
La guerre de Sécession demeure méconnue du public français. Sans doute parce qu'elle est la principale
tragédie de l'histoire des États-Unis,
et qu'elle contredit ainsi l'idée familière selon laquelle l'expérience
américaine aurait été essentiellement paisible et heureuse. Elle l'a été
jusqu'au milieu du XIXe siècle, quand, bouleversée par l'afflux des immigrants, l'éveil du nationalisme et des extrémismes, la remise en cause de l'esclavage, l'Union découvre soudain sa fragilité. Les compromis qu’à trois
reprises (Compromis du Missouri
en 1819, Compris de 1850, et Acte du Kansas-Nebraska en 1854),
auxquels le gouvernement fédéral a
recouru et qui ont marqué sa naissance en 1776 n’ont apporté qu’un équilibre
précaire ne résistent pas à un triple conflit : politique, entre l'autorité fédérale et celle des États; idéologique, entre esclavagistes et antiesclavagistes; économique et social, entre deux civilisations : le Nord,
industriel, antiesclavagiste et fidèle à l'autorité
fédérale, et le Sud, agricole,
esclavagiste et attaché aux droits des États,
clivage qui n’a fait que s’accentuer au fil des années car il existait entre
eux un antagonisme de mœurs, d’instincts, mais aussi d’intérêts. Sur le plan
économique, les divergences étaient nettes entre le protectionnisme préconisé
par le Nord et le libre-échange
réclamé par le Sud pour favoriser
ses exportations de coton, et les tensions se sont cristallisées autour de la
question de l’esclavage, car au-delà
du débat moral, celle-ci est devenue peu à peu un problème politique à mesure
que s’est développé le mouvement d’expansion vers l’Ouest. Très vite,
les planteurs du Sud et les fermiers libres du Nord se sont
disputés la possession de ces terres réputées riches et fertiles, que l'élection
de Lincoln, en 1860, cet avocat,
élu de l’Illinois, s’est déclaré abolitionniste dès 1837, précipite dans un
sanglant affrontement qui ne prendra fin qu'avec la reddition complète du Sud en 1865. Soucieux de préserver
coûte que coûte l’unité du pays – et conscient que le prolétariat du Nord n’est guère enclin à voir arriver en masse des Noirs sous-payés dans leurs usines… –, Lincoln ne fait pas de l’abolition pure
et simple de l’esclavage une priorité absolue. Mais les affrontements qui
débutent en 1854 dans le Kansas, qui se prolongent jusqu’en 1860 préfigurent la
guerre à suivre et sont une autre raison du conflit. Le 24 décembre 1860, la
Caroline du Sud déclare l’union des Etats américains dissoute et adopte une
ordonnance qui dénonce «l’hostilité
croissante de la part des non-esclavagistes». Elle est le premier État à
faire sécession. Entre janvier et février,
La Caroline du Sud est rejointe par six autres Etats désirant faire sécession :
le Mississippi, la Floride, l’Alabama, la Géorgie, la Louisiane et le Texas. En
février 1861, lorsque la Confédération
prend forme, elle compte déjà sept états.
Au total, elle en rassemblera onze début
mai, de la Virginie au Texas avec la Virginie, l’Arkansas, le
Tennessee et la Caroline du Nord. Mais, contrairement à une idée reçue, les Américains espéraient éviter de
recourir aux armes. Une conférence de la paix s’est d’abord tenue le 4
février, sans succès, à Washington. Jefferson
Davis, le président des États
confédérés, a répété que les sudistes
désiraient avant tout que le gouvernement
fédéral les «laisse en paix». De
son côté, Lincoln a lancé des
paroles d’apaisement, de conciliation et des appels à la fraternité lors de son
discours inaugural. Mais aucun terrain d’entente n’était possible… Quatre
années pendant lesquelles un peuple
encore mal soudé, miné par ses contradictions, d'un peu plus de 30 millions d'âmes dont 4 millions d'esclaves noirs, s'est affronté
en continu, divisé en deux camps inégaux,
invoquant chacun sa propre définition de la liberté, et ce sur un territoire
plus vaste que l'Europe. Une guerre mobilisant 3 millions de combattants, voyant plus de 10 000 engagements
militaires distincts.

