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jeudi 17 juillet 2025

La guerre de Sécession, ou les États désunis d’Amérique

La guerre de Sécession demeure méconnue du public français. Sans doute parce qu'elle est la principale tragédie de l'histoire des États-Unis, et qu'elle contredit ainsi l'idée familière selon laquelle l'expérience américaine aurait été essentiellement paisible et heureuse. Elle l'a été jusqu'au milieu du XIXe siècle, quand, bouleversée par l'afflux des immigrants, l'éveil du nationalisme et des extrémismes, la remise en cause de l'esclavage, l'Union découvre soudain sa fragilité. Les compromis qu’à trois reprises (Compromis du Missouri en 1819, Compris de 1850, et Acte du Kansas-Nebraska en 1854), auxquels le gouvernement fédéral a recouru et qui ont marqué sa naissance en 1776 n’ont apporté qu’un équilibre précaire ne résistent pas à un triple conflit : politique, entre l'autorité fédérale et celle des États; idéologique, entre esclavagistes et antiesclavagistes; économique et social, entre deux civilisations : le Nord, industriel, antiesclavagiste et fidèle à l'autorité fédérale, et le Sud, agricole, esclavagiste et attaché aux droits des États, clivage qui n’a fait que s’accentuer au fil des années car il existait entre eux un antagonisme de mœurs, d’instincts, mais aussi d’intérêts. Sur le plan économique, les divergences étaient nettes entre le protectionnisme préconisé par le Nord et le libre-échange réclamé par le Sud pour favoriser ses exportations de coton, et les tensions se sont cristallisées autour de la question de l’esclavage, car au-delà du débat moral, celle-ci est devenue peu à peu un problème politique à mesure que s’est développé le mouvement d’expansion vers l’Ouest. Très vite, les planteurs du Sud et les fermiers libres du Nord se sont disputés la possession de ces terres réputées riches et fertiles, que l'élection de Lincoln, en 1860, cet avocat, élu de l’Illinois, s’est déclaré abolitionniste dès 1837, précipite dans un sanglant affrontement qui ne prendra fin qu'avec la reddition complète du Sud en 1865. Soucieux de préserver coûte que coûte l’unité du pays – et conscient que le prolétariat du Nord n’est guère enclin à voir arriver en masse des Noirs sous-payés dans leurs usines… –, Lincoln ne fait pas de l’abolition pure et simple de l’esclavage une priorité absolue. Mais les affrontements qui débutent en 1854 dans le Kansas, qui se prolongent jusqu’en 1860 préfigurent la guerre à suivre et sont une autre raison du conflit. Le 24 décembre 1860, la Caroline du Sud déclare l’union des Etats américains dissoute et adopte une ordonnance qui dénonce «l’hostilité croissante de la part des non-esclavagistes». Elle est le premier État à faire sécession. Entre janvier et février, La Caroline du Sud est rejointe par six autres Etats désirant faire sécession : le Mississippi, la Floride, l’Alabama, la Géorgie, la Louisiane et le Texas. En février 1861, lorsque la Confédération prend forme, elle compte déjà sept états. Au total, elle en rassemblera onze début mai, de la Virginie au Texas avec la Virginie, l’Arkansas, le Tennessee et la Caroline du Nord. Mais, contrairement à une idée reçue, les Américains espéraient éviter de recourir aux armes. Une conférence de la paix s’est d’abord tenue le 4 février, sans succès, à Washington. Jefferson Davis, le président des États confédérés, a répété que les sudistes désiraient avant tout que le gouvernement fédéral les «laisse en paix». De son côté, Lincoln a lancé des paroles d’apaisement, de conciliation et des appels à la fraternité lors de son discours inaugural. Mais aucun terrain d’entente n’était possible… Quatre années pendant lesquelles un peuple encore mal soudé, miné par ses contradictions, d'un peu plus de 30 millions d'âmes dont 4 millions d'esclaves noirs, s'est affronté en continu, divisé en deux camps inégaux, invoquant chacun sa propre définition de la liberté, et ce sur un territoire plus vaste que l'Europe. Une guerre mobilisant 3 millions de combattants, voyant plus de 10 000 engagements militaires distincts.
