, Kim Seonghwan, et Lee Sun-hee, Histoire coréenne 1 - Préhistoire, Gojoseon, Goguryeo, Baekje, Ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, Open Children, Association des bibliothèques scolaires de la province de Gyeonggi, 2009, et  https://www.sakyejul.net/bbs/m/publishing_data_view.php?type=publishing&ep=ep993587793575e55ff04653&gp=all&item=B0874, Michel Soutif, Chapitre 18. La Corée, dans Fondements des civilisations de l'Asie : Science et Culture, EDP Sciences, 2009, Pages 329 à 340, et https://stm.cairn.info/fondements-des-civilisations-de-l-asie--9782759803378-page-329?lang=fr, Ho-jeong, et Kim Byeong-ha, Garçon de Gojoseon Ujigi, Protégez l'atelier de la forge (Journal historique 2), Association des bibliothèques scolaires de Gyeonggi-do, 2010, et https://www.sakyejul.net/bbs/m/publishing_data_view.php?type=publishing&ep=ep993587793575e55ff04653&gp=all&item=B0926, Soyoung Lee, Denise Patry Leidy, Juhyung Rhi, Insook Lee, Ham Soon–seop, Yoon Sang–deok, Yoon Onshik, et Her Hyeong Uk, Silla – Korea′s Golden, ‎ Yale University Press, 2013, et https://buddhistartnews.wordpress.com/2014/01/04/book-review-silla-koreas-golden-kingdom/, Keith Pratt, et Richard Rutt, Korea : A Historical and Cultural Dictionary, Taylor & Francis, 2013, Andrea De Benedittis, Corée du Nord, Corée du Sud : la guerre sans la guerre, L’Esprit du temps : Atlas géopolitique des royaumes coréens, Outre-Terre n° 39, février 2014, Pages 29 à 34, et https://shs.cairn.info/revue-outre-terre2-2014-2?lang=fr, Pascal Dayez-Burgeon, Histoire de la Corée. Des origines à nos jours, Tallandier, 2019, et https://www.campus.uliege.be/cms/c_10068622/en/pascal-dayez-burgeon-histoire-de-la-coree-des-origines-a-nos-jours, et La dynastie rouge, Perrin, 2016, Exposition «Le grand Goryeo, son défi splendide», Musée national de Corée, 4 décembre 2018 au 3 mars 2019, et https://kccuk.org.uk/en/news/exhibitions-national-museum-korea-goryeo-glory-korea/, Lee Hong-seok, Jeong Yun-hee, Song Yong-un, Park Dong-myeong, Jeong Sang-min, M. Moon, Yoon Hyo-sik, et Lee Woo-il, Première histoire coréenne de M. Yong 1 : Préhistoire ~ début de la dynastie Joseon, Institut de recherche sur l'histoire de la critique sociale, 2019, https://product.kyobobook.co.kr/detail/S000001815211, Eugene Y. Park, Corée : une histoire, Stanford University Press, 2022, https://asianreviewofbooks.com/korea-a-history-by-eugene-y-park/, et https://pacificaffairs.ubc.ca/book-reviews/korea-a-new-history-of-south-and-north-by-victor-d-cha-and-ramon-pacheco-pardo/, J.K. Jackson (dir.), Korean Ancient Origins: Stories of People & Civilization, Fame Tree Publishing, 2024, Richard D McBride II, The Three Kingdoms of Korea, Reaktion Books, 2024, et https://asianreviewofbooks.com/the-three-kingdoms-of-korea-lost-civilizations-by-richard-d-mcbride-ii/, https://english.cha.go.kr/chaen/search/selectGeneralSearchDetail.do;jsessionid=Osb2dHN9okRxFeygDn1rgyiZnhXobazA7ffADUliJLCGtCsSlECEa2bKDCltH7rq.cha-was02_servlet_engine4?mn=EN_01_01&sCcebKdcd=13&ccebAsno=0000240000000&sCcebCtcd=37&pageIndex=270&region=&canAsset=&ccebPcd1=&searchWrd=&startNum=&endNum=&stCcebAsdt=&enCcebAsdt=&canceled=&ccebKdcd=&ccebCtcd= (La rien Jindeok), https://french.korea.net/AboutKorea/History/Unification-of-the-Three%20Kingdoms-under-Silla (l’unification des trois royaumes), https://herhalfofhistory.com/2024/03/21/12-5-jinseong-last-queen-of-silla-korea/, https://jhm.fr/la-coree-une-histoire-brillante-et-tragique-en-conference/, https://kccuk.org.uk/en/about-korea/history/three-kingdoms-and-other-states/, https://koreajoongangdaily.joins.com/news/2023-09-04/culture/foodTravel/Reviving-Goryeo-cuisine-in-all-its-decadent-splendor/1861482, https://www.ancientpages.com/2023/08/22/silla-the-most-successful-of-three-korean-kingdoms/, https://www.cernuschi.paris.fr/fr/collections/collections-coreennes (Histoire de la Corée depuis le néolithique jusau’aux années 1980), https://www.focus.it/cultura/storia/storia-della-corea-del-nord-e-della-corea-del-sud, https://www.koreatimes.co.kr/southkorea/society/20111228/koreas-first-united-kingdom-unified-silla, https://www.koreatimes.co.kr/southkorea/society/20120404/goryeo-the-dynasty-that-offered-korea-its-name, et https://www.viaggioincorea.it/2022/03/09/alle-origini-della-societa-coreana-le-trasformazioni-del-ruolo-della-donna-dallantichita-al-periodo-choson/.

 

Merci et bon Gaecheonjeol !

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