En 1861, la guerre de Sécession éclate aux
États-Unis. La jeune nation américaine,
puissance en devenir, ne parvient plus à contenir les antagonismes qui opposent
les États du Nord et ceux du Sud. Entre le Nord abolitionniste et le Sud
esclavagiste, rien ne va plus. La Guerre de Sécession, est la première
guerre industrielle et funeste annonciatrice de la guerre de 14-18…. Au
début des hostilités, le mouvement
sécessionniste n’a pas réussi à gagner ces états frontaliers, notamment le Kentucky et le Missouri,
où l’esclavage était légal. Le Kansas,
tout près, n’avait pas encore le statut d’état fédéré, mais les mêmes divisions
y avaient cours. Ces territoires sont restés fidèles à l’Union, mais une partie de la population
n’a pas caché ses sympathies pour la cause
rebelle, si bien que les deux camps
y recrutaient des volontaires. De
plus, les routes y étaient rares et peu sûres, tout comme les villes. Le
déclenchement de la guerre de Sécession a exacerbé les divergences politiques
entre les cinq tribus amérindiennes et
a conduit les Choctaws et les Chickasaws à fournir des hommes à la Confédération, tandis que les Séminoles à l'Union. Les Creeks
étaient divisés entre l'Union et la Confédération, tandis que la guerre
civile divisait la nation Cherokee,
principalement entre ceux qui soutenaient Stand
Watie, général de brigade de l'armée confédérée, et John Ross, qui soutenait majoritairement la cause de l'Union. Commencée dans l'improvisation, quand
la guerre éclate le 12 avril 1861 avec le bombardement par les confédérés du fort Sumter en baie
de Charleston, en Caroline du Sud, les États-Unis n’ont que 16 000 soldats, et il va falloir
improviser deux armées, cette lutte
fratricide entraîne vite la mobilisation totale des hommes puisque le Nord avec 20,7
millions d’habitants va former une armée de 700 00 hommes et le Sud avec 9,15
millions d’habitants, mais 3,65
millions d’esclaves noirs, va en former une de 400 000 hommes, et des ressources, avec des conséquences particulièrement
meurtrières avec la démocratisation de la balle Minié, inventée quelques années
plus tôt par un ingénieur et officier de l'armée
française, qui rend les fusils des belligérants
beaucoup plus efficaces, permettant ainsi un tir très précis sur près d'un
demi-kilomètre de distance, elle fracasse les os et contraint très souvent les
chirurgiens à l'amputation, et dès le départ l’Union a un avantage net : sa supériorité dans les mers où
serpentent de véritables forteresses flottantes bardées de bouches
dévastatrices. Sur les mers, les belligérants mettent au point les premiers
cuirassés et sous-marins qui stupéfient le monde et bouleverse l’ordre
diplomatique. Il pourra imposer un blocus maritime le 19 avril sur les côtes du
Sud, même si 12 bateaux confédérés
attaqueront comme coursiers, le plus célèbre, l’Alabama fera 64 prises d’août 1862 à juin 1864, avant de couler au
large de Cherbourg. Les confédérés
inventeront un sous-marin, le Hunley
qui coulera l’USS Housatonic avant
de sombrer en Février 1864. Tout cela vient du chef des armées de l’Union, le général Scott, qui met au point un plan d’encerclement de la Confédération, dit «Anaconda», passant par un blocus naval et le contrôle de l’axe du
Mississippi. Pendant quelques mois, les deux
camps entretiennent l’illusion qu’une simple bataille à l’ancienne réglera
le différend. Du côté de l’Union, le
dessinateur Alfred Waud, le reporter
Sam Wilkerson du New York Times, les photographes George N. Barnard, James F. Gibson, le célèbre Mathew
Brady du Harper’s Weekly ou Timothy O’Sullivan vont permettre de
s’informer sur le conflit et les soldats
sudistes se laissent photographier par les photographes nordistes. Et comme l’Américaine Clara Barton, et «Dragon
Dix», surnom de l’impitoyable surveillante en chef des infirmières nordistes Dorothea
Dix, durant la guerre de Sécession (1861–1865), les femmes investissent le champ des secours médicaux. Diplomatiquement, Le tsar Alexandre II et Bismarck soutenaient tous les deux le
Nord. Les Russes voyaient les États-Unis comme un contrepoids essentiel à la
Grande-Bretagne et à la France (la Russie avait récemment combattu contre ces
pays lors de la guerre de Crimée). Face à la rébellion de la Pologne
en 1863-1865, la Russie soutint davantage l’Union. La Prusse considérait également les États-Unis comme un
contrepoids utile, mais, engagée dans un processus d’unification des États germaniques en un seul empire,
elle avait également des bonnes raisons d’approuver l’usage de la force par Lincoln pour le maintien de l’Union. La Suisse, qui vécut sa propre guerre civile en 1847, n’était pas non
plus inclinée à soutenir la sécession
sudiste. Giuseppe Garibaldi, à
qui Lincoln proposa un poste de
général, soutenait le Nord à cause de l’esclavage. La Grande-Bretagne et
la France étaient cependant les deux pays déterminants, car leur intervention
aux côtés du Sud aurait certainement
assuré l’indépendance de la Confédération.