 
En 1861, la guerre de Sécession éclate aux États-Unis. La jeune nation américaine, puissance en devenir, ne parvient plus à contenir les antagonismes qui opposent les États du Nord et ceux du Sud. Entre le Nord abolitionniste et le Sud esclavagiste, rien ne va plus. La Guerre de Sécession, est la première guerre industrielle et funeste annonciatrice de la guerre de 14-18…. Au début des hostilités, le mouvement sécessionniste n’a pas réussi à gagner ces états frontaliers, notamment le Kentucky et le Missouri, où l’esclavage était légal. Le Kansas, tout près, n’avait pas encore le statut d’état fédéré, mais les mêmes divisions y avaient cours. Ces territoires sont restés fidèles à l’Union, mais une partie de la population n’a pas caché ses sympathies pour la cause rebelle, si bien que les deux camps y recrutaient des volontaires. De plus, les routes y étaient rares et peu sûres, tout comme les villes. Le déclenchement de la guerre de Sécession a exacerbé les divergences politiques entre les cinq tribus amérindiennes et a conduit les Choctaws et les Chickasaws à fournir des hommes à la Confédération, tandis que les Séminoles à l'Union. Les Creeks étaient divisés entre l'Union et la Confédération, tandis que la guerre civile divisait la nation Cherokee, principalement entre ceux qui soutenaient Stand Watie, général de brigade de l'armée confédérée, et John Ross, qui soutenait majoritairement la cause de l'Union. Commencée dans l'improvisation, quand la guerre éclate le 12 avril 1861 avec le bombardement par les confédérés du fort Sumter en baie de Charleston, en Caroline du Sud, les États-Unis n’ont que 16 000 soldats, et il va falloir improviser deux armées, cette lutte fratricide entraîne vite la mobilisation totale des hommes puisque le Nord avec 20,7 millions d’habitants va former une armée de 700 00 hommes et le Sud avec 9,15 millions d’habitants, mais 3,65 millions d’esclaves noirs, va en former une de 400 000 hommes, et des ressources, avec des conséquences particulièrement meurtrières avec la démocratisation de la balle Minié, inventée quelques années plus tôt par un ingénieur et officier de l'armée française, qui rend les fusils des belligérants beaucoup plus efficaces, permettant ainsi un tir très précis sur près d'un demi-kilomètre de distance, elle fracasse les os et contraint très souvent les chirurgiens à l'amputation, et dès le départ l’Union a un avantage net : sa supériorité dans les mers où serpentent de véritables forteresses flottantes bardées de bouches dévastatrices. Sur les mers, les belligérants mettent au point les premiers cuirassés et sous-marins qui stupéfient le monde et bouleverse l’ordre diplomatique. Il pourra imposer un blocus maritime le 19 avril sur les côtes du Sud, même si 12 bateaux confédérés attaqueront comme coursiers, le plus célèbre, l’Alabama fera 64 prises d’août 1862 à juin 1864, avant de couler au large de Cherbourg. Les confédérés inventeront un sous-marin, le Hunley qui coulera l’USS Housatonic avant de sombrer en Février 1864. Tout cela vient du chef des armées de l’Union, le général Scott, qui met au point un plan d’encerclement de la Confédération, dit «Anaconda», passant par un blocus naval et le contrôle de l’axe du Mississippi. Pendant quelques mois, les deux camps entretiennent l’illusion qu’une simple bataille à l’ancienne réglera le différend. Du côté de l’Union, le dessinateur Alfred Waud, le reporter Sam Wilkerson du New York Times, les photographes George N. Barnard, James F. Gibson, le célèbre Mathew Brady du Harper’s Weekly ou Timothy O’Sullivan vont permettre de s’informer sur le conflit et les soldats sudistes se laissent photographier par les photographes nordistes. Et comme l’Américaine Clara Barton, et «Dragon Dix», surnom de l’impitoyable surveillante en chef des infirmières nordistes Dorothea Dix, durant la guerre de Sécession (1861–1865), les femmes investissent le champ des secours médicaux. Diplomatiquement, Le tsar Alexandre II et Bismarck soutenaient tous les deux le Nord. Les Russes voyaient les États-Unis comme un contrepoids essentiel à la Grande-Bretagne et à la France (la Russie avait récemment combattu contre ces pays lors de la guerre de Crimée). Face à la rébellion de la Pologne en 1863-1865, la Russie soutint davantage l’Union. La Prusse considérait également les États-Unis comme un contrepoids utile, mais, engagée dans un processus d’unification des États germaniques en un seul empire, elle avait également des bonnes raisons d’approuver l’usage de la force par Lincoln pour le maintien de l’Union. La Suisse, qui vécut sa propre guerre civile en 1847, n’était pas non plus inclinée à soutenir la sécession sudiste. Giuseppe Garibaldi, à qui Lincoln proposa un poste de général, soutenait le Nord à cause de l’esclavage. La Grande-Bretagne et la France étaient cependant les deux pays déterminants, car leur intervention aux côtés du Sud aurait certainement assuré l’indépendance de la Confédération. Cependant, la rébellion en Pologne (1863-1865) et la guerre prusso-danoise (1864) préoccupèrent davantage la majorité des pays européens (et leurs habitants).