Cependant, la rébellion en Pologne (1863-1865) et la guerre
prusso-danoise (1864) préoccupèrent davantage la majorité des pays européens (et leurs habitants).

Sur le plan terrestre : il y a 3 phases. Cela est
visible à travers les guerres de tranchées, les sièges en règle des villes et
leurs destructions systématiques, le harcèlement des civils, et la malaria, la variole, la fièvre typhoïde, la rougeole
et la dysenterie qui emportent les hommes
plus sûrement que le feu des canons. Des brevets de canons toujours plus
puissants et mobiles fusionnent avec les nouveaux systèmes de propulsion
vapeurs et les innovations sidérurgiques. Il y aura des incidents diplomatiques,
le plus grave, celui dit du Trent, fin 1861, étant même à deux doigts de
provoquer une guerre anglo-américaine. De 1861 à 1862, ces sont les victoires
sudistes grâce à de brillants stratèges, tels que Lee, Jackson, Stuart, Longstreet et Beauregard
venant à bout des armées de l’Union
à la première bataille de Bull Run (juillet 1861) après que le général McDowell dut lancer une
offensive prématurée en Virginie du Nord avec des troupes mal préparées, cette
défaite conduit ainsi l’Union à
bâtir un véritable outil militaire, dont la mission est confiée au général George McClellan, qui se révèle
un organisateur hors pair et fait du mélange de ses volontaires et des régiments
professionnels une véritable armée,
et il pense alors que cela suffira à dissuader le Sud d’entrer dans un conflit plus intense, qu’il ne souhaite pas,
mais ses hésitations incessantes, qui agacent Lincoln, l’empêchent d’utiliser son avantage numérique et matériel,
aux batailles des sept jours (25 juin-1er juillet 1862), du fait qu’il
ne parvient pas à se décider suffisamment vite et laisse l’initiative au
nouveau général sudiste de l’armée de Virginie, Robert Lee aidé par la cavalerie de «Stonewall» Jackson qui
contraint ses forces à se replier vers le nord, ce qui décide Lincoln à remplacer le général George par le major John Pope qui lors de la seconde
bataille de Bull (29-30 août 1862) fut lourdement vaincu par Lee, cela marqua le retour de McClellan, et le Sud subit une seule
défaite majeure à Antietam (17 septembre 1862) lorsqu’il tenta d’envahir
le Maryland dans l’espoir de prendre Washington après la campagne malheureuse menée par le général nordiste McClellan en Virginie,
mais ce dernier, une fois de plus, ne cherche pas à profiter de son avantage,
alors que et Lee l’emporte à nouveau à Fredericksburg (13 décembre 1862),
où Ambrose Burnside perd 15 000
hommes,. La guerre a donne lieu à des règlements de comptes entre voisins entre
1861 et 1865 au Kansas. Des bandes de partisans ont vu le jour. Dans le
Missouri, en particulier, une terrible guérilla a fait rage entre les Bushwackers, ces francs-tireurs
confédérés chez lesquels le jeune Jesse
James fait ses premières armes, et les Jayhawkers,
ces sympathisants de l’Union tout
aussi enclin à la maraude et au pillage. Une véritable école pratique de
banditisme pour nombre de futurs hors-la-loi… En avril 1862 dans le Missouri, l’Union
les déclare hors-la-loi William
Quantrill, Franck James (frère
de Jesse James, qui rejoindra la
bande fin 1863), ainsi que leurs cousins, Cole et Jim Younger, et William
Anderson (dit Bloody Bill) que
poursuivent les troupes de l’Union. Ces
batailles balaient progressivement toutes les illusions d’une guerre courte et
peu meurtrière. De plus, 500 000
esclaves fuient les plantations et 180000 hommes se portent volontaires
dans l’armée de l’Union. L’année
1862 voit le Nord commencer à
recruter des Noirs, dans des
régiments ségrégués, en août 1862, mais aussi un affaiblissement de la Confédération sur le front de
l’Ouest même si les chefs de l'armée sudiste multiplient les coups d'éclat,
tandis qu’à l’est les deux forces se tiennent en respect. La situation du front
de l’Ouest était différente. L’Union
l’emportait, prenant contrôle du territoire au nord du fleuve de Mississipi
grâce au général Ulysses S. Grant,
tenace et moins bravache que McClellan,
parvient à briser les lignes de défense confédérées dans le Kentucky et le
Tennessee, une position maintenue après la bataille de Shiloh (6-7
avril), où Grant fait fuir Johnston et Beauregard, ainsi qu’au sud après la conquête de la Nouvelle
Orléans (28 mai 1862) par le contre-amiral
David Farragut. Les divisions au Sud étaient profondes. Le président Jefferson Davis se brouilla
avec son vice-président qui le
dénonça publiquement, et la violence régnait souvent lors des débats du Congrès de la Confédération. À la fin
de 1862, les progrès réalisés aussi bien dans l'armement que dans la tactique
changent le visage de ce conflit. Le télégraphe comme les chemins de fer y sont
pour la première fois largement employés. La troupe commence à être dotée de la
carabine rayée (équipée d'un chargeur de 7 cartouches logées dans la crosse) et
de la mitrailleuse, inventée par R. J.
Gatling à Chicago. C'est cependant dans la marine que sont réalisés les
progrès les plus spectaculaires : les bateaux, surtout ceux du Mississippi,
sont bardés de plaques de fer. Et le manque de victoire des nordistes s’explique
par la difficulté pour le Nord de trouver un leader militaire. En effet McClellan est relevé de son
commandement en novembre 1862, Burnside
en janvier 1863, au moment où les circonstances de la guerre devaient ensuite amener
Lincoln à proclamer l’abolition,
moins pour des principes moraux que pour affaiblir le Sud, militairement
supérieur jusque-là, et Hooker en
juin 1863. Les autorités de l'Union
et de la Confédération ont exploité
les divisions au sein des tribus
amérindiennes pour servir leurs propres objectifs stratégiques en enrôlant
des hommes, en signant des traités, en encourageant les
effusions de sang et même en utilisant la force de la guerre pour en tirer
profit. Opothleyahola, le chef des Creeks, et ses hommes devenus bleus menèrent une série
d’attaques éclairs dans l’Arkansas et dans les Territoires indiens. Leurs
cibles : Fort Wayne, en octobre 1862, et surtout Cabin Creek, en
juillet 1863, où ils se distinguèrent en partant à la rescousse d’un train
d’approvisionnement capturé par les troupes
de Stand Watie. Les régiments cherokees participèrent à plusieurs
batailles pendant la guerre de Sécession, notamment à Pea Ridge en
mars 1862, en Arkansas. Les Creeks
fidèles à l’Union, malgré la mort de
leur chef Opothleyahola, en mars
1863 continuèrent leurs raids victorieux. Les troupes Keetoowah n'étaient pas motivées à combattre aux côtés des rebelles, mais qu'elles ont combattu
vaillamment lorsqu'elles ont changé d'allégeance pour le Nord.