 

Sur le plan terrestre : il y a 3 phases. Cela est visible à travers les guerres de tranchées, les sièges en règle des villes et leurs destructions systématiques, le harcèlement des civils, et la malaria, la variole, la fièvre typhoïde, la rougeole et la dysenterie qui emportent les hommes plus sûrement que le feu des canons. Des brevets de canons toujours plus puissants et mobiles fusionnent avec les nouveaux systèmes de propulsion vapeurs et les innovations sidérurgiques. Il y aura des incidents diplomatiques, le plus grave, celui dit du Trent, fin 1861, étant même à deux doigts de provoquer une guerre anglo-américaine. De 1861 à 1862, ces sont les victoires sudistes grâce à de brillants stratèges, tels que Lee, Jackson, Stuart, Longstreet et Beauregard venant à bout des armées de l’Union à la première bataille de Bull Run (juillet 1861) après que le général McDowell dut lancer une offensive prématurée en Virginie du Nord avec des troupes mal préparées, cette défaite conduit ainsi l’Union à bâtir un véritable outil militaire, dont la mission est confiée au général George McClellan, qui se révèle un organisateur hors pair et fait du mélange de ses volontaires et des régiments professionnels une véritable armée, et il pense alors que cela suffira à dissuader le Sud d’entrer dans un conflit plus intense, qu’il ne souhaite pas, mais ses hésitations incessantes, qui agacent Lincoln, l’empêchent d’utiliser son avantage numérique et matériel, aux batailles des sept jours (25 juin-1er juillet 1862), du fait qu’il ne parvient pas à se décider suffisamment vite et laisse l’initiative au nouveau général sudiste de l’armée de Virginie, Robert Lee aidé par la cavalerie de «Stonewall» Jackson qui contraint ses forces à se replier vers le nord, ce qui décide Lincoln à remplacer le général George par le major John Pope qui lors de la seconde bataille de Bull (29-30 août 1862) fut lourdement vaincu par Lee, cela marqua le retour de McClellan, et le Sud subit une seule défaite majeure à Antietam (17 septembre 1862) lorsqu’il tenta d’envahir le Maryland dans l’espoir de prendre Washington après la campagne malheureuse menée par le général nordiste McClellan en Virginie, mais ce dernier, une fois de plus, ne cherche pas à profiter de son avantage, alors que et Lee l’emporte à nouveau à Fredericksburg (13 décembre 1862), où Ambrose Burnside perd 15 000 hommes,. La guerre a donne lieu à des règlements de comptes entre voisins entre 1861 et 1865 au Kansas. Des bandes de partisans ont vu le jour. Dans le Missouri, en particulier, une terrible guérilla a fait rage entre les Bushwackers, ces francs-tireurs confédérés chez lesquels le jeune Jesse James fait ses premières armes, et les Jayhawkers, ces sympathisants de l’Union tout aussi enclin à la maraude et au pillage. Une véritable école pratique de banditisme pour nombre de futurs hors-la-loi… En avril 1862 dans le Missouri, l’Union les déclare hors-la-loi William Quantrill, Franck James (frère de Jesse James, qui rejoindra la bande fin 1863), ainsi que leurs cousins, Cole et Jim Younger, et William Anderson (dit Bloody Bill) que poursuivent les troupes de l’Union. Ces batailles balaient progressivement toutes les illusions d’une guerre courte et peu meurtrière. De plus, 500 000 esclaves fuient les plantations et 180000 hommes se portent volontaires dans l’armée de l’Union. L’année 1862 voit le Nord commencer à recruter des Noirs, dans des régiments ségrégués, en août 1862, mais aussi un affaiblissement de la Confédération sur le front de l’Ouest même si les chefs de l'armée sudiste multiplient les coups d'éclat, tandis qu’à l’est les deux forces se tiennent en respect. La situation du front de l’Ouest était différente. L’Union l’emportait, prenant contrôle du territoire au nord du fleuve de Mississipi grâce au général Ulysses S. Grant, tenace et moins bravache que McClellan, parvient à briser les lignes de défense confédérées dans le Kentucky et le Tennessee, une position maintenue après la bataille de Shiloh (6-7 avril), où Grant fait fuir Johnston et Beauregard, ainsi qu’au sud après la conquête de la Nouvelle Orléans (28 mai 1862) par le contre-amiral David Farragut. Les divisions au Sud étaient profondes. Le président Jefferson Davis se brouilla avec son vice-président qui le dénonça publiquement, et la violence régnait souvent lors des débats du Congrès de la Confédération. À la fin de 1862, les progrès réalisés aussi bien dans l'armement que dans la tactique changent le visage de ce conflit. Le télégraphe comme les chemins de fer y sont pour la première fois largement employés. La troupe commence à être dotée de la carabine rayée (équipée d'un chargeur de 7 cartouches logées dans la crosse) et de la mitrailleuse, inventée par R. J. Gatling à Chicago. C'est cependant dans la marine que sont réalisés les progrès les plus spectaculaires : les bateaux, surtout ceux du Mississippi, sont bardés de plaques de fer. Et le manque de victoire des nordistes s’explique par la difficulté pour le Nord de trouver un leader militaire. En effet McClellan est relevé de son commandement en novembre 1862, Burnside en janvier 1863, au moment où les circonstances de la guerre devaient ensuite amener Lincoln à proclamer l’abolition, moins pour des principes moraux que pour affaiblir le Sud, militairement supérieur jusque-là, et Hooker en juin 1863. Les autorités de l'Union et de la Confédération ont exploité les divisions au sein des tribus amérindiennes pour servir leurs propres objectifs stratégiques en enrôlant des hommes, en signant des traités, en encourageant les effusions de sang et même en utilisant la force de la guerre pour en tirer profit. Opothleyahola, le chef des Creeks, et ses hommes devenus bleus menèrent une série d’attaques éclairs dans l’Arkansas et dans les Territoires indiens. Leurs cibles : Fort Wayne, en octobre 1862, et surtout Cabin Creek, en juillet 1863, où ils se distinguèrent en partant à la rescousse d’un train d’approvisionnement capturé par les troupes de Stand Watie. Les régiments cherokees participèrent à plusieurs batailles pendant la guerre de Sécession, notamment à Pea Ridge en mars 1862, en Arkansas. Les Creeks fidèles à l’Union, malgré la mort de leur chef Opothleyahola, en mars 1863 continuèrent leurs raids victorieux. Les troupes Keetoowah n'étaient pas motivées à combattre aux côtés des rebelles, mais qu'elles ont combattu vaillamment lorsqu'elles ont changé d'allégeance pour le Nord. 