En 1863, des émeutes contre les Noirs avaient régulièrement lieu dans certaines parties du Nord
dès le mois de juin, celles de New York étant dirigées tout autant contre les Noirs que contre le gouvernement fédéral. Un des raisons
était l’introduction de la conscription
en 1863 qui fut très impopulaire dans l’Union
et occasionna des émeutes importantes et violentes à New York, qui
purent être réprimées uniquement par les troupes
et l’artillerie. Tandis qu’au Sud, avec le blocus le stockage et la
spéculation sur les produits essentiels posaient sérieusement problème, ainsi
que les émeutes pour la nourriture lorsque les produits de base du Sud
vinrent à manquer. On s’échange aussi des prisonniers
en grand nombre en 1862-1863, ce qui permet d’éviter les frais de garde et de
renvoyer des milliers d’hommes dans les
rangs. La crise économique provoquée par le tarissement des exportations de coton
du Sud est bien réelle en Europe
mais la conduit finalement à se tourner vers d'autres marchés émergents pour compenser : l'Égypte, les Indes et
même le Nord des États-Unis, via les
territoires occupés, ce qui rend la seule arme économique internationale
confédérée inopérante. C’est aussi le tournant de la guerre même si sur le
front de l’Est, le Sud gagna la bataille de Chancellorsville (2 mai
1863) voit Hooker perdre, mais Lee perd Stonewall Jackson, sa seconde invasion du Nord pour permettre à la Virginie de «respirer» après deux années de ravages, mais sans doute aussi
toujours dans la perspective floue d’influencer le moral du Nord, se solda par un désastre avec Gettysburg
du 1er au 3 juillet, l’une des plus meurtrières, au cours de
laquelle l’armée confédérée du général
Lee a été défaite pat celle du général
Meade, mais cette dernière n’est pas décisive, tout en laissant plus de 50 000 tués, blessés et disparus, les
officiers ont également payé un
lourd prix avec notamment la perte d’une dizaine
de généraux; et Vicksburg le 4 juillet où l’Union acheva de contrôler totalement le fleuve Mississipi, et où
les tentatives de Grant pour prendre
la ville par un siège furent longtemps stoppées, a un plus gros impact en
coupant la Confédération en deux, tandis
que Quantrill décide de mener le
plus audacieux de ses raids, sur la ville de Lawrence au Missouri
commettant un massacre le 20 et 21 juin 1863, ce qui lui vaut d’être traqué par
l’Union. À partir de ces deux
victoires de l’Union, le front de
l’Ouest se solde par les victoires de l’Union à la bataille de Honey Springs (également connue sous
le nom d'Affaire d'Elk Creek), le 17 juillet 1863, fut un engagement et
une victoire importante pour les forces
de l'Union dans leurs efforts pour prendre le contrôle du Territoire indien,
à Chickamauga (18-20 septembre 1863) et à Chattanooga au Tennessee
(24-25 novembre 1863), c’est le moment que les États hésitants de l'Ouest, le Texas
et la Louisiane, abandonnent la
confédération, malgré que le chef de cavalerie confédéré Nathan Bedford Forrest commença ses opérations dans l'ouest du
Tennessee avec une petite unité, mais il réussit à recruter plusieurs milliers de volontaires, dont
un certain nombre de soldats vétérans,
et il les forma afin qu'ils soient prêts au combat avant leur première
confrontation, et le général Sherman
ordonna à plusieurs reprises à ses commandants
de Memphis d'attraper «ce diable de
Forrest», mettant ainsi une prime sur sa tête, et après avoir mené une offensive indépendante pendant
plusieurs mois, le 12 avril 1864, des unités
de la cavalerie de Forrest
encerclèrent Fort Pillow sur le
Mississippi, au nord de Memphis qui fut submergée par une force confédérée plus importante, et le massacre aveugle de soldats de l'Union, en particulier afro-américains, fit du massacre de
Fort Pillow l'un des massacres les plus horribles de la guerre de
Sécession, rivalisant avec d'autres exemples de brutalité de la guerre
de Sécession, ainsi que par la prise d’Atlanta en Géorgie (3 septembre
1864) qui contribue à la réélection de Lincoln,
loin d’être acquise à l’origine face à son
ancien général en chef George McClellan,
même si Napoléon
III profite de la crise pour prendre pied au Mexique, ce qui inquiète
fortement Lincoln et a même des
répercussions sur les opérations militaires du Nord en 1863-1864, alors que Quantrill commet un massacre à Fort
Baxter dans le Kansas le 6 octobre 1863, mais traqué par les forces de l’Union, Quantrill et sa bande se réfugient au Texas, où ils poursuivent
leurs rapines échappant à la capture, puis la bande se disperse en décembre 1863.