 

En 1863, des émeutes contre les Noirs avaient régulièrement lieu dans certaines parties du Nord dès le mois de juin, celles de New York étant dirigées tout autant contre les Noirs que contre le gouvernement fédéral. Un des raisons était l’introduction de la conscription en 1863 qui fut très impopulaire dans l’Union et occasionna des émeutes importantes et violentes à New York, qui purent être réprimées uniquement par les troupes et l’artillerie. Tandis qu’au Sud, avec le blocus le stockage et la spéculation sur les produits essentiels posaient sérieusement problème, ainsi que les émeutes pour la nourriture lorsque les produits de base du Sud vinrent à manquer. On s’échange aussi des prisonniers en grand nombre en 1862-1863, ce qui permet d’éviter les frais de garde et de renvoyer des milliers d’hommes dans les rangs. La crise économique provoquée par le tarissement des exportations de coton du Sud est bien réelle en Europe mais la conduit finalement à se tourner vers d'autres marchés émergents pour compenser : l'Égypte, les Indes et même le Nord des États-Unis, via les territoires occupés, ce qui rend la seule arme économique internationale confédérée inopérante. C’est aussi le tournant de la guerre même si sur le front de l’Est, le Sud gagna la bataille de Chancellorsville (2 mai 1863) voit Hooker perdre, mais Lee perd Stonewall Jackson, sa seconde invasion du Nord pour permettre à la Virginie de «respirer» après deux années de ravages, mais sans doute aussi toujours dans la perspective floue d’influencer le moral du Nord, se solda par un désastre avec Gettysburg du 1er au 3 juillet, l’une des plus meurtrières, au cours de laquelle l’armée confédérée du général Lee a été défaite pat celle du général Meade, mais cette dernière n’est pas décisive, tout en laissant plus de 50 000 tués, blessés et disparus, les officiers ont également payé un lourd prix avec notamment la perte d’une dizaine de généraux; et Vicksburg le 4 juillet où l’Union acheva de contrôler totalement le fleuve Mississipi, et où les tentatives de Grant pour prendre la ville par un siège furent longtemps stoppées, a un plus gros impact en coupant la Confédération en deux, tandis que Quantrill décide de mener le plus audacieux de ses raids, sur la ville de Lawrence au Missouri commettant un massacre le 20 et 21 juin 1863, ce qui lui vaut d’être traqué par l’Union. À partir de ces deux victoires de l’Union, le front de l’Ouest se solde par les victoires de l’Union à la bataille de Honey Springs (également connue sous le nom d'Affaire d'Elk Creek), le 17 juillet 1863, fut un engagement et une victoire importante pour les forces de l'Union dans leurs efforts pour prendre le contrôle du Territoire indien, à Chickamauga (18-20 septembre 1863) et à Chattanooga au Tennessee (24-25 novembre 1863), c’est le moment que les États hésitants de l'Ouest, le Texas et la Louisiane, abandonnent la confédération, malgré que le chef de cavalerie confédéré Nathan Bedford Forrest commença ses opérations dans l'ouest du Tennessee avec une petite unité, mais il réussit à recruter plusieurs milliers de volontaires, dont un certain nombre de soldats vétérans, et il les forma afin qu'ils soient prêts au combat avant leur première confrontation, et le général Sherman ordonna à plusieurs reprises à ses commandants de Memphis d'attraper «ce diable de Forrest», mettant ainsi une prime sur sa tête, et après avoir mené une offensive indépendante pendant plusieurs mois, le 12 avril 1864, des unités de la cavalerie de Forrest encerclèrent Fort Pillow sur le Mississippi, au nord de Memphis qui fut submergée par une force confédérée plus importante, et le massacre aveugle de soldats de l'Union, en particulier afro-américains, fit du massacre de Fort Pillow l'un des massacres les plus horribles de la guerre de Sécession, rivalisant avec d'autres exemples de brutalité de la guerre de Sécession, ainsi que par la prise d’Atlanta en Géorgie (3 septembre 1864) qui contribue à la réélection de Lincoln, loin d’être acquise à l’origine face à son ancien général en chef George McClellan, même si Napoléon III profite de la crise pour prendre pied au Mexique, ce qui inquiète fortement Lincoln et a même des répercussions sur les opérations militaires du Nord en 1863-1864, alors que Quantrill commet un massacre à Fort Baxter dans le Kansas le 6 octobre 1863, mais traqué par les forces de l’Union, Quantrill et sa bande se réfugient au Texas, où ils poursuivent leurs rapines échappant à la capture, puis la bande se disperse en décembre 1863. 

 

Pour l’Union suite à ses succès s’enclenche alors l’invasion du Sud et la défaite en 1864/1865 au moment, où le service est d’une durée indéfinie et on enrôle même les adolescents de 17 ans et les hommes de plus de 50 ans pour servir de garnison et de réserve, le Sud n’est pas non plus monolithique et, commence à se faire à l’idée de se débarrasser de l’esclavage à condition que ça lui permette de préserver son indépendance, cependant la fin de la pratique des échanges de prisonniers en 1863, amena le Sud à ne reconnaitre plus aucune différence de traitement entre prisonniers de guerre noirs et blancs, ce qui expliqua la construction de la prison d'Andersonville, elle fut généralement surpeuplée à partir de février 1864 en raison de la fin de ce système et la mortalité y est élevée, à cause des conditions d’hygiènes, de la faim, comme la maladie, alors qu’en mars 1864 Ulysse Grant s’impose comme général en chef. Sur le front de l’Est, les batailles de la Wilderness (5-7 mai 1864) qui cause des pertes énormes dans les deux camps sans apporter d'issue décisive, de Spotsylvania (8-12 mai 1864) et de Cold Harbor (1-3 juin 1864) se soldent par les victoires de l’Union, même si Forrest dans l'été, remporta l'une de ses plus grandes victoires à Brice's Cross Roads au Tennesse, vainquant une armée deux fois plus nombreuse que la sienne. En Virginie, la cavalerie de Sheridan a mené d’importantes opérations de harcèlement pour détruire les communications adverses lors des campagnes de la vallée de Shenandoah (mai-octobre 1864), tandis le général de division Sterling Price qui conduisit une expédition vers le Missouri se retrouve face aux forces de l’Union la bataille des Marais des Cygnes qui eut lieu dans le comté de Linn, au Kansas et dut se retirer. C'est à l'ouest que la décision se précise. Elle est marquée d'abord par la capture de la flotte sudiste à Mobile le 5 août 1864 et surtout le fameux raid qu'effectue le général William T. Sherman, chargé par Grant de la conduite des opérations à l'ouest. Parti de Chattanooga au début de mai 1864, il arrive après quatre mois de marche et de combats à Atlanta, capitale de la Géorgie, où il livre le 2 septembre une très dure bataille aux sudistes. Tecumseh Sherman après avoir pris Atlanta fait la «Marche à la Mer» d’octobre à décembre 1864 jusqu’à la prise de Savannah le 21 décembre Désormais, les États du Sud sont coupés en deux, et les possibilités de résistance diminuent de jour en jour. Les généraux sudistes conservent toutefois un moral à toute épreuve, et Sherman est obligé de continuer la lutte. Il repart en janvier 1865 pour donner la main au général Grant, qui continue d'exercer une forte pression sur Lee dans le nord de la Virginie. Le 31 janvier 1865, le Congrès adopte le 13e  amendement de la Constitution qui abolit définitivement l’esclavage sur l’ensemble du territoire américain. Dans le Sud, le général Lee est nommé commandant en chef des armées des États confédérés d’Amérique également le 31. Cependant, après s'être emparé de Columbia le 17 février et profitant de la chute de Charleston le 18, Sherman est vainqueur du général sudiste Johnston à Bentonville le 25 mars. Le 1er avril, les forces de l’Union s’emparent de Mobile, Selma et Montgomery, en Alabama. Alors qu’à l’ouest, les victoires du général Grant s’enchainent, il réussit à prendre Petersburg et Richmond, le 2 avril, et c’est une division noire qui occupe la première la capitale confédérée, tout cela grâce à ses principaux lieutenants ont été aussi à la hauteur de la situation pour inverser la tendance et tirer plein avantage de la supériorité de leurs moyens humains et matériels. Le conflit prend fin avec la reddition des restes de la principale armée sudiste, commandée par le général Lee à Appotomax Couthouse, en Virginie, le 9 avril 1865. La capture du reste du gouvernement confédéré le 10 mai 1865, et de Quantrill dans le Kentucky, ce dernier touché à la colonne vertébrale, meurt en prison le 6 juin, et ses comparses, les frères James et Cole, vont longtemps continuer leurs activités criminelles et former le plus célèbre gang de l’après-guerre, ou encore la reddition de la dernière armée confédérée le 26 mai 1865 mettent fin définitivement à cette guerre, alors que le 23 juin 1865, le général de brigade confédéré Stand Watie fut le dernier officier à rendre son commandement. Les Noirs représentaient alors dix pour cent des troupes de l’Union. L’assassinat de Lincoln 5 jours après la reddition de Lee à Appomattox, assombrit la fin de la guerre, le 14 avril 1865. Plus rien ne s’oppose donc à la libération des Afro-Américains. Le 13e amendement à la Constitution fédérale, qui abolit définitivement l’esclavage sur l’ensemble du territoire américain sera approuvé le 18 décembre, provoquant l’affranchissement de quatre millions d'esclaves. Sur le plan politique, il faut attendre la déclaration officielle de la fin de la guerre civile par le président Andrew Johnson le 20 août 1866.