Pour l’Union
suite à ses succès s’enclenche alors l’invasion du Sud et la défaite en 1864/1865 au moment, où le service est d’une
durée indéfinie et on enrôle même les adolescents
de 17 ans et les hommes de plus de
50 ans pour servir de garnison et de réserve, le Sud n’est pas non plus monolithique et, commence à se faire à
l’idée de se débarrasser de l’esclavage à condition que ça lui permette de
préserver son indépendance, cependant la fin de la pratique des échanges de
prisonniers en 1863, amena le Sud
à ne reconnaitre plus aucune différence de traitement entre prisonniers de guerre noirs et blancs, ce qui expliqua la construction
de la prison d'Andersonville, elle fut généralement surpeuplée à partir
de février 1864 en raison de la fin de ce système et la mortalité y est élevée, à cause des conditions
d’hygiènes, de la faim, comme la maladie, alors qu’en mars 1864 Ulysse Grant s’impose comme général en
chef. Sur le front de l’Est, les batailles de la Wilderness (5-7
mai 1864) qui cause des pertes énormes dans les deux camps sans apporter d'issue décisive, de Spotsylvania
(8-12 mai 1864) et de Cold Harbor (1-3 juin 1864) se soldent par les
victoires de l’Union, même si Forrest dans l'été, remporta l'une de
ses plus grandes victoires à Brice's Cross Roads au Tennesse, vainquant
une armée deux fois plus nombreuse
que la sienne. En Virginie, la cavalerie
de Sheridan a mené d’importantes
opérations de harcèlement pour détruire les communications adverses lors des campagnes
de la vallée de Shenandoah (mai-octobre 1864), tandis le général de division Sterling Price qui
conduisit une expédition vers le Missouri se retrouve face aux forces de l’Union la bataille des Marais des
Cygnes qui eut lieu dans le comté de Linn, au Kansas et dut se retirer. C'est
à l'ouest que la décision se précise. Elle est marquée d'abord par la
capture de la flotte sudiste à Mobile
le 5 août 1864 et surtout le fameux raid qu'effectue le général William T. Sherman, chargé par Grant de la conduite des opérations à l'ouest. Parti de Chattanooga au début de mai 1864, il
arrive après quatre mois de marche et de combats à Atlanta, capitale de
la Géorgie, où il livre le 2 septembre une très dure bataille aux sudistes. Tecumseh Sherman après avoir pris Atlanta fait la «Marche à la Mer» d’octobre à
décembre 1864 jusqu’à la prise de Savannah le 21 décembre Désormais, les
États du Sud sont coupés en deux, et
les possibilités de résistance diminuent de jour en jour. Les généraux sudistes conservent toutefois
un moral à toute épreuve, et Sherman
est obligé de continuer la lutte. Il repart en janvier 1865 pour donner la main
au général Grant, qui continue
d'exercer une forte pression sur Lee
dans le nord de la Virginie. Le 31 janvier 1865, le Congrès adopte le 13e
amendement de la Constitution
qui abolit définitivement l’esclavage
sur l’ensemble du territoire américain. Dans le Sud, le général Lee est
nommé commandant en chef des armées des États
confédérés d’Amérique également le 31. Cependant, après s'être emparé de Columbia
le 17 février et profitant de la chute de Charleston le 18, Sherman est vainqueur du général
sudiste Johnston à Bentonville
le 25 mars. Le 1er avril, les forces
de l’Union s’emparent de Mobile, Selma et Montgomery,
en Alabama. Alors qu’à l’ouest, les victoires
du général Grant s’enchainent, il réussit à prendre Petersburg et Richmond,
le 2 avril, et c’est une division noire
qui occupe la première la capitale confédérée, tout cela grâce à ses principaux lieutenants ont été aussi à
la hauteur de la situation pour inverser la tendance et tirer plein avantage de
la supériorité de leurs moyens humains et matériels. Le conflit prend fin avec
la reddition des restes de la principale
armée sudiste, commandée par le général
Lee à Appotomax Couthouse, en Virginie, le 9 avril 1865. La capture
du reste du gouvernement confédéré
le 10 mai 1865, et de Quantrill dans
le Kentucky, ce dernier touché à la colonne vertébrale, meurt en prison le 6
juin, et ses comparses, les frères James et Cole, vont longtemps continuer leurs activités criminelles et
former le plus célèbre gang de l’après-guerre, ou encore la reddition de la dernière armée confédérée le 26 mai
1865 mettent fin définitivement à cette guerre, alors que le 23 juin 1865, le général de brigade confédéré Stand Watie
fut le dernier officier à rendre son commandement. Les Noirs représentaient alors dix pour cent des troupes de l’Union. L’assassinat de Lincoln 5 jours après la
reddition de Lee à Appomattox,
assombrit la fin de la guerre, le 14 avril 1865. Plus rien ne s’oppose
donc à la libération des Afro-Américains.