 

La guerre de sécession a fait plus de victimes militaires à elle seule – 620 000 dont 360 000 nordistes - que tous les autres conflits (Viêt-Nam compris) dans lesquels les États-Unis se sont engagés depuis 1776. Une société nouvelle émergea de la guerre, très différente de celle qui avait vu le jour avec l'Indépendance. De même, La période de «reconstruction» qui suit la guerre elle-même est marquée d’hostilités se prolongeant jusqu’en 1877, notamment du fait des violences meurtrières du Ku Klux Klan. Pour veiller au maintien de l’ordre et garantir aux Noirs leurs nouveaux droits, le gouvernement fédéral a écarté les anciens dirigeants rebelles des affaires publiques et appliqué la loi martiale, au grand dam des sudistes, rendus amers par le poids de la défaite et la suppression de l’esclavage, institution sur lequel reposait tout leur édifice socio-économique. Entre 1865 et 1877, les États-Unis eurent la double tâche de réunifier politiquement la nation et de fournir au moins une justice minimale pour les esclaves nouvellement libérés. Peu de sudistes étaient préparés à accepter les Noirs comme leurs égaux sur le plan politique ou social. D’un autre côté, et de manière compréhensible, ces derniers ne pouvaient se contenter que d’une citoyenneté complète, avec tous les droits et les privilèges assimilés. En fin de compte, malgré un Congrès dominé par les Républicains radicaux, qui vota une procédure de destitution (impeachment) du successeur de Lincoln, le président Andrew Johnson, accusé d’être trop clément envers les sudistes blancs tout en ne faisant pas grand-chose pour les anciens esclaves, le besoin de regagner la loyauté de la population blanche l’emporta sur la nécessité d’accorder aux Noirs leurs droits politiques complets. Après le retrait des dernières troupes fédérales en 1877, les États du sud, avec une souveraineté intérieure retrouvée, introduisirent la ségrégation et privèrent les Noirs progressivement du droit de vote (entraînant un exode hors des États du Sud). La rancœur est restée vive. Ce n’est qu’en 1941, pour vous donner un exemple, que les habitants de Vicksburg, dans le Mississippi, hissent à nouveau la bannière étoilée pour les festivités du 4 juillet. Cette situation ne devait pas être sérieusement contestée avant le mouvement des droits civiques des années 1950 et 1960. À la fin du conflit, les soldats et les tribus amérindiennes perdirent des terres au profit des États-Unis, provoquant la division entre sang pur et sang métis. Les terres furent administrées par le ministère de l'Intérieur, et celles où les Cinq Tribus s'installèrent furent désorganisées et en ruines. De cette mutation, qui s'apparente à une révolution, cette guerre a provoqué 160 ans de débats et de polémiques, comme un écho lointain mais toujours bien présent. La guerre de Sécession a longtemps donné une vision idéalisée du vaincu, de la «cause perdue», dont les grands capitaines ont été «quasiment sanctifiés», notamment Lee et Jackson. Aucune des grandes figures du Sud n’a été jugée ni condamnée, par crainte d’ouvrir à nouveau des plaies à peines refermées. L’ensemble donnant une vision romantique du «Vieux Sud», «occultant la centralité […] de l’esclavage comme toile de fond». En effet, il ne faut pas oublier que la Confédération sudiste avait provoqué la guerre civile «en cherchant à préserver par l’indépendance son modèle de société» basé sur l’esclavage des populations noires. Au travers de Naissance d’une Nation de D.W.Griffith comme d’Autant en emporte le vent ou même jusqu’aux années 90 du splendide Gettysburg et du moins réussi Gods and Generals de R. Maxwell, c’est plutôt la geste confédérée qui a tenu le devant la scène, largement embellie et magnifiée, au point de chercher à noyer voire à effacer la centralité de l’esclavage dans le projet sécessionniste.

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m’ont beaucoup aidé : Ken Burns, The Civil War, 7 épisodes, PBS, 1990 (documentaire), et https://www.lemonde.fr/culture/article/2025/01/22/la-guerre-de-secession-1861-1865-sur-arte-tv-la-repetition-generale-des-conflits-du-xx-siecle_6510416_3246.html, James M. McPherson, La guerre de Sécession 1861-1865, Éditions Bouquins, 1991, Farid Ameur, La Guerre de Sécession, Que Sais-Je ?, n° 914, PUF, 2004, et La Guerre de Sécession. Images d’une Amérique déchirée, François Bourin Éditeur, 2011, et https://www.agentsdentretiens.com/entretiens/histoire/farid-ameur/, Duncan Andrew Campbell, La guerre de Sécession, La Restauration revisitée - Les formes de la protestation - Une histoire de l'Etat : Lectures, note critique, dans La Revue d’histoire du XIXe siècle, 35 | 2007, p. 141-159, John Keegan, La guerre de Sécession, Editions Perrin, 2013, et https://clio-cr.clionautes.org/la-guerre-de-secession.html, Bruce Tap, The Fort Pillow Massacre : North, South, and the Status of African Americans in the Civil War Era, Routledge, 2013, Blood and Glory: The Civil War in Color, History Channel, 2015 (documentaire), et https://jfladeve.wordpress.com/2016/08/25/la-guerre-de-secession-en-couleurs/, Clint Crowe, Caught in the Maelstrom: The Indian Nations in the Civil War, 1861-1865, Savas Beatie, 2019, et https://emergingcivilwar.com/2020/02/11/book-review-caught-in-the-maelstrom-the-indian-nations-in-the-civil-war-1861-1865/, Vincent Bernard, La guerre de Sécession, la grande guerre américaine, Passes Composes, 2022, https://clio-cr.clionautes.org/la-guerre-de-secession-la-grande-guerre-americaine-1861-1865.html, https://www.breizh-info.com/2022/01/16/177899/guerre-secession-vincent-bernard/, https://www.lefigaro.fr/vox/histoire/la-guerre-de-secession-est-le-miroir-de-la-societe-americaine-d-aujourd-hui-20220311, et https://www.nonfiction.fr/article-11223-la-guerre-de-secession-un-point-de-bascule-dans-lhistoire.htm, https://lelephant-larevue.fr/thematiques/la-guerre-de-secession-des-etats-desunis-en-guerre-civile/, https://www.geo.fr/histoire/les-grandes-etapes-de-la-guerre-de-secession-201481, https://www.geo.fr/histoire/chronologie-de-la-guerre-de-secession-la-civil-war-en-44-dates-203314, https://www.geo.fr/histoire/guerre-de-secession-des-peaux-rouges-dans-un-conflit-de-blancs-203336, https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/guerre_de_S%C3%A9cession/143727, https://www.lhistoire.fr/carte/la-guerre-de-s%C3%A9cession-1861-1865, https://www.slate.fr/story/129416/trump-election-fantomes-esclavagistes-kansas, et https://www.slate.fr/story/266636/drogue-guerre-de-secession-etats-unis-soldats-traitement-blessures-opioides-crise-addiction-overdose-histoire

 

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