Le 13e amendement à
la Constitution fédérale, qui
abolit définitivement l’esclavage
sur l’ensemble du territoire américain
sera approuvé le 18 décembre, provoquant l’affranchissement de quatre millions d'esclaves. Sur le plan
politique, il faut attendre la déclaration officielle de la fin de la guerre
civile par le président Andrew
Johnson le 20 août 1866.

La guerre de sécession a fait plus de victimes
militaires à elle seule – 620 000
dont 360 000 nordistes - que tous
les autres conflits (Viêt-Nam compris) dans lesquels les États-Unis
se sont engagés depuis 1776. Une société
nouvelle émergea de la guerre, très différente de celle qui avait vu
le jour avec l'Indépendance. De même, La période de «reconstruction» qui suit la guerre elle-même est marquée
d’hostilités se prolongeant jusqu’en 1877, notamment du fait des violences
meurtrières du Ku Klux Klan. Pour
veiller au maintien de l’ordre et garantir aux Noirs leurs nouveaux
droits, le gouvernement fédéral
a écarté les anciens dirigeants rebelles
des affaires publiques et appliqué la loi
martiale, au grand dam des sudistes,
rendus amers par le poids de la défaite et la suppression de l’esclavage, institution sur lequel
reposait tout leur édifice
socio-économique. Entre 1865 et 1877, les États-Unis eurent la double tâche
de réunifier politiquement la nation
et de fournir au moins une justice minimale pour les esclaves nouvellement libérés. Peu de sudistes étaient préparés à accepter les Noirs comme leurs égaux sur le plan politique ou social. D’un autre
côté, et de manière compréhensible, ces derniers
ne pouvaient se contenter que d’une citoyenneté complète, avec tous les droits et les privilèges
assimilés. En fin de compte, malgré un Congrès
dominé par les Républicains radicaux,
qui vota une procédure de destitution
(impeachment) du successeur de
Lincoln, le président Andrew Johnson, accusé d’être trop clément envers les sudistes blancs tout en ne faisant pas
grand-chose pour les anciens esclaves,
le besoin de regagner la loyauté de la population
blanche l’emporta sur la nécessité d’accorder aux Noirs leurs droits
politiques complets. Après le retrait des dernières troupes fédérales en 1877, les États du sud, avec une souveraineté intérieure retrouvée, introduisirent
la ségrégation et privèrent les Noirs
progressivement du droit de vote
(entraînant un exode hors des États
du Sud). La rancœur est restée vive. Ce n’est qu’en 1941, pour vous
donner un exemple, que les habitants de
Vicksburg, dans le Mississippi, hissent à nouveau la bannière étoilée pour
les festivités du 4 juillet. Cette situation ne devait pas être
sérieusement contestée avant le mouvement des droits civiques des années 1950
et 1960. À la fin du conflit, les soldats
et les tribus amérindiennes
perdirent des terres au profit des États-Unis, provoquant la division entre sang pur et sang métis. Les terres furent administrées par le ministère de l'Intérieur, et celles où
les Cinq Tribus s'installèrent
furent désorganisées et en ruines. De cette mutation, qui s'apparente à une
révolution, cette guerre a provoqué 160 ans de débats et de
polémiques, comme un écho lointain mais toujours bien présent. La guerre
de Sécession a longtemps donné une vision idéalisée du vaincu, de la «cause perdue», dont les grands capitaines ont été «quasiment sanctifiés», notamment Lee et Jackson. Aucune des grandes
figures du Sud n’a été jugée ni condamnée, par crainte d’ouvrir à nouveau
des plaies à peines refermées. L’ensemble donnant une vision romantique du «Vieux
Sud», «occultant la
centralité […] de l’esclavage comme toile de fond». En effet, il ne faut
pas oublier que la Confédération sudiste
avait provoqué la guerre civile «en
cherchant à préserver par l’indépendance son modèle de société» basé sur l’esclavage des populations noires. Au travers de Naissance d’une Nation de D.W.Griffith comme d’Autant
en emporte le vent ou même jusqu’aux années 90 du splendide Gettysburg et du moins réussi Gods and Generals de R. Maxwell, c’est plutôt la geste confédérée qui a tenu le
devant la scène, largement embellie et magnifiée, au point de chercher à noyer
voire à effacer la centralité de l’esclavage
dans le projet sécessionniste.
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures
qui m’ont beaucoup aidé : Ken Burns,
The Civil War, 7 épisodes,